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Des producteurs britanniques de fruits et légumes devaient manifester le 22 janvier à Londres, pour protester contre les conditions commerciales jugées «injustes» avec la grande distribution anglaise, rapporte l’AFP. Symboliquement, ils ont érigé 49 épouvantails devant le Parlement, représentant les 49% de producteurs susceptibles d’arrêter leur activité dans les douze prochains mois. Cette manifestation se déroulait le jour où les députés anglais devaient débattre d’une pétition les appelant à revoir complètement le Code de bonnes pratiques entre distributeurs et fournisseurs agricoles. Lancée à l’initiative de l’entreprise Riverford Organic (paniers de fruits et légumes dans le Devon), elle a reçu plus de 112 000 signatures. Un porte-parole du ministère de l’Environnement, de l’alimentation et des affaires rurales a déclaré qu’il «est normal que les agriculteurs et les producteurs britanniques reçoivent un prix équitable, et notre examen de l’équité de la chaîne d’approvisionnement contribuera à répondre à ces préoccupations». Les syndicats agricoles avaient déjà envoyé une lettre ouverte aux distributeurs en 2023, affirmant que leurs pratiques d’achat sont «trop souvent déséquilibrées, court-termistes et inutiles», poussant les agriculteurs à devoir «lutter pour survivre».

Didier Bouville

À la sortie d’un entretien le 22 janvier au soir avec le Premier ministre Gabriel Attal, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau – qui était accompagné par le président des Jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillot –, a indiqué qu’il n’y aurait «pas de levée des actions» menées par les deux syndicats tant qu’il n’y aurait «pas de décisions concrètes» de l’exécutif. «On a besoin d’actions très concrètes et donc ce qu’on a dit au Premier ministre, c’est qu’aussi longtemps qu’il n’y aurait pas de décisions concrètes (…), il n’y aura pas de levée des actions menées sur le terrain», a déclaré Arnaud Rousseau devant les journalistes, assurant que le monde agricole «ne se contentera pas de mesurettes». Sur le sujet du GNR, la FNSEA a notamment demandé une «remise immédiate en pied de facture». Par la voix du ministre de l’Agriculture, le gouvernement a quant à lui promis des annonces rapides: «Le Premier ministre a affirmé clairement sa volonté (…) d’aller vite, dans la semaine pour un certain nombre de premières annonces», a déclaré Marc Fesneau à la sortie de cette réunion. Parmi les sujets les plus urgents figurent celui des «négociations commerciales» sur les prix de l’alimentation, celui des «crises que traversent un certain nombre de secteurs» et certains sujets en termes de «simplification», a-t-il ajouté. Plus tôt dans la journée, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau avait annoncé, sur France Inter, le lancement d’actions syndicales dans toute la France, appelant le gouvernement à entendre leur «ras-le-bol» et leur «colère». «Je peux vous dire que dès aujourd’hui et toute la semaine et aussi longtemps qu’il sera nécessaire, un certain nombre d’actions vont être menées», a déclaré M. Rousseau. Ces actions concerneront «chaque département», a-t-il dit.

Didier Bouville

La production française de viande bovine devrait reculer de 1,2% en 2024 (à 1,282 Mtéc), une chute qui ralentirait après «deux années consécutives de baisse de l’ordre de 5%», selon les prévisions de l’Institut de l’élevage (Idele) publiées le 19 janvier. Principale explication: la décapitalisation «a décéléré courant 2023», pour les bovins viande comme pour les bovins lait. «Ce ralentissement de la décapitalisation pourrait se poursuivre en 2024 pour se situer en fin d’année à -1,7%» pour les vaches allaitantes. Idem en vaches laitières (-1,6%), grâce à «un prix du lait attractif pour les producteurs et des stocks fourragers plutôt conséquents fin 2023», estime l’institut technique. Toutefois, certains pans de la production devraient continuer à reculer fortement: les exportations de broutards sont attendues en chute de 5% sur 2024 (à 942 000 têtes), «du fait de la contraction des disponibilités et d’une relocalisation partielle de l’engraissement en France». Et la production de veaux de boucherie devrait connaître une chute comparable. Par ailleurs, l’Idele prévoit «une quasi-stabilité de la consommation par bilan en 2024 (-0,5%/2023)», à 1,43 Mtéc. Ce qui devrait profiter aux importations (+3%) dans un contexte de baisse des abattages et de rebond des exportations (+2,2%).

Didier Bouville

La mobilisation des agriculteurs occitans se poursuivait le dimanche 21 janvier, l’autoroute A64 étant toujours coupée près de Toulouse pour une quatrième journée consécutive, tandis qu’un barrage filtrant doit être installé sur une route nationale de l’Ariège. A hauteur de Carbonne, à quelque 45 km au sud-ouest de la Ville rose, les manifestants continuent de tenir un camp de fortune installé sur les deux fois deux voies de l’autoroute vers Bayonne, selon Bison futé et un participant sur place. Une réunion de près de trois heures samedi après-midi, entre le préfet d’Occitanie Pierre-André Durand et cinq représentants du monde agricole, n’a pas permis de décider de la levée du barrage, au «regret» de M. Durand. Dimanche, c’est en Ariège qu’une nouvelle opération devrait être menée. Un barrage filtrant doit être installé sur un rond-point à Tarascon-sur-Ariège à partir de 14h, a averti la préfecture départementale. «Des difficultés importantes de circulation sont attendues dans les deux sens de circulation», prévient le préfet du département pyrénéen dans un communiqué, appelant les automobilistes à «anticiper leurs déplacements». Les agriculteurs occitans multiplient depuis quelques mois les actions en vue d’obtenir de l’Etat le déblocage en urgence d’aides conséquentes, notamment face au renchérissement du carburant, d’une maladie bovine, et une politique de l’eau favorable à l’irrigation des cultures.

Didier Bouville

Les manifestations d’agriculteurs qui se multiplient dans plusieurs pays traduisent «un mouvement de colère» contre l’Union européenne «qui veut la mort de notre agriculture», a déclaré le 20 janvier Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes. «Il y a un mouvement de colère qui est en train de se lever partout en Europe et le point commun de ce mouvement de colère c’est l’Union européenne et l’Europe de Macron qui veut la mort de notre agriculture (…) et qui refuse aux agriculteurs le droit de vivre de leur travail», a déclaré l’eurodéputé lors d’un déplacement chez un éleveur laitier à Queyrac (Gironde), dans le Médoc. «Cette incapacité à vivre de son travail et le refus de dépendre d’aides permanentes» est «probablement le coeur de ce mouvement de colère», a-t-il ajouté, après avoir visité l’exploitation et longuement caressé une vache. M. Bardella a fustigé les accords de libre-échange signés par l’UE avec d’autres pays – dont l’agriculture devrait être exclue selon lui -, l’absence de «patriotisme économique» pour «protéger nos intérêts», ou encore les «normes toujours plus dures et toujours plus lourdes qu’on impose aux agriculteurs français». Selon lui, les prochaines «élections européennes sont un enjeu de civilisation», notamment «celui de demeurer dans les années qui viennent une grande puissance agricole». «La France a toujours été une grande puissance agricole, ça fait partie de notre héritage, de notre patrimoine, ça a façonné nos territoires. Je refuse de laisser mourir nos agriculteurs», a-t-il plaidé.

Didier Bouville

«Ça partait de bonnes intentions, mais ça ne marche pas, les agriculteurs manquent de conseil», a déclaré le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau à l’occasion des 10es rencontres du biocontrôle d’IBMA (fabricants), à Angers le 17 janvier, rapportent nos confrères de Réussir Fruits et légumes. Sa déclaration intervient après la parution de deux rapports parlementaires, l’un en juillet, l’autre en décembre, qui avaient pointé l’inefficacité du dispositif prévu par la loi Egalim 1. Dans son discours de vœux le 17 janvier, le président de la Coopération agricole, Dominique Chargé, a demandé un «support législatif» pour mettre fin à «l’interdiction d’accompagner les agriculteurs et donc [à] cette fausse bonne idée de la séparation de la vente et du conseil». Plusieurs pistes sont possibles au Parlement, d’après l’un des auteurs des deux rapports, le député socialiste Dominique Potier: l’intégration au projet de loi d’orientation et d’avenir (PLOA) – mais le gouvernement semble parti pour un texte resserré autour de la seule question de l’installation-transmission; l’intégration à la future loi Pacte 2 (simplification); ou encore une proposition de loi transpartisane dédiée. Pour cette dernière option, Dominique Potier souhaiterait intégrer un volant de mesures destinées à créer «un conseil agronomique global annuel et universel sous l’autorité des chambres d’agriculture».

Didier Bouville

Une enquête judiciaire va être «confiée à la gendarmerie» après une plainte de L214 contre l’abattoir municipal de Craon (Mayenne), a déclaré la procureure de Laval, Anne-Lyse Jarthon, à l’AFP le 18 janvier. Dans un communiqué du même jour, l’association abolitionniste demande la «fermeture administrative immédiate» de cet abattoir multi-espèces, estimant qu’il «ne respecte pas les règles minimales en matière de protection des animaux» et pose de «sérieux problèmes de sécurité des opérateurs». En particulier, des vaches «commencent à être découpées alors qu’elles sont encore vivantes», montre L214 dans une vidéo. «La majorité des animaux restent conscients ou reprennent conscience après l’étourdissement», en raison «d’importants problèmes structurels» (box d’immobilisation de taille inadaptée). L’abattoir de Craon «dispose d’installations aux normes», répond la préfecture de Mayenne dans un communiqué, malgré une mise en demeure en avril 2023 (suivie d’«actions correctives» et levée en juillet). Les images de L214 datent de «novembre et décembre 2023», précise l’association. Or, selon la préfecture, «à la fin du mois de décembre 2023, un nouvel équipement de contention plus adapté à toutes les tailles de bovins a notamment été mis en service». Une «communication malhonnête», a réagi L214, qui a annoncé «engager un recours en responsabilité contre l’État».

Didier Bouville

Les agriculteurs de la FDSEA et des JA de Haute-Garonne se sont une nouvelle fois mobilisés jeudi 18 janvier, paralysant plusieurs routes dans la région. D’après la Dépêche du Midi, des tracteurs ont notamment bloqué deux péages sur l’autoroute A62, à Castelsarrasin et Valence-d’Agen (Tarn-et-Garonne), ainsi que la N20 entre Pamiers et Foix (en Ariège), où du fumier a été déversé. Selon le quotidien régional, les manifestants ont aussi bloqué, avec des bottes de paille, l’autoroute A64 au niveau de Carbonne (Haute-Garonne), avec l’intention de «passer la nuit» sur place. La FDSEA et les JA prévoient encore d’installer un barrage filtrant vendredi 19 janvier sur l’A61 à Castelnaudary (Aude). D’après la page Facebook de la FDSEA, les syndicats demandent le déblocage des aides promises par le gouvernement aux éleveurs touchés par la MHE (maladie hémorragique épizootique), ainsi que le rétablissement de la défiscalisation du GNR (gazole non routier) pour certaines exploitations. Leurs revendications portent aussi sur l’irrigation, pour laquelle ils refusent toute «taxation supplémentaire». Sur ce dossier, les responsables syndicaux ont pourtant déjà obtenu l’engagement d’une «année blanche» en 2024, après une manifestation d’ampleur le 16 janvier à Toulouse.

Didier Bouville

Des antennes départementales et une antenne régionale de la FNSEA annoncent une nouvelle journée de mobilisation, le 18 janvier, pour soutenir l’Unell, la principale association d’organisations de producteurs livrant à Lactalis, en désaccord avec l’industriel sur le prix du lait. «Lactalis ne respecte pas ce déroulement prévu par la loi. Il entend fixer le prix du lait aux producteurs en fonction de la négociation à conclure avec les enseignes de distribution», affirme dans un communiqué la FRSEA Normandie qui appelle à un rassemblement devant l’usine de Domfront (Orne). «Ainsi, Lactalis tente d’imposer à ses fournisseurs le prix le plus bas du marché, en tenant compte d’indices “maison” qui ne reflètent pas la réalité des coûts de production», poursuit-elle. Des actions sont également organisées sur les sites Lactalis de Saint-Florent Le Vieil (Maine-et-Loire), de Cuincy (Nord) et d’Andrézieux (Loire) par les fédérations départementales du syndicat majoritaire. Des manifestations ont déjà été organisées à l’appel du syndicat quelques jours avant les fêtes de fin d’année en décembre et début janvier. En l’absence d’accord avec l’Unell, Lactalis a reconduit en janvier le prix du lait du mois de décembre (prix de base 405€/1000l).

Didier Bouville

Après huit mois de travail, les co-présidents de la mission d’information sur l’adaptation de la politique de l’eau au défi climatique – créée par la commission du développement durable de l’Assemblée nationale –, ont rendu leurs conclusions lors d’une conférence de presse le 17 janvier. Face à la «gravité de la situation» en matière d’eau en France, la mission d’information formule 81 recommandations, réparties selon trois axes majeurs: les défis liés aux tensions autour de l’eau, l’adaptation des politiques de gestion de l’eau, ainsi que le renforcement de la gouvernance et du financement des dites politiques. En matière d’agriculture plus spécifiquement, les rapporteurs appellent à développer un stockage multi-usage afin de «s’adapter à l’irrégularité de la ressource, de façon concomitante avec une plus grande sobriété». «Il ne s’agit pas de vider les nappes phréatiques pour remplir des réservoirs», précise Yannick Haury (Renaissance), co-rapporteur de la mission. Les rapporteurs invitent par ailleurs à mener une politique «volontariste» des pratiques agricoles à une gestion «durable» de la ressource, en améliorant par exemple l’efficience des systèmes d’irrigation. «Nous espérons que ce rapport sera suivi d’actions concrètes», soulignent les co-présidents de la mission, qui envisagent par exemple une future proposition de loi.

Didier Bouville