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Dans une note d’analyse publiée le 7 septembre, le CEP (ministère de l’Agriculture) souligne la «fragilité» de l’équilibre entre offre et demande de matières fertilisantes d’origine résiduaires (Mafor) utilisables en agriculture biologique. Une vulnérabilité liée à une offre limitée en azote, mais aussi à une grande disparité spatiale, en fonction de la spécialisation des productions agricoles dans les territoires. Selon la note, il conviendrait d’employer «la quasi-totalité» du gisement de Mafor utilisables en agriculture biologique pour équilibrer les besoins azotés des cultures biologiques. L’étude table sur un accroissement des besoins de l’agriculture biologique en Mafor d’ici 2030, tout en mettant en exergue les tensions qui pourraient s’exercer pour répondre à la demande. «Les Mafor agricoles, c’est-à-dire les effluents d’élevages, sont de loin la première source en volume brut, puisqu’ils constituent 97 % du gisement de Mafor utilisables en agriculture biologique», précise la note. Or, la baisse des effectifs d’animaux, notamment bovins, la poursuite de la concentration des élevages, associées à l’essor de la méthanisation pourraient en effet «priver les productions biologiques de ressources dans le cadre règlementaire actuel», souligne la note d’analyse. Et de prévenir que «le développement de nouvelles ressources issues de biodéchets ne permettrait pas de compenser cette baisse».

Didier Bouville

Réagissant aux premières mesures contenues dans la future loi d’orientation agricole (LOA), présentées par le ministre de l’Agriculture le 10 septembre sur leur salon Terres de Jim, les Jeunes agriculteurs se disent «satisfaits de voir affichés les grands axes issus des travaux de son réseau en faveur du renouvellement des générations». Dans un communiqué le jour même, les JA estiment qu’il est désormais «urgent de les concrétiser par des mesures précises» et attendent un «calendrier soutenu». En matière de transmission, les JA attendent qu’’«un travail important soit fait avec Bercy pour débloquer les fonds nécessaires». Selon les information de la FNSEA, un crédit d’impôt pour «inciter les futurs cédants à intégrer un parcours de transmission» est sur la table. Dans le même esprit, les chambres d’agriculture «saluent les annonces de Marc Fesneau mais restent dans l’attente de la confirmation des moyens». Et de citer notamment le cas du Casdar, dont Marc Fesneau a annoncé une hausse de budget de 15 millions d’euros, sans préciser son usage. Ses bénéficiaires peuvent être les chambres, les instituts techniques ou les Onvar. Dans son communiqué le 11 septembre, les chambres veulent voir cet argent utilisé «pour répondre à deux enjeux immédiats des agriculteurs».

Didier Bouville

La Commission européenne envisagerait, selon le Financial times, d’abandonner la présentation de sa proposition de révision des règles sur le bien-être animal. Ce texte normalement attendu pour l’automne vise notamment à interdire les cages et le broyage des poussins ou à mettre en place un étiquetage européen relatif au bien-être animal. Toutefois, la crainte que les changements proposés n’entraînent une hausse du coût des denrées alimentaires, qui a déjà fortement augmenté avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, aurait conduit Bruxelles à reconsidérer ses projets, selon des sources citées par l’article du quotidien britannique. Les coûts pour les agriculteurs pourraient augmenter en moyenne d’environ 15%, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix à la consommation et une augmentation des importations, selon un projet d’étude d’impact de la Commission européenne. Trois fonctionnaires européens auraient déclaré que la Commission avait complètement abandonné sa proposition. Un autre a nuancé que Bruxelles proposerait une version réduite des propositions. La possibilité d’un report inquiétait déjà les eurodéputés de l’intergroupe du Parlement européen sur bien-être animal, qui, dans une lettre adressée le 5 septembre à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lui demandaient de veiller à ce que la révision de la législation soit bien soit bien inscrite au programme de travail de la Commission pour 2024.

Didier Bouville

«Le 18?août 2023, Bigard a communiqué par courrier son intention de quitter le Marché du porc breton (MPB)», indique le Paysan breton sur son site web le 8 septembre. Comme le précisent nos confrères, c’est précisément l’abattoir Abera (racheté en 2022 par le n°1 de la viande) qui cessera de s’y fournir dans un délai de 12 semaines, après «une baisse progressive des achats». Parmi les raisons expliquant ce départ, l’hebdomadaire cite «l’augmentation de l’offre au marché du cadran alors qu’il y a une baisse de production, l’absence d’une cotation spécifique mâle entier et une qualité du porc en baisse». Autant d’arguments contestés par les éleveurs. Dans un communiqué du 7 septembre, la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA) affirme «son soutien à la transparence du prix de base et aux outils de la convention de marché du MPB». Pour la FNP, la décision de Bigard est un «sabotage» qui porte un «risque d’explosion des acquis collectifs». Dans son propre communiqué, la FRSEA de Normandie appelle les éleveurs à «présenter au maximum leurs produits à la vente» au MPB. Et le syndicat d’exhorter les organisations de producteurs à «adopter une attitude responsable» en «faisant le maximum pour inscrire des porcs au marché et rendre au marché sa crédibilité et son rôle de référence».

Didier Bouville

Interrogé sur la fin de la défiscalisation du gazole non routier (GNR), le 7 septembre en marge de sa visite au salon Innov-Agri, le ministre de l’Agriculture a annoncé une première réduction de «60 à 70 millions d’euros» (M€) en 2024, d’après un message envoyé par son cabinet à la presse. «C’est 5% de l’avantage fiscal [d’un total] de 1,3 Md€», précise Marc Fesneau. La veille, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a confirmé la volonté du gouvernement de supprimer totalement cette niche fiscale d’ici 2030 (avec peut-être une prolongation pour l’agriculture). «On ne peut pas continuer à financer les énergies fossiles, dire que cela ne changera pas, c’est mentir aux agriculteurs», a justifié Marc Fesneau. Le locataire de la Rue de Varenne dit avoir «obtenu que cela (les sommes économisées par la fin du tarif réduit, NDLR) revienne au monde agricole». Dans le détail, son collègue de Bercy a évoqué un «fonds de soutien à la transition» qui pourrait être inclus dans la LOA. Interrogé par Agra Presse, la FNSEA réaffirme sa volonté d’une «compensation à l’euro près, dans des modalités faisables», sans cacher son scepticisme sur la proposition de Bruno Le Maire «d’investir dans des matériels dans des matériels qui n’existent pas encore».

Didier Bouville

A l’occasion de sa visite sur le salon Terres de Jim le 10 septembre à Cambrai, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a précisé les moyens dont son ministère disposera pour «assurer les transitions» dans les prochaines années. D’abord, une enveloppe «d’un milliard d’euros» supplémentaire sera proposée au budget 2024 du ministère de l’Agriculture dans le cadre du projet de loi de finances (PLF). Pas de recyclage, a assuré le ministre. Dans le détail, les alternatives aux pesticides bénéficieront notamment de 250 millions d’euros de rallonge, qui s’ajouteront à 250 millions d’euros issus du plan France 2030. La stratégie protéines sera dotée de 100 millions d’euros supplémentaires, et les diagnostics carbone et installation-transmission de 32 millions d’euros. Enfin le Casdar bénéficiera de 15 millions d’euros de plus en 2024, et son «fonctionnement» fera l’objet d’une «évolution» pour «permette, à terme, de mieux accompagner les prises de risques et les transitions à l’échelle de l’exploitation». Sur les trois prochains exercices, Marc Fesneau prévoit 2,6 à 2,7 milliards d’euros d’engagements supplémentaires.

Didier Bouville

Le Secrétaire général à la Planification écologique, Antoine Pellion, a participé, ce 7 septembre, au conseil d’administration de Chambres d’agriculture France, au cours duquel le réseau consulaire a pu livrer les résultats de son étude de la faisabilité des objectifs visés par la Planification écologique, dans le cas particulier de la filière laitière. En activant les leviers proposés par le gouvernement (ex. haies, méthanisation, autonomie protéique…) sur des fermes du réseau de références technico-économiques des chambres (Inosys), «notre analyse est convergente avec la leur, les objectifs sont réalistes, atteignables sans baisser notre souveraineté et en maintenant les équilibres économiques», rapporte Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France. L’analyse du réseau a notamment permis d’affiner les scénarios selon les types de ferme: «dans les Hauts-de-France, on ne va pas abandonner la pomme de terre pour la luzerne, mais on peut activer le levier colza, ou les intercultures car elles posent moins de problèmes d’eau qu’ailleurs. En montagne, le recours aux intercultures sera plus difficile». Toutefois précise-t-il: «Nous avons un sujet d’accompagnement, qu’il soit humain pour accompagner les changements de systèmes, ou législatif, par exemple dans le cas des haies.»

Didier Bouville

La détaxe sur le gazole non routier (GNR) dont bénéficient certaines professions sera, à terme, supprimée pour les agriculteurs et les entreprises de travaux publics, a confirmé le 7 septembre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur France Info. L’information était déjà parue dans Agrafil en juin. Des discussions avec les représentants des agriculteurs sont en cours afin de «trouver un accord», a-t-il poursuivi, précisant qu’il y aurait «compensation pour accompagner la transformation» – le véhicule pourrait être en être un «fonds de soutien à la transition» inscrit dans l’avant projet de Loi d’orientation agricole du gouvernement. «Il ne faut pas procéder par brutalité», a ajouté le ministre. Fait nouveau: interrogé par l’AFP, le ministère de l’Économie et des Finances a indiqué que la fin de la défiscalisation du GNR s’appliquerait progressivement à partir de 2024 et jusqu’à 2030 pour le BTP, voire un peu au-delà pour les agriculteurs. Le président de la FNSEA sera à Bercy la semaine prochaine, a-t-on ajouté de même source. Son président Arnaud Rousseau a encore déclaré, ce 7 septembre sur RMC, qu’il n’était «pas question que ce soit supprimé» de «manière abrupte».

Didier Bouville

A l’occasion d’un conseil d’administration de la FNSEA le 6 septembre, le contenu attendu du Pacte et de la loi d’orientation agricole (PLOA) a été présenté aux élus, tel que le syndicat majoritaire a pu en avoir eu connaissance au 4 septembre. Dans le document projeté, qu’Agra presse a pu consulter, deux mesures législatives s’ajoutent à celles déjà connues depuis fin août: l’instauration d’un crédit d’impôt pour «inciter les futurs cédants à intégrer un parcours de transmission» et la création d’un «diagnostic installation-transmission». Par ailleurs plusieurs mesures d’ordre réglementaire sont attendues: comme demandé par la Fnab, le Contrôle des structures favoriserait les installations bio sur les fermes déjà en bio ; par ailleurs il favoriserait les exploitations «déployant des pratiques agroécologiques» dans les zones humides ou de captage d’eau potable. Comme attendu, le gouvernement modifierait le statut et la gouvernance du réseau national des Projets alimentaires territoriaux (PAT). Dernière mesure réglementaire pressentie: la publication de «lignes directrices» visant à préciser «le contrôle des investissements étrangers et industriels aux prises de participation dans le foncier».

Didier Bouville

Le géant de la distribution Carrefour s’est allié à sept industriels, dont Danone et Bonduelle, pour augmenter les ventes de produits à base de protéines végétales, alternatives à la viande et aux produits laitiers, moins contributrices au réchauffement climatique, ont annoncé les groupes le 6 septembre. «Aujourd’hui, nos clients ne veulent plus seulement du bio, ils veulent du local, ils veulent de l’ultra frais et du végétal», a exposé le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, lors de la présentation à la presse de cette «coalition internationale pour accroître les ventes d’alternatives végétales». Concrètement, le distributeur veut que ces produits, qui comprennent les laits et fromages végétaux, burgers et plats vegans, mais aussi les légumineuses, soient «mieux identifiés et appréciés», avec une signalétique en magasin et de la pédagogie auprès des consommateurs. Aux côtés du distributeur, les groupes Danone, Unilever, Bel (Kiri, Boursin…), Andros, Bonduelle, Nutrition & Santé (Gerblé, Céréal…) et Savencia (Tartare, St-Moret…) visent ensemble un chiffre d’affaires total de 3 milliards d’euros sur ces produits d’ici 2026.

Didier Bouville