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L’Élysée a annoncé dans la soirée du 11 janvier la composition du nouveau gouvernement dirigé par Gabriel Attal, avec peu de changements parmi les ministères de poids, notamment pour le monde agricole. Marc Fesneau reste ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, un poste qu’il occupe depuis le 20 mai 2022. Les autres interlocuteurs principaux des responsables agricoles restent aussi en place: Christophe Béchu à la Transition écologique ou encore Bruno Le Maire à l’Économie. Le remaniement a été marqué par l’entrée au gouvernement de Rachida Dati, figure de la droite parisienne, avec le portefeuille de la Culture. Nommé Premier ministre le 9 janvier, Gabriel Attal est remplacé à l’Éducation nationale par Amélie Oudéa-Castéra (en plus des Sports et de la Jeunesse). Restant Rue de Varenne, Marc Fesneau pourra comme prévu défendre le projet de loi d’orientation agricole (LOA): actuellement examiné par le Conseil d’État, le texte devrait être soumis au Parlement juste après le Salon de l’agriculture, d’abord au Sénat en mars, puis à l’Assemblée nationale autour de mai-juin, selon une source proche du ministre de l’Agriculture. La promulgation de la loi pourrait donc intervenir juste avant les élections européennes, début juin – possible moment d’instabilité pour le gouvernement.

Didier Bouville

Contacté par Agra Presse, Jean-Luc Poulain annonce que l’édition 2024 du Salon de l’agriculture sera sa dernière à la présidence du Ceneca, structure propriétaire de l’évènement. «Lorsque j’ai été réélu (en juin 2020, NDLR) pour un mandat de six ans, j’avais dit que je n’en ferai que la moitié», rappelle-t-il. L’agriculteur de l’Oise est à la tête du Salon de l’agriculture depuis 16 ans. Il prévoit de présenter sa démission lors de la prochaine assemblée générale du Ceneca fin mars. Une élection sera organisée dans les semaines suivantes. Comme annoncé cet été par le quotidien Le Monde, Jérôme Despey sera candidat à sa succession, confirme-t-il à Agra Presse. Viticulteur dans l’Hérault, Jérôme Despey a été le secrétaire général de la FNSEA sous la présidence de Christiane Lambert – il est actuellement le premier vice-président du syndicat majoritaire. Il est par ailleurs président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer depuis sa création en 2009.

Didier Bouville

Dans une communication à la presse envoyée le 11 janvier, Lactalis France indique «saisir le médiateur des relations commerciales agricoles» pour trouver une issue au différend qui l’oppose à l’Unell, la principale association d’organisations de producteurs livrant au numéro un du lait. L’industriel avait annoncé début janvier la reconduction du prix du lait du mois de décembre en l’absence d’un accord entre les deux parties. En saisissant le médiateur, «Lactalis espère poursuivre dans un climat constructif les discussions avec l’Unell afin de trouver un juste équilibre sur le prix du lait, permettant de continuer à valoriser le travail des producteurs tout en proposant aux consommateurs des produits laitiers français à un prix accessible». D’après l’Unell, l’industriel et les producteurs s’écharpent sur la question de l’élargissement de la prise en compte du prix de revient dans le calcul du prix du lait, mais aussi la revalorisation de ce dernier, ainsi que sur la valorisation beurre-poudre (qui n’est plus publiée par l’interprofession depuis septembre). En septembre, une première médiation avait permis d’aboutir à un accord sur le prix du lait pour les derniers mois de l’année 2023.

Didier Bouville

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le nouveau président argentin Javier Milei souhaitent une conclusion rapide des négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur. C’est le principal constat fait par le gouvernement allemand dans un communiqué publié le 9 janvier, à l’issue d’un entretien téléphonique entre les deux dirigeants. L’opinion de Berlin en faveur de ce traité de libre-échange n’est pas un mystère. En décembre, alors que les discussions techniques sur un protocole additionnel s’accéléraient et qu’une finalisation des pourparlers était envisagée, le chancelier allemand rencontrait le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, alors à la tête du Mercosur, afin de faciliter le processus et que l’accord «franchisse la ligne d’arrivée». A contrario, la position du nouveau chef de l’État argentin, en place depuis le 10 décembre et sur lequel repose désormais une partie de l’avenir des discussions, n’était pas encore clairement établie. Cette évolution devrait ouvrir la voie à une reprise prochaine des négociations entre les parties.

Eva DZ

Dans une étude publiée le 10 janvier par le Centre d’études et de prospective (CEP) du ministère de l’agriculture, deux chercheuses de l’Inrae et du CNRS estiment que la plus-value environnementale apportée par les dispositifs de compensation écologique est «faible» sur les parcelles agricoles. Les chercheurs ont étudié une vingtaine de projets conduits dans six régions, et interrogé 95 acteurs «à compétences foncières, écologiques et agricoles». Elles relèvent notamment que ces dispositifs, souvent mis en place dans le cadre de projets d’infrastructures routières ou d’habitations, prennent mal en compte certains «effets de bord». Et de prendre l’exemple suivant : «Le retournement d’une prairie peut venir contrebalancer la perte de rendement découlant d’une fauche tardive». Elles constatent plus généralement que «l’engagement dans la compensation se présente très rarement comme un renouvellement du système global de l’exploitation» et concluent que «la compensation ne peut pas être vue comme un levier de transition agroécologique efficace». Elles notent d’ailleurs que les milieux agricoles «ne sont pas les plus spontanément recherchés pour compenser les impacts d’un projet».

Eva DZ

À l’occasion de sa conférence de presse de rentrée le 10 janvier, la FNSEA a reproché aux pouvoirs publics un manque de concertation locale et une définition géographique trop large dans le cadre de l’élaboration de la BCAE n°2 relative à la protection des zones humides (conditionnalité de la PAC). Prévue initialement pour le 1er janvier 2024, l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure a été retardée d’un an, en vertu d’un récent arrêté du ministère de l’agriculture. Selon la FNSEA, de premiers zonages régionaux ont été présentés par des Dreal qui porteraient jusqu’à 29% de la surface agricole utile les zones classées. «La clé de lecture est différente selon Bruxelles et le ministère de la transition écologique», estime le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, qui refuse de son côté d’inclure les zones humides dites probables. «C’est un sujet très chaud, épidermique chez nos producteurs», assure-t-il.

La FNSEA plaide également pour une concertation régionale avec les services préfectoraux. Selon le ministère de l’agriculture, cette concertation est d’ores et déjà prévue de la fin janvier à la mi-mars. Des concertations s’ensuivront au niveau national avec les organisations agricoles. Les mesures à engager dans ces zones n’ont pas encore été mises sur la table par les pouvoirs publics. La FNSEA craint notamment des restrictions relatives au drainage.

Eva DZ

Les cours du soja américain sont tombés le 8 janvier à leur plus bas niveau depuis début décembre 2021, desservis par l’amélioration des conditions météorologiques au Brésil et le ralentissement des achats chinois. Le prix du contrat rapproché avec échéance en janvier est descendu à 12,3325 dollars le boisseau (environ 27 kg). Après des mois de précipitations insuffisantes, les grandes régions de production de l’oléagineux au Brésil reçoivent de la pluie en quantité. C’est notamment le cas dans l’État du Mato Grosso, qui pèse 26% des récoltes brésiliennes, selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA). Par ailleurs, les volumes hebdomadaires américains inspectés avant exportation, indicateur très suivi par le marché, ont baissé de 30% par rapport à la semaine précédente, et ont été divisés par plus de deux par rapport à la même période en 2023. Aux yeux de Dax Wedemeyer, analyste pour l’entreprise de négoce Us Commodities, c’est la décélération des commandes chinoises qui préoccupe particulièrement le marché. Traditionnellement, les premières semaines de l’année correspondent à la fin de la fenêtre dont bénéficient les agriculteurs américains avant que la récolte brésilienne ne vienne inonder le marché. Désormais premier producteur et exportateur mondial de soja, le Brésil attend une récolte monstre, estimée à 161 Mt par l’USDA.

Didier Bouville

Le spécialiste de la robotique agricole Meropy est en cessation d’activité, a annoncé le 9 décembre son cofondateur William Guitton. «Nous avons buté sur notre seconde levée de fonds», explique-t-il sur le réseau social LinkedIn. Meropy cherchait l’an dernier 1 million d’euros pour déployer son robot à plus grande échelle. Son échec illustre, d’après le CEO, la difficulté pour une start-up de hardware agricole à gérer «des financements arrivant au compte-goutte, avec un développement au temps long sur des cultures à cycle annuel». L’entreprise iséroise commercialisait depuis un an le Sentiv, robot autonome pour la détection des adventices et ravageurs en grandes cultures. Il servira désormais pour un tout autre usage. L’activité de Meropy est effectivement reprise par Cardem (Vinci construction), spécialiste entre autres de la dépollution. En France, comme ailleurs dans le monde, le nombre de robots en cultures végétales reste encore largement en retrait (600 unités vendues en France en 2023) en comparaison de l’élevage (18 000), selon la dernière édition de l’Observatoire de l’usage des robots en agriculture. Et dans le secteur des grandes cultures, seulement 15 robots ont été commercialisés jusqu’à présent, pour le désherbage, la collecte d’information et le binage.

Didier Bouville

Les premières immatriculations de tracteurs agricoles (y compris chargeurs télescopiques) ont augmenté de 2,1% en 2023, s’établissant à 41 554 unités, a indiqué le 9 janvier Axema (constructeurs). Il s’agit du «troisième plus fort total depuis 2010», après les années 2013 (47 656) et 2012 (42 883), selon un communiqué. Les tracteurs standards et les chargeurs télescopiques voient leurs immatriculations progresser (respectivement +4,2 % et +3,7 % sur un an). A l’inverse, les tracteurs vignes et vergers reculent fortement (-10,6 %) pour la deuxième année consécutive, tombant au plus bas sur les dix dernières années. Les premières immatriculations de tracteurs standards connaissent une troisième hausse de suite, à 26 200 unités. «La puissance moyenne des tracteurs standards continue d’augmenter pour atteindre 163,5 chevaux en 2023 (contre 161 chevaux en 2022), souligne Axema. A noter: la forte croissance des tracteurs de plus de 300 chevaux (+17,6%).»

Didier Bouville

Les agriculteurs allemands ont entamé le 8 janvier une semaine de protestation contre la politique agricole du gouvernement d’Olaf Scholz en envoyant notamment des convois de tracteurs bloquer plusieurs entrées d’autoroutes dans tout le pays. La mobilisation à l’appel de l’Union des agriculteurs allemands (DBV) est généralisée: les autorités ont signalé de fortes perturbations du trafic routier en début de matinée dans presque toutes les régions allemandes, du Bade-Wurtemberg et la Bavière au sud, en passant par le land le plus peuplé d’Allemagne, la Rhénanie du nord Westphalie jusqu’au nord du pays. Les premiers convois de tracteurs sont entrés dans les métropoles de Hambourg et Brème, au nord, paralysant en partie le trafic. À Berlin, les tracteurs ont pris position au cœur de la capitale, près de la porte de Brandebourg. La colère des agriculteurs s’était enflammée à la suite de la décision du gouvernement de réduire des subventions au secteur en raison d’un rappel à l’ordre des juges constitutionnels portant sur les strictes règles budgétaires de l’Allemagne. Face aux protestations, le gouvernement a adouci ses projets le 4 janvier: l’avantage fiscal accordé sur les quantités de gazole consommées sera ainsi supprimé progressivement jusqu’en 2026 et non d’un coup, comme prévu initialement. De plus, l’avantage en matière de taxe sur les véhicules pour la sylviculture et l’agriculture sera maintenu.

Didier Bouville