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Dans un communiqué paru le 10 janvier, l’Académie de l’agriculture annonce avoir élu son nouveau bureau, «majoritairement féminin», plaçant à sa tête deux femmes. L’ancienne p.-d.g de l’Inrae, Marion Guillou, devient présidente – la cinquième depuis la création de l’Académie il y a 263 ans, et l’ancienne chercheuse de l’Inrae, Chantal Gascuel, a été élue secrétaire perpétuelle – la première de l’histoire de l’institution. La fonction de secrétaire perpétuelle est la plus haute de l’Académie de l’agriculture, et dure jusqu’à l’année des 75 ans de la personne élue. La fonction de président est, quant à elle, renouvelée tous les ans. Ancienne directrice scientifique adjointe environnement, Chantal Gascuel est une spécialiste de la santé des sols.

Didier Bouville

Les agriculteurs mobilisés en Allemagne depuis une semaine veulent se dissocier des groupes d’extrême droite qui tentent d’infiltrer leur fronde d’ampleur. Lors d’une manifestation à Dresde, dans l’est du pays, un cordon de policiers séparait strictement le rassemblement principal et quelques dizaines de personnes du mouvement local d’extrême droite « Freie Sachsen » – « Saxe libre », ont constaté des journalistes de l’AFP. Les autorités allemandes disent craindre un «noyautage» par les formations extrémistes de la fronde des agriculteurs déclenchée en décembre par la suppression d’allègements fiscaux et de subventions. Après une semaine de défilés et blocages routiers dans tout le pays, une grande manifestation de la profession est organisée lundi à Berlin. Le mouvement « Freie Sachsen », qui regroupe monarchistes, complotistes et droite nationaliste, a multiplié les messages de soutien aux agriculteurs sur les réseaux sociaux, appelant à une «semaine de résistance» en parallèle de leur mouvement. D’autres groupes, comme les néonazis de Troisième Voix ou le mouvement nationaliste Ein Prozent, ont eux aussi appelé à des «grèves générales» et des «émeutes subversives».

Didier Bouville

Dans un communiqué publié le 10 janvier, le groupe coopératif du grand Est EMC2 annonce qu’il devient partenaire de Case IH (New Holland, Case) pour son activité de distribution de machines agricoles. Il change, par la même occasion, de nom pour devenir Farminove. Le groupe revendique une présence dans neuf départements, au travers de 21 «bases opérationnelles», après être devenu récemment actionnaire majoritaire d’Agrinove, filiale machinisme du groupe Oxyane. EMC2 était auparavant distributeur du groupe Agco (Fendt, Massey Ferguson). Après avoir repris le concessionnaire Graillot en 2020, EMC2 était devenu le deuxième concessionnaire français du constructeur américain. Ce changement intervient moins d’un an après que, dans la même région, le groupe John Deere a retiré sa carte au concessionnaire Mecavista, filiale de la Coopérative agricole lorraine (Cal), qui avait basculé chez Agco. Ces opérations interviennent dans un contexte d’agrandissement rapide des groupes de distribution, désormais souvent d’envergure régionale, sous la pression de certains distributeurs (voir notre enquête). En vingt ans, le constructeur John Deere a divisé le nombre de ses concessions par trois en France. L’objectif, défini à l’échelle de l’Europe, est que leur chiffre d’affaires atteigne 100 millions d’euros (M€) en moyenne (contre 55 M€ en 2022).

Didier Bouville

À l’issue de la deuxième réunion du comité de suivi des relations commerciales qui s’est tenue le 11 janvier, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) «s’alarment des conclusions de cette réunion qui montrent de réelles remises en cause des dispositions des lois Egalim et qui ouvrent la voie à une nouvelle fragilisation des revenus des agriculteurs», alertent-ils dans un communiqué commun. Les syndicats signalent «un retard significatif dans la conclusion des contrats entre fournisseurs et distributeurs» et «un manque de sérénité dans les négociations» lié à «une pression tarifaire à la baisse de la part de la grande distribution». Or, «cette pression se concentre principalement sur le prix de la matière première agricole (MPA)», alors que la loi Egalim 2 impose que la négociation tarifaire ne porte pas sur le prix de la MPA. La FNSEA et les JA considèrent que cette situation est «une atteinte manifeste à la sanctuarisation de la MPA (…) et au principe fondamental de construction du prix en marche avant» qui a guidé les travaux sur les lois Egalim. Les syndicats appellent une nouvelle fois au respect de la législation. La FNSEA, auxquels se joignent les JA, demande qu’une série de contrôles soient diligentés par la DGCCRF (Fraudes) concernant le respect des règles de sanctuarisation de la MPA.

Didier Bouville

L’Élysée a annoncé dans la soirée du 11 janvier la composition du nouveau gouvernement dirigé par Gabriel Attal, avec peu de changements parmi les ministères de poids, notamment pour le monde agricole. Marc Fesneau reste ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, un poste qu’il occupe depuis le 20 mai 2022. Les autres interlocuteurs principaux des responsables agricoles restent aussi en place: Christophe Béchu à la Transition écologique ou encore Bruno Le Maire à l’Économie. Le remaniement a été marqué par l’entrée au gouvernement de Rachida Dati, figure de la droite parisienne, avec le portefeuille de la Culture. Nommé Premier ministre le 9 janvier, Gabriel Attal est remplacé à l’Éducation nationale par Amélie Oudéa-Castéra (en plus des Sports et de la Jeunesse). Restant Rue de Varenne, Marc Fesneau pourra comme prévu défendre le projet de loi d’orientation agricole (LOA): actuellement examiné par le Conseil d’État, le texte devrait être soumis au Parlement juste après le Salon de l’agriculture, d’abord au Sénat en mars, puis à l’Assemblée nationale autour de mai-juin, selon une source proche du ministre de l’Agriculture. La promulgation de la loi pourrait donc intervenir juste avant les élections européennes, début juin – possible moment d’instabilité pour le gouvernement.

Didier Bouville

Contacté par Agra Presse, Jean-Luc Poulain annonce que l’édition 2024 du Salon de l’agriculture sera sa dernière à la présidence du Ceneca, structure propriétaire de l’évènement. «Lorsque j’ai été réélu (en juin 2020, NDLR) pour un mandat de six ans, j’avais dit que je n’en ferai que la moitié», rappelle-t-il. L’agriculteur de l’Oise est à la tête du Salon de l’agriculture depuis 16 ans. Il prévoit de présenter sa démission lors de la prochaine assemblée générale du Ceneca fin mars. Une élection sera organisée dans les semaines suivantes. Comme annoncé cet été par le quotidien Le Monde, Jérôme Despey sera candidat à sa succession, confirme-t-il à Agra Presse. Viticulteur dans l’Hérault, Jérôme Despey a été le secrétaire général de la FNSEA sous la présidence de Christiane Lambert – il est actuellement le premier vice-président du syndicat majoritaire. Il est par ailleurs président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer depuis sa création en 2009.

Didier Bouville

Dans une communication à la presse envoyée le 11 janvier, Lactalis France indique «saisir le médiateur des relations commerciales agricoles» pour trouver une issue au différend qui l’oppose à l’Unell, la principale association d’organisations de producteurs livrant au numéro un du lait. L’industriel avait annoncé début janvier la reconduction du prix du lait du mois de décembre en l’absence d’un accord entre les deux parties. En saisissant le médiateur, «Lactalis espère poursuivre dans un climat constructif les discussions avec l’Unell afin de trouver un juste équilibre sur le prix du lait, permettant de continuer à valoriser le travail des producteurs tout en proposant aux consommateurs des produits laitiers français à un prix accessible». D’après l’Unell, l’industriel et les producteurs s’écharpent sur la question de l’élargissement de la prise en compte du prix de revient dans le calcul du prix du lait, mais aussi la revalorisation de ce dernier, ainsi que sur la valorisation beurre-poudre (qui n’est plus publiée par l’interprofession depuis septembre). En septembre, une première médiation avait permis d’aboutir à un accord sur le prix du lait pour les derniers mois de l’année 2023.

Didier Bouville

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le nouveau président argentin Javier Milei souhaitent une conclusion rapide des négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur. C’est le principal constat fait par le gouvernement allemand dans un communiqué publié le 9 janvier, à l’issue d’un entretien téléphonique entre les deux dirigeants. L’opinion de Berlin en faveur de ce traité de libre-échange n’est pas un mystère. En décembre, alors que les discussions techniques sur un protocole additionnel s’accéléraient et qu’une finalisation des pourparlers était envisagée, le chancelier allemand rencontrait le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, alors à la tête du Mercosur, afin de faciliter le processus et que l’accord «franchisse la ligne d’arrivée». A contrario, la position du nouveau chef de l’État argentin, en place depuis le 10 décembre et sur lequel repose désormais une partie de l’avenir des discussions, n’était pas encore clairement établie. Cette évolution devrait ouvrir la voie à une reprise prochaine des négociations entre les parties.

Eva DZ

Dans une étude publiée le 10 janvier par le Centre d’études et de prospective (CEP) du ministère de l’agriculture, deux chercheuses de l’Inrae et du CNRS estiment que la plus-value environnementale apportée par les dispositifs de compensation écologique est «faible» sur les parcelles agricoles. Les chercheurs ont étudié une vingtaine de projets conduits dans six régions, et interrogé 95 acteurs «à compétences foncières, écologiques et agricoles». Elles relèvent notamment que ces dispositifs, souvent mis en place dans le cadre de projets d’infrastructures routières ou d’habitations, prennent mal en compte certains «effets de bord». Et de prendre l’exemple suivant : «Le retournement d’une prairie peut venir contrebalancer la perte de rendement découlant d’une fauche tardive». Elles constatent plus généralement que «l’engagement dans la compensation se présente très rarement comme un renouvellement du système global de l’exploitation» et concluent que «la compensation ne peut pas être vue comme un levier de transition agroécologique efficace». Elles notent d’ailleurs que les milieux agricoles «ne sont pas les plus spontanément recherchés pour compenser les impacts d’un projet».

Eva DZ

À l’occasion de sa conférence de presse de rentrée le 10 janvier, la FNSEA a reproché aux pouvoirs publics un manque de concertation locale et une définition géographique trop large dans le cadre de l’élaboration de la BCAE n°2 relative à la protection des zones humides (conditionnalité de la PAC). Prévue initialement pour le 1er janvier 2024, l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure a été retardée d’un an, en vertu d’un récent arrêté du ministère de l’agriculture. Selon la FNSEA, de premiers zonages régionaux ont été présentés par des Dreal qui porteraient jusqu’à 29% de la surface agricole utile les zones classées. «La clé de lecture est différente selon Bruxelles et le ministère de la transition écologique», estime le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, qui refuse de son côté d’inclure les zones humides dites probables. «C’est un sujet très chaud, épidermique chez nos producteurs», assure-t-il.

La FNSEA plaide également pour une concertation régionale avec les services préfectoraux. Selon le ministère de l’agriculture, cette concertation est d’ores et déjà prévue de la fin janvier à la mi-mars. Des concertations s’ensuivront au niveau national avec les organisations agricoles. Les mesures à engager dans ces zones n’ont pas encore été mises sur la table par les pouvoirs publics. La FNSEA craint notamment des restrictions relatives au drainage.

Eva DZ