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Suite aux manifestations d’agriculteurs des derniers jours en Allemagne mais aussi en Roumanie ou en France, les eurodéputés ont appelé, lors d’un débat le 17 janvier en plénière, la Commission européenne à répondre à leurs préoccupations. Une discussion largement dominée par les partis de droite (démocrates-chrétiens, conservateurs, extrème-droite) qui ont fait de l’électorat agricole l’une de leurs cibles en vue de élections européennes de juin. Ils ont critiqué les contraintes environnementales et demandé la prolongation des dérogations sur l’utilisation des jachères ainsi que des mesures de sauvegarde sur les importations ukrainiennes. Anne Sander (PPE, droite) a pointé «l’avalanche de nouvelle règles soutenues par des adeptes de l’écologie punitive». Jordan Bardella (ID, extrême droite) a lui appelé à «décréter l’état d’urgence agricole!», plaidant pour des exonérations d’impôts sur les transmissions, la fin de l’écologie punitive ou encore la garantie des prix. D’autres, à gauche comme à droite, n’ont pas manqué de dénoncer les négociations d’accords commerciaux qui permettent l’entrée en Europe de produits ne répondant pas aux standards de l’UE. Le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a dû se contenter de redire ce qu’il répète depuis des semaines: pour revenir sur l’obligation de 4% de zones non productives il faudrait rouvrir la Pac. Et de promettre que les agriculteurs seront écoutés dans le cadre du dialogue stratégique sur l’agriculture qui va être lancé prochainement.

Didier Bouville

Le médiateur des relations commerciales agricoles a accepté, le 16 janvier, la saisine formulée la semaine dernière par Lactalis pour résoudre le différend qui l’oppose à sa principale association d’organisations de producteurs (AOP), l’Unell. Cependant, cette dernière a refusé, plus tard dans la journée, les termes de la discussion et saisit, à son tour, le médiateur. «Nous ne refusons pas la médiation, nous refusons simplement l’objet de la discussion», a expliqué le président de l’Unell, Yohann Serreau à la presse. L’AOP estime que le champ d’application de la saisine de Lactalis «ne mènerait qu’à une solution de court terme et (…) ne respecterait ni les lois Egalim, ni notre accord cadre», indique un communiqué. Dans sa saisine, l’AOP précise les «paramètres importants de la formule de prix» sur lesquels, selon elle, la médiation doit porter: «la valorisation du lait destiné aux produits de grande consommation» et «la valorisation du lait destiné aux produits industriels», l’indicateur beurre-poudre n’étant plus publié par l’interprofession. «La saisie du médiateur par Lactalis est un bon signal qui marque une reprise des discussions», estime Yohann Serreau. De son côté, l’industriel affirme dans un communiqué du 16 janvier souhaiter «un dialogue continu, serein et constructif sur le contrat» qui le lie à l’Unell.

Didier Bouville

Des centaines de tracteurs et camions agricoles ont convergé le 16 janvier vers le coeur de Toulouse, gênant la circulation et déversant paille et crottin devant certaines institutions. En fin de matinée, les agriculteurs avaient déversé du fumier devant la Cité administrative et l’Agence de l’eau Adour-Garonne, avant de se rendre place du Capitole à l’heure du déjeuner, relate la Dépêche du midi, selon qui les agriculteurs sont venus «pour défendre leurs revenus, se battre pour l’accès à l’eau ou contre la hausse des taxes». Quelque 450 véhicules sur trois convois, pour un millier de manifestants selon la préfecture, se sont rejoints dans l’après-midi près de la place du Capitole pour y faire entendre leurs protestations. Ils y sont restés jusqu’en début de soirée, avant de commencer à quitter la Ville rose, a constaté un journaliste de l’AFP. D’après la Dépêche du midi, ils ont rencontré plusieurs représentants des pouvoirs publics en fin de journée, dont Guillaume Choisy, directeur général de l’agence de l’eau Adour-Garonne: «Sur la question de l’eau, ils ont exprimé leur volonté d’avoir une année blanche sans augmentation sur 2024, ce qui a été acté» a-t-il expliqué au quotidien régional. Et d’ajouter: «Ils souhaitent également une trajectoire d’augmentation fiscale proportionnée qui sera travaillée au premier trimestre 2024 pour être présentée dans les instances d’avril 2024.»

Didier Bouville

L’alerte rouge imposant aux habitants de La Réunion de rester chez eux en raison du passage du cyclone Belal a été levée mardi 16 janvier, l’heure étant maintenant au déblaiement et à l’estimation des dégâts. Les corps de deux personnes sans domicile fixe ont été retrouvés mardi à La Réunion, portant à trois le nombre de morts sur l’île française de l’océan Indien après le passage la veille du cyclone Belal. Matériellement, le secteur de l’agriculture a été le plus touché, a précisé le président de la chambre d’agriculture de La Réunion, Frédéric Vienne. «Nous espérons qu’un arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle sera pris très vite», a-t-il déclaré. Dans un communiqué paru le 16 janvier, la FNSEA «fait état de lourds dommages parmi les productions de bananes, avec des plantations ravagées», ainsi que dans le maraîchage qui «paie un lourd tribut puisque, si les infrastructures ont été préparées pour ne pas être broyées, les productions sont anéanties». Pas encore de bilan connu pour le secteur de l’élevage. Le dernier cyclone « intense » ayant touché La Réunion – un stade que n’a finalement pas atteint Belal, moins cataclysmique que prévu – était Bejisa, aux tout premiers jours de 2014.

Didier Bouville

Les expéditions de champagne, «après trois années hors-normes», sont retombées l’an dernier à leur niveau d’avant-Covid, a indiqué le 15 janvier le CIVC (interprofession). Elles ont atteint 299 millions de bouteilles (-8,2%) en 2023, selon un communiqué. De 297,3 millions de bouteilles en 2019, les expéditions de champagne avaient chuté l’année suivante de 18%, en pleine crise sanitaire, puis rebondi de 33% en deux ans pour atteindre plus de 325 millions de bouteilles à la fin 2022. En 2023, les ventes destinées à la France ont représenté 127 millions de bouteilles (-8,2%). «Le marché national souffre davantage que les marchés d’exportation de l’inflation, qui a pesé sur les budgets des ménages tout au long de l’année», analyse le CIVC. Avec 172 millions de bouteilles (-8,2%), l’export dépasse nettement son niveau de 2019 (156 millions de bouteilles) et assure désormais plus de 57% des ventes, contre 45% il y a dix ans. «Le surstockage des distributeurs en 2022, par crainte de pénurie, explique partiellement ce recul» des expéditions vers l’étranger, d’après le Comité champagne. L’interprofession souligne que «malgré la baisse des volumes, la montée en gamme des cuvées, surtout à l’exportation, a permis à l’appellation de maintenir son chiffre d’affaires au-dessus de 6 Md€».

Didier Bouville

À l’occasion de ses vœux à la profession agricole le 15 janvier, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé que le projet de loi d’orientation et d’avenir (LOA) sera présenté à l’occasion de «l’un des deux prochains» Conseils des ministres, «sans doute». Il s’agira de celui du 24 janvier, a précisé son cabinet. Le texte devait être examiné par le Conseil d’État jusqu’en fin de semaine dernière. Après sa présentation en Conseil des ministres, il devrait être soumis au Parlement juste après le Salon de l’agriculture, d’abord au Sénat en mars, puis à l’Assemblée nationale autour de mai-juin, avait-on appris la semaine dernière d’une source proche du ministre de l’Agriculture. La promulgation de la loi pourrait donc intervenir juste avant les élections européennes, début juin – possible moment d’instabilité pour le gouvernement. Le dernier projet de texte qu’avait pu consulter Agra Presse mi-décembre incluait finalement un diagnostic d’exploitation, notamment des sols. Exit, en revanche, les mesures de soutien aux projets de stockage de l’eau, tout comme l’inscription de l’objectif de souveraineté en préambule du Code rural. À l’occasion de ses vœux à la presse, le président de la FNSEA a considéré qu’il ne s’agissait plus d’une «loi d’orientation agricole», mais plutôt d’une simple loi dédiée à l’installation et à la transmission.

Didier Bouville

Dans un communiqué paru le 10 janvier, l’Académie de l’agriculture annonce avoir élu son nouveau bureau, «majoritairement féminin», plaçant à sa tête deux femmes. L’ancienne p.-d.g de l’Inrae, Marion Guillou, devient présidente – la cinquième depuis la création de l’Académie il y a 263 ans, et l’ancienne chercheuse de l’Inrae, Chantal Gascuel, a été élue secrétaire perpétuelle – la première de l’histoire de l’institution. La fonction de secrétaire perpétuelle est la plus haute de l’Académie de l’agriculture, et dure jusqu’à l’année des 75 ans de la personne élue. La fonction de président est, quant à elle, renouvelée tous les ans. Ancienne directrice scientifique adjointe environnement, Chantal Gascuel est une spécialiste de la santé des sols.

Didier Bouville

Les agriculteurs mobilisés en Allemagne depuis une semaine veulent se dissocier des groupes d’extrême droite qui tentent d’infiltrer leur fronde d’ampleur. Lors d’une manifestation à Dresde, dans l’est du pays, un cordon de policiers séparait strictement le rassemblement principal et quelques dizaines de personnes du mouvement local d’extrême droite « Freie Sachsen » – « Saxe libre », ont constaté des journalistes de l’AFP. Les autorités allemandes disent craindre un «noyautage» par les formations extrémistes de la fronde des agriculteurs déclenchée en décembre par la suppression d’allègements fiscaux et de subventions. Après une semaine de défilés et blocages routiers dans tout le pays, une grande manifestation de la profession est organisée lundi à Berlin. Le mouvement « Freie Sachsen », qui regroupe monarchistes, complotistes et droite nationaliste, a multiplié les messages de soutien aux agriculteurs sur les réseaux sociaux, appelant à une «semaine de résistance» en parallèle de leur mouvement. D’autres groupes, comme les néonazis de Troisième Voix ou le mouvement nationaliste Ein Prozent, ont eux aussi appelé à des «grèves générales» et des «émeutes subversives».

Didier Bouville

Dans un communiqué publié le 10 janvier, le groupe coopératif du grand Est EMC2 annonce qu’il devient partenaire de Case IH (New Holland, Case) pour son activité de distribution de machines agricoles. Il change, par la même occasion, de nom pour devenir Farminove. Le groupe revendique une présence dans neuf départements, au travers de 21 «bases opérationnelles», après être devenu récemment actionnaire majoritaire d’Agrinove, filiale machinisme du groupe Oxyane. EMC2 était auparavant distributeur du groupe Agco (Fendt, Massey Ferguson). Après avoir repris le concessionnaire Graillot en 2020, EMC2 était devenu le deuxième concessionnaire français du constructeur américain. Ce changement intervient moins d’un an après que, dans la même région, le groupe John Deere a retiré sa carte au concessionnaire Mecavista, filiale de la Coopérative agricole lorraine (Cal), qui avait basculé chez Agco. Ces opérations interviennent dans un contexte d’agrandissement rapide des groupes de distribution, désormais souvent d’envergure régionale, sous la pression de certains distributeurs (voir notre enquête). En vingt ans, le constructeur John Deere a divisé le nombre de ses concessions par trois en France. L’objectif, défini à l’échelle de l’Europe, est que leur chiffre d’affaires atteigne 100 millions d’euros (M€) en moyenne (contre 55 M€ en 2022).

Didier Bouville

À l’issue de la deuxième réunion du comité de suivi des relations commerciales qui s’est tenue le 11 janvier, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) «s’alarment des conclusions de cette réunion qui montrent de réelles remises en cause des dispositions des lois Egalim et qui ouvrent la voie à une nouvelle fragilisation des revenus des agriculteurs», alertent-ils dans un communiqué commun. Les syndicats signalent «un retard significatif dans la conclusion des contrats entre fournisseurs et distributeurs» et «un manque de sérénité dans les négociations» lié à «une pression tarifaire à la baisse de la part de la grande distribution». Or, «cette pression se concentre principalement sur le prix de la matière première agricole (MPA)», alors que la loi Egalim 2 impose que la négociation tarifaire ne porte pas sur le prix de la MPA. La FNSEA et les JA considèrent que cette situation est «une atteinte manifeste à la sanctuarisation de la MPA (…) et au principe fondamental de construction du prix en marche avant» qui a guidé les travaux sur les lois Egalim. Les syndicats appellent une nouvelle fois au respect de la législation. La FNSEA, auxquels se joignent les JA, demande qu’une série de contrôles soient diligentés par la DGCCRF (Fraudes) concernant le respect des règles de sanctuarisation de la MPA.

Didier Bouville