Fil info

La FNSEA et les JA ont réclamé le 24 janvier au soir des aides «immédiates» pour les agriculteurs et un allègement des contraintes environnementales, dans une liste détaillée de demandes adressée au gouvernement en pleine mobilisation de la profession dans toute la France. Alors que, selon des sources au sein de l’exécutif, le Premier ministre Gabriel Attal doit faire des premières annonces jeudi ou vendredi pour tenter de juguler une crise qui a pris encore davantage d’ampleur mercredi, la FNSEA et les JA ont listé 24 revendications dans leur document. Cela passera, selon les syndicats, par le fait d’«assurer un respect absolu des lois Egalim» de 2018 et 2021 sur le partage de la valeur entre acteurs de la chaîne alimentaire française, via «des contrôles renforcés sur tout le territoire». Sur la taxation du gazole non routier (GNR), les syndicats veulent «garantir la compensation intégrale pour tous (…) via la mise en place immédiate du crédit d’impôt et l’intégration dans le prix payé du montant actuellement remboursé», selon le document. Celui-ci exige aussi le «paiement de toutes les aides PAC immédiatement quelles que soient les raisons du non-paiement», ainsi que «le paiement dans les plus brefs délais de l’ensemble des indemnisations sanitaires et climatiques (…) dues par l’Etat» et leur défiscalisation. Sur les pesticides, il demandent notamment un «moratoire sur les interdictions». La liste mentionne aussi la nécessité d’«aider immédiatement les secteurs les plus en crise: viticulture et agriculture biologique», victime des pressions inflationnistes.

La rédaction

Dans le contexte de la grogne des agriculteurs, la FNPL (producteurs de lait, FNSEA) interpelle le ministre de l’économie Bruno Le Maire dans une lettre ouverte signée du 23 janvier sur le respect des lois Egalim dans le cadre des négociations commerciales annuelles entre industriels et distributeurs. «La FNPL ne cesse de déplorer depuis de longs mois un retour aux anciennes pratiques par les industriels et la distribution dans les processus de négociation. Donner aux producteurs les miettes des négociations commerciales : était-ce là votre but pour enrayer l’inflation ?», déclare le syndicat qui reproche à Bruno Le Maire d’avoir appelé à une «baisse des prix» dans les rayons en 2024. «Aujourd’hui, les mobilisations des agriculteurs résonnent sur l’ensemble du territoire. Il est urgent d’agir Monsieur le ministre», pressent les producteurs de lait. La FNPL déplore «de voir le terme des négociations commerciales approcher alors que certaines organisations de producteurs négocient encore avec leurs acheteurs». En outre, le syndicat demande que les résultats des contrôles opérés par la DGCCRF (répression des Fraudes) soient publiés par Bercy.

La rédaction

Près d’une semaine après avoir débuté en Occitanie, la mobilisation des agriculteurs français s’est amplifiée le 24 janvier avec une multiplication des barrages routiers dans le pays pour obtenir des réponses du gouvernement, rapporte l’AFP. Dans le Sud-Ouest, des manifestants ont lancé un ballot de paille dans un restaurant McDonald’s à Agen, tandis que 200 tracteurs bloquaient la rocade de Bordeaux. Parti du Vaucluse mercredi matin, un convoi d’environ 70 tracteurs a remonté l’A7, rejoint par d’autres agriculteurs de la Drôme. Sur la N7, non loin de là, un groupe de manifestants a intercepté un camion espagnol transportant des légumes surgelés et ont vidé son contenu sur la route, a constaté l’AFP. En Bretagne, dans le Centre, les Hauts-de-France ou en Occitanie, des barrages continuent de perturber la circulation sur le réseau routier. À Domfront-en-Poiraie (Orne), tracteurs et éleveurs bloquaient l’usine de camembert Président du groupe Lactalis, accusé de «fouler au pied» les lois Egalim. L’exécutif a dit avoir «entendu l’appel» des agriculteurs et fera des annonces «dans les jours à venir», a indiqué la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, assurant qu’il n’était «pas question de venir empêcher» les blocages routiers. Elle a évoqué des pistes à l’étude sur la fiscalité du gazole non routier (GNR) et «les avances de trésorerie», ajoutant que le Premier ministre «s’est engagé à se rendre très rapidement sur le terrain».

La rédaction

À l’occasion de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE du 23 janvier, Janusz Wojciechowski a fait part de l’intention de la Commission européenne de publier, le 29 janvier, son étude sur les effets cumulés des accords de libre-échange dans le secteur agroalimentaire. Celle-ci prendra la forme d’une mise à jour de l’analyse publiée en 2016, déjà actualisée en 2021. Attendue depuis plusieurs mois par les professionnels et les États membres, cette publication s’inscrit dans un contexte où les sensibilités agricoles vis-à-vis de la politique commerciale de l’UE resurgissent, entre la hausse significative des importations de certains produits agricoles en provenance d’Ukraine ou la négociation d’accords de libre-échange controversés, comme celui avec le Mercosur.

La rédaction

 Alors que les négociations commerciales annuelles s’achèveront le 31 janvier pour les plus grandes entreprises (elles sont closes depuis le 15 janvier pour les PME et ETI), la Coopération agricole (LCA) dresse un constat «alarmant» des discussions en cours, d’après un communiqué du 23 janvier. Certains distributeurs «renient le principe de non-négociabilité du prix des matières premières agricoles» instauré par la loi Egalim 2, affirme la fédération des coopératives. Les coûts de production agricoles «ne sont pas pris en compte» par ces enseignes, dénonce-t-elle. Par ailleurs, ces distributeurs «refusent de reconnaître la hausse des coûts de production industriels (énergie et salaire)».

La Coopération agricole note enfin «l’abandon de l’origine France pour passer à une origine UE dans certains produits sous marque distributeur». Ces derniers jours, plusieurs organisations avaient déjà alerté sur des pressions portant sur les prix des matières premières agricoles, à l’image de la Fnil (laiteries privées) ou encore de la FNSEA. De son côté, dans un contexte de mobilisations des agriculteurs, le ministre de l’économie Bruno Le Maire a promis le 20 janvier que l’État «multipliera dès la semaine prochaine les contrôles» liés aux négociations commerciales.

La rédaction

Le mouvement des agriculteurs a été endeuillé, le 23 janvier, par la mort d’une exploitante dans l’Ariège, renversée par une voiture qui a foncé sur un barrage de manière non intentionnelle, selon les premiers éléments de l’enquête. Les victimes – une agricultrice de 35 ans, son conjoint de 40 et leur fille de 14 ans, selon le préfet – ont été renversés mardi entre 5h30 et 6h sur un barrage routier d’agriculteurs à Pamiers. Les trois occupants de la voiture qui a foncé sur le barrage, «un couple et une de leurs amies, tous trois de nationalité étrangère» selon le parquet (de nationalité arménienne selon une précision du préfet), ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte notamment pour homicide involontaire aggravé. «Les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel», a souligné le parquet, mettant en avant la très faible luminosité sur place «en pleine nuit», «sans éclairage public». Le véhicule, qui s’était engagé sur la RN 20 alors que l’accès en était interdit, a percuté un mur de paille qui était «recouvert d’une grande bâche noire», derrière lequel des manifestants se restauraient. «Dans le moment particulier que vit l’agriculture, ce genre de drame est difficile à vivre», a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur RMC. «L’ampleur de ce qui est en train de se préparer ne sera pas modifiée par ce drame», a-t-il souligné ensuite, ajoutant: «Les combats continuent».

La rédaction

Les tarifs négociés avec la grande distribution par les PME et ETI laitières n’ont pas ou peu évolué par rapport à 2023, indique le président-directeur général de la Fnil, François-Xavier Huard, à Agra Presse. «Une partie du monde de la grande distribution a un problème avec l’option 3 d’Egalim», rapporte-t-il. Pour rappel, cette option de transparence prévoit que la part du tarif relevant de la matière première agricole (MPA) – et donc non négociable – soit certifiée par un commissaire aux comptes. «Les entreprises sont arrivées avec les attestations des commissaires aux comptes. Certaines ont même montré des factures et, malgré cela, la MPA a été un enjeu des négociations», affirme François-Xavier Huard. Les plus grands groupes ont encore jusqu’au 31 janvier pour signer. «Les quinze jours qui viennent sont importants», observe de son côté le président de la Coopération laitière, Pascal Le Brun. D’après un sondage réalisé par l’organisation, «le bilan n’est pas satisfaisant» pour les coopératives ayant négocié au 15 janvier. Alors qu’elles demandaient des hausses «entre 2 et 4%» et elles n’ont obtenu qu’une simple «reconduction» des tarifs de 2023, explique Pascal Le Brun à Agra Presse. «Après dix années de déflation qui ont tué l’amont, on avait l’impression d’avoir été compris, mais non.» Dans ce contexte, il craint que «le prix du lait ne soit pas au rendez-vous».

La rédaction

Des producteurs britanniques de fruits et légumes devaient manifester le 22 janvier à Londres, pour protester contre les conditions commerciales jugées «injustes» avec la grande distribution anglaise, rapporte l’AFP. Symboliquement, ils ont érigé 49 épouvantails devant le Parlement, représentant les 49% de producteurs susceptibles d’arrêter leur activité dans les douze prochains mois. Cette manifestation se déroulait le jour où les députés anglais devaient débattre d’une pétition les appelant à revoir complètement le Code de bonnes pratiques entre distributeurs et fournisseurs agricoles. Lancée à l’initiative de l’entreprise Riverford Organic (paniers de fruits et légumes dans le Devon), elle a reçu plus de 112 000 signatures. Un porte-parole du ministère de l’Environnement, de l’alimentation et des affaires rurales a déclaré qu’il «est normal que les agriculteurs et les producteurs britanniques reçoivent un prix équitable, et notre examen de l’équité de la chaîne d’approvisionnement contribuera à répondre à ces préoccupations». Les syndicats agricoles avaient déjà envoyé une lettre ouverte aux distributeurs en 2023, affirmant que leurs pratiques d’achat sont «trop souvent déséquilibrées, court-termistes et inutiles», poussant les agriculteurs à devoir «lutter pour survivre».

La rédaction

À la sortie d’un entretien le 22 janvier au soir avec le Premier ministre Gabriel Attal, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau – qui était accompagné par le président des Jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillot –, a indiqué qu’il n’y aurait «pas de levée des actions» menées par les deux syndicats tant qu’il n’y aurait «pas de décisions concrètes» de l’exécutif. «On a besoin d’actions très concrètes et donc ce qu’on a dit au Premier ministre, c’est qu’aussi longtemps qu’il n’y aurait pas de décisions concrètes (…), il n’y aura pas de levée des actions menées sur le terrain», a déclaré Arnaud Rousseau devant les journalistes, assurant que le monde agricole «ne se contentera pas de mesurettes». Sur le sujet du GNR, la FNSEA a notamment demandé une «remise immédiate en pied de facture». Par la voix du ministre de l’Agriculture, le gouvernement a quant à lui promis des annonces rapides: «Le Premier ministre a affirmé clairement sa volonté (…) d’aller vite, dans la semaine pour un certain nombre de premières annonces», a déclaré Marc Fesneau à la sortie de cette réunion. Parmi les sujets les plus urgents figurent celui des «négociations commerciales» sur les prix de l’alimentation, celui des «crises que traversent un certain nombre de secteurs» et certains sujets en termes de «simplification», a-t-il ajouté. Plus tôt dans la journée, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau avait annoncé, sur France Inter, le lancement d’actions syndicales dans toute la France, appelant le gouvernement à entendre leur «ras-le-bol» et leur «colère». «Je peux vous dire que dès aujourd’hui et toute la semaine et aussi longtemps qu’il sera nécessaire, un certain nombre d’actions vont être menées», a déclaré M. Rousseau. Ces actions concerneront «chaque département», a-t-il dit.

La rédaction

La production française de viande bovine devrait reculer de 1,2% en 2024 (à 1,282 Mtéc), une chute qui ralentirait après «deux années consécutives de baisse de l’ordre de 5%», selon les prévisions de l’Institut de l’élevage (Idele) publiées le 19 janvier. Principale explication: la décapitalisation «a décéléré courant 2023», pour les bovins viande comme pour les bovins lait. «Ce ralentissement de la décapitalisation pourrait se poursuivre en 2024 pour se situer en fin d’année à -1,7%» pour les vaches allaitantes. Idem en vaches laitières (-1,6%), grâce à «un prix du lait attractif pour les producteurs et des stocks fourragers plutôt conséquents fin 2023», estime l’institut technique. Toutefois, certains pans de la production devraient continuer à reculer fortement: les exportations de broutards sont attendues en chute de 5% sur 2024 (à 942 000 têtes), «du fait de la contraction des disponibilités et d’une relocalisation partielle de l’engraissement en France». Et la production de veaux de boucherie devrait connaître une chute comparable. Par ailleurs, l’Idele prévoit «une quasi-stabilité de la consommation par bilan en 2024 (-0,5%/2023)», à 1,43 Mtéc. Ce qui devrait profiter aux importations (+3%) dans un contexte de baisse des abattages et de rebond des exportations (+2,2%).

La rédaction