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Une proposition de loi (PPL) visant à favoriser le recrutement des jeunes pour les travaux agricoles a été déposée par le sénateur Emmanuel Capus (Les Indépendants, Maine-et-Loire) le 19 décembre. Le texte vise à assouplir le cadre légal applicable à ces emplois saisonniers. Le système actuel, encadré par le droit du travail, «apparaît aujourd’hui trop restrictif pour permettre aux employeurs, et singulièrement aux exploitants agricoles, de recruter des jeunes pour des emplois saisonniers. C’est particulièrement vrai pour ce qui concerne le respect des périodes scolaires», explique l’exposé des motifs. La proposition de loi entend permettre l’augmentation du temps disponible pour travailler pendant les congés scolaires, en supprimant la part incompressible de repos prévue pour les jeunes à l’article L4153-3 du Code du travail. Par ailleurs, le texte propose d’assouplir l’encadrement du temps de travail pour les mineurs, en permettant des dérogations par convention collective ou accord de branche, en modifiant l’article L3162-1 du Code du travail. «Ces emplois courts profitent et aux jeunes et aux entreprises: à ceux-là ils permettent de se confronter aux exigences du milieu professionnel; à celles-ci d’ajuster leurs ressources humaines par un renfort ponctuel», plaide le sénateur.

Eva DZ

Par une décision rendue le 22 décembre, les juges du Conseil d’État ont rejeté la requête de l’Unaf (apiculteurs), qui demandait l’annulation de l’extension du premier accord interprofessionnel d’Interapi (interprofession des produits de la ruche). L’accord crée une cotisation volontaire obligatoire (CVO) contestée par l’Unaf, syndicat qui représente à la fois des apiculteurs de loisirs et professionnels. Ce faisant, le Conseil d’État suit les recommandations de sa rapporteure publique, exposées lors d’une audience le 13 décembre. La plus haute juridiction administrative observe tout d’abord qu’Interapi a bel et bien fourni un dossier complet pour appuyer sa demande d’extension. Les juges estiment ensuite que l’interprofession a le droit de moduler les cotisations par maillon (en l’occurrence, de fixer une cotisation volontaire pour les conditionneurs). Ils estiment enfin que le dispositif de cotisation d’un montant différencié selon l’origine du miel (français ou d’importation), auquel sont assujettis les distributeurs, ne crée pas de «discrimination» vu la façon dont les fonds collectés sont affectés aux actions d’Interapi. L’Unaf est sommée de verser à cette dernière un montant de 3000 euros.

Eva DZ

 La Coopérative Auvergne Limousin (Coopal) et la Société laitière des volcans d’Auvergne (SLVA, filiale de la coopérative Terra Lacta) se sont mises d’accord, le 20 décembre, sur un nouveau contrat d’approvisionnement, annoncent-elles dans un communiqué commun. L’accord, signé pour cinq ans, est rétroactif au 1er janvier 2023 et porte sur 57 millions de litres. La nouvelle «matrice» (formule) donne un prix de base de 470 €/1000 l pour du lait de montagne en alimentation non-OGM. Cette signature met fin au contentieux qui opposait les deux parties depuis plusieurs années. En décembre 2021, Coopal avait assigné SLVA devant le tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand pour non-respect de la matrice d’évolution du prix du lait convenue à l’issue d’une médiation auprès du ministère de l’agriculture. «Il y avait un écart conséquent entre le prix facturé et le prix réellement payé», explique le président de Coopal, Jacques Cornelissen. De son côté, SLVA a dénoncé son contrat avec les producteurs. Coopal est allée chercher d’autres débouchés et vend désormais 25 millions de litres à la fromagerie Centurion du Puy-en-Velay. La coopérative de collecte rassemble près de 300 producteurs de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme, de la Creuse et de la Corrèze.

Eva DZ

Des chercheurs chinois ont mis au point par modification génétique un «nouveau candidat vaccin» contre la peste porcine africaine (PPA), offrant selon eux «une protection de 100% sans symptôme clinique», apprend-on sur le site Pig Progress. Des travaux qui peuvent aider à «un futur développement de vaccin» et «contribuer aux stratégies de prévention de la PPA», avancent-ils dans un article paru dans la revue Journal of Virology. Les chercheurs ont supprimé deux gènes du virus de la PPA, ce qui permet, selon eux, de produire «des vaccins vivants atténués plus sûrs et plus efficaces». La méthode habituelle consiste à supprimer un seul gène, mais les virus ainsi obtenus «ont encore de la virulence». Les porcelets inoculés avec le candidat vaccin n’ont montré «aucun signe lié à la PPA», et «ne pouvaient pas excréter le virus», évitant ainsi la transmission de la maladie à d’autres animaux placés avec eux. Ils ont ensuite été infectés avec le virus de la PPA, montrant une protection de 100% contre la maladie, et des signes cliniques «légers» à nuls selon la concentration de vaccin administrée. Seuls deux vaccins contre la PPA sont actuellement homologués, au Vietnam, et un troisième devrait bientôt suivre.

Eva DZ

Par une série de décisions du 22 décembre, le Conseil d’État a estimé que le ministère de l’agriculture est bien fondé à «apprécier, sous l’entier contrôle du juge, si l’extension [d’un accord interprofessionnel] présente un intérêt commun conforme à l’intérêt général». Dans cette affaire, la plus haute juridiction administrative a débouté l’interprofession des fruits et légumes frais (Interfel), qui contestait le refus du ministère d’étendre, en 2020, plusieurs accords interprofessionnels (pêches-nectarines, kiwis, concombres, pommes) concernant leur commercialisation. Les juges ont considéré que la Rue de Varenne n’a pas «méconnu les compétences qui sont les siennes» en «examinant si les restrictions de commercialisation prévues par l’accord dont l’extension lui était demandée étaient justifiées par les améliorations invoquées de la qualité des produits ou du fonctionnement du marché». Le Conseil d’État a ainsi suivi l’avis de sa rapporteure publique lors de l’audience du 13 décembre : la magistrate recommandait de suivre un récent arrêt de la Cour de justice européenne (CJUE), reconnaissant aux États membres le droit d’apprécier «le caractère opportun» – et non pas la seule légalité – des demandes d’extension d’accords interprofessionnels, lorsque les restrictions qu’ils imposent vont plus loin que la réglementation européenne.

Eva DZ

Le tribunal administratif de Paris a débouté le 22 décembre les ONG* de «l’Affaire du siècle» qui demandaient une astreinte financière de 1,1 milliard d’euros (Md€) contre l’État français, qu’elles accusaient de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le réchauffement climatique. Dans son jugement, le tribunal estime que la «réparation du préjudice écologique [par l’État] a été tardive mais est désormais complète». Il a ainsi suivi l’avis du rapporteur public qui, lors de l’audience du 8 décembre, avait déclaré que les dernières données en date concernant les émissions nationales de CO2 (-4,3% pour 2023 et -2,7% en 2022) «permettaient de considérer que le préjudice avait entièrement été réparé». Dans un premier jugement de février 2021, le tribunal administratif de Paris avait donné raison aux ONG, déclarant l’État responsable de manquements à ses engagements et du «préjudice écologique» qui en découle. En octobre de la même année, la justice avait ordonné que soient compensés le «31 décembre 2022, au plus tard» les 15 MtCO2e émis en trop par rapport aux objectifs de la France en 2015-2018. Les ONG estimaient que ce jugement n’avait pas été suivi d’effets et réclamaient des pénalités financières dans le cadre d’une nouvelle procédure lancée en juin 2023, jugée le 22 décembre.

* Notre affaire à tous, Greenpeace, Oxfam

Eva DZ

La part des consommateurs réguliers de vin en France a encore diminué en 2022 par rapport à 2015, s’inscrivant dans «une tendance globale de baisse de la consommation d’alcool», selon une enquête quinquennale publiée le 22 décembre par FranceAgriMer et le Cniv (interprofession). En 2022, les consommateurs réguliers, consommant du vin «tous les jours ou presque», représentaient ainsi 11% de la population, une part en baisse de cinq points par rapport à 2015. En 1980, c’était la moitié de la population. «Le vin reste très majoritairement présent dans la consommation, mais celle-ci se fait dorénavant occasionnellement», selon l’étude. En 2022, cette consommation occasionnelle, «majoritaire», concernait 51% des Français de 18 ans et plus, comme en 2015. Le renouvellement des générations est en cause, «les jeunes générations consommant du vin de façon occasionnelle le plus souvent». Mais cela s’inscrit aussi «dans une tendance globale de baisse de la consommation d’alcool», notent FranceAgriMer et le Cniv, en rappelant qu’entre les années 1960 et 2022, la consommation individuelle a chuté de près de 70%. Au-delà du vin, 19% des Français déclarent ne consommer aucune boisson alcoolisée, une tendance en progression de quatre points par rapport à 2015.

Eva DZ

Dans un communiqué de presse publié le 22 décembre, la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher annoncé le lancement de l’appel d’offres pour les installations de méthanisation d’une taille supérieure à 25 GWh destinées à injecter du biogaz sur le réseau. Publié dans les prochains jours au Journal officiel de l’Union européenne, cet appel d’offres s’organisera en trois périodes, et vise à porter la capacité totale de production à 1,6 TWh/an de biométhane injecté. Au cours de la première période, «la capacité cumulée des installations qui seront sélectionnées représentera 500 GWh/an», souligne le ministère de la transition énergétique. Les lauréats bénéficieront, quant à eux, d’un contrat d’achat du biométhane produit pendant 15 ans. La relance de cet appel d’offres pour les installations de plus de 25 GWh/an intervient après la parution de l’arrêté réhaussant le tarif d’achat du biométhane injecté pour les installations de moins de 25 GWh/an en juin. Pour rappel, la stratégie française énergie-climat – présentée par Agnès Pannier-Runacher le 22 novembre – propose de fixer un objectif de 50 TWh de production de biogaz, dont 44 TWh dans le réseau de gaz distribué en France qui conduirait à une fraction au moins égale à 15% de biogaz injecté dans les réseaux de gaz.

Eva DZ

La ville de Paris lancera en septembre 2024 une expérimentation de la sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Cette mesure a été adoptée en novembre par le conseil de Paris sur proposition du groupe écologiste. L’expérimentation concernera les 18e, 20e et 14e arrondissements, «ainsi qu’un ou deux autres arrondissements se portant volontaires», indique la délibération du conseil. Le dispositif bénéficiera à 100 personnes par arrondissement dans un premier temps. Il a vocation à être ensuite étendu à d’autres habitants. Le modèle sera celui d’une «caisse alimentaire commune»: chaque famille cotisera en fonction de ses moyens et bénéficiera chaque mois d’une somme identique aux autres participants. Elle pourra dépenser cet argent dans «un réseau de structures conventionnées» pour acheter des «produits sains et de qualité», explique un communiqué des élus écologistes. La SSA «permet d’avoir la main sur la production et réoriente la consommation vers des produits plus locaux et plus durables», estime la présidente du groupe écologiste, Fatoumata Koné. Plusieurs grandes villes françaises expérimentent la SSA, comme Montpellier, Lyon, Bordeaux et Grenoble. Dans un avis d’avril 2023, le Haut conseil de la santé publique estimait «opportun d’explorer davantage la proposition d’une sécurité sociale de l’alimentation».

Eva DZ

Six organisations* françaises défendant les agriculteurs et agro-industriels, dont la FNSEA et l’Ania, ont écrit au commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton pour lui demander de se pencher sur les centrales d’achats des supermarchés, a appris l’AFP le 22 décembre. «Il nous semble important d’assurer une meilleure prise en compte des pratiques par nature transfrontalières des alliances européennes de distributeurs qui se multiplient», ainsi qu’«un accroissement des moyens du réseau européen des autorités de contrôle», écrivent ces six organisations dans un courrier daté du 14 décembre.

«La création d’alliances européennes est inacceptable si elles ont pour objet ou pour effet de contourner les lois de police des États membres», écrivent encore les signataires. Il existe pour eux «un risque accru que le centre de gravité des achats se déplace, passant d’un cadre national à des centrales d’achat européennes, et potentiellement vers des entités situées hors d’Europe». Les agro-industriels reprochent régulièrement à leurs clients supermarchés de délocaliser hors de France une partie des négociations – celles avec les plus gros groupes, souvent de puissantes multinationales – sur les conditions de vente de leur production, afin de se soustraire au droit français.

* FNSEA, JA, Ania, Ilec, Adepale et la Coopération agricole

Eva DZ