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Emmanuel Macron a souhaité le 12 juin que certains projets de réforme mis à l’arrêt par la dissolution de l’Assemblée nationale, comme les lois sur la fin de vie ou l’agriculture, ou encore le nouveau congé de naissance, «puissent être repris» après les législatives. Interrogé sur le devenir d’une série de textes, le Président de la République a répondu, lors d’une conférence de presse à l’Elysée : «sur les projets en cours, mon souhait est qu’ils puissent être repris si la majorité est confirmée, élargie ou avec d’autres partenaires». «Je pense en particulier que, pour beaucoup de nos compatriotes, le projet de fin de vie était attendu, le projet agricole était attendu, ou le congé de naissance», a ajouté Emmanuel Macron, les jugeant «importants». Le projet de loi d’orientation agricole, adopté fin mai à l’Assemblée, devait être examiné le 24 juin au Sénat. Les travaux de la Chambre haute sont désormais suspendus, le temps de la campagne législative. Interrogé par Agra presse à ce sujet, le rapporteur LR du projet de LOA au Sénat, Laurent Duplomb estime que «le texte actuel qui nous vient de l’Assemblée est loin d’être à la hauteur des enjeux de l’agriculture». Et d’ajouter : «je crois nécessaire de travailler un texte pour l’orientation de l’agriculture suffisamment ambitieux».

Eva DZ

À l’occasion d’une conférence sur les marchés mondiaux du lait et de la viande le 11 juin, l’économiste de l’Idele Gérard You a expliqué que les prix du lait devraient suivre une tendance «stable à haussière» sur l’année 2024, portée par «des intrants toujours chers», qui grèvent la disponibilité de lait dans le monde. «Le prix du lait pourrait redevenir haussier au second semestre ; pour l’instant, on a des marges laitières peu incitatives tant en Europe qu’aux États-Unis», a expliqué l’économiste. Et de résumer : «On est dans un équilibre lié à de faibles disponibilités, plutôt favorable aux filières et aux producteurs». De même que le prix du lait, les cours des ingrédients laitiers sont plutôt attendus à la hausse, «du moins sur le beurre, secondairement sur la poudre maigre». Et de rappeler que la demande en matières grasses est en progression tendancielle depuis une quinzaine d’années, portée par les changements d’appréciation nutritionnelle. La France est notamment devenue déficitaire en matière grasse laitière, alors qu’elle reste excédentaire en matière protéique.

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Dans le cadre de sa démarche de responsabilité sociétale, qu’elle présentera en assemblée générale le 12 juin, l’interprofession porcine Inaporc s’est fixé l’objectif que «100% des élevages transmissibles» soient «repris» d’ici 2035. Dans ce but, elle créera en 2025 un «diagnostic de transmissibilité des élevages porcins», et identifiera les «leviers financiers potentiels à la transmission» des exploitations. «Une exploitation transmissible, c’est une exploitation qui permet à son repreneur de vivre correctement de son métier», a expliqué David Riou, coprésident du groupe RSO à Inaporc, lors d’une conférence de presse le 11 juin. «Beaucoup d’éleveurs n’ont pas investi ces dernières années, rappelle cet éleveur finistérien. Certains élevages ne pourront pas être repris si les bâtiments sont trop vieillissants». Interrogée sur les formes d’installation à privilégier – individuel, sociétaire, reprise à l‘identique – , la directrice d’Inaporc Anne Richard ne met «aucun frein à aucune forme de reprise». De son côté, David Riou, estime que «l’élevage de demain, ce sera trois personnes, pour un bon équilibre entre travail et vie personnelle ». Un tiers des éleveurs porcins français ont plus de 55 ans, et ils détiennent environ 40% du cheptel.

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Comme elle s’y était engagée, la Commission européenne a publié le 11 juin une proposition visant à simplifier les règles applicables aux photos géolocalisées que les agriculteurs doivent joindre à leurs déclarations PAC. Cette nouvelle obligation de la PAC avait fait l’objet de nombreuses critiques lors des manifestations agricoles du printemps. Bruxelles propose donc d’accorder aux États membres «une plus grande souplesse» dans l’inclusion de ces photos qui doivent compléter les données satellitaires de Copernicus dans le système de suivi des surfaces. Il ne sera plus obligatoire de donner la priorité à ces photos «par rapport à d’autres données ayant une valeur au moins équivalente» pour évaluer les conditions d’éligibilité des parcelles agricoles aux aides européennes durant la période de programmation des plans stratégiques. Une consultation publique sur ce projet de règlement, auquel les États membres doivent encore donner leur feu vert, est ouverte jusqu’au 9 juillet.

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Dans un rapport au périmètre très vaste – les «systèmes alimentaires durables» – paru le 11 juin, deux hauts fonctionnaires du CGAAER (ministère de l’agriculture) font plusieurs propositions déjà connues, telles que le soutien à l’alimentation durable chez les plus démunis (citant les tests de chèques alimentaires ou de sécurité sociale de l’alimentation), la fiscalité sur les «produits défavorables à la santé» ou l’encadrement de la publicité. Ils proposent d’«engager la grande distribution à garantir une durabilité plancher de toute son offre, premiers prix comme les autres, et quelle que soit l’origine des produits». Ils ne précisent pas les politiques publiques à mettre en œuvre. Dans leur exposé, ils relèvent toutefois que les pratiques RSE des entreprises agroalimentaires «ne sont pratiquement jamais prises en considération dans les négociations commerciales». La conduite d’une enquête annuelle dédiée à ce sujet depuis cinq ans a même été abandonnée, relèvent-ils. Par ailleurs, les deux auteurs estiment que «la distribution doit prendre conscience de son rôle important dans la construction du répertoire alimentaire personnel et inciter ses clients, par tous les moyens à sa disposition y compris la promotion, à élargir leur répertoire alimentaire, notamment en exploitant les cartes de fidélité pour cibler les remises et bons d’achat sur les produits sains et durables».

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À l’occasion de son assemblée générale le 6 juin, le Marché du porc breton (MPB) est devenu le Marché du porc français (MPF). «Quoi de plus normal, me direz-vous, quand on sait que le prix affiché en fin de séances de vente sert de référence à toute la filière française ?», a lancé son président François Pot dans son discours. Basé à Plérin (Côtes-d’Armor), le MPB tient deux séances par semaine (lundi et jeudi), au cours desquelles la cotation est fixée par des enchères dégressives. Son élargissement fait suite à l’arrivée des trois premiers abattoirs hors Bretagne : Vallégrain (Sarthe) et Tradival (Loiret) à l’automne dernier, puis Holvia (Mayenne). L’année 2023 a également été marquée par le départ des deux premiers acteurs français du porc, Bigard et la Cooperl. «J’invite les éleveurs des autres régions de France à présenter leurs porcs sur le catalogue», a exhorté François Pot, tout en promettant que, par la suite, «les lignes [du marché] bougeront encore pour s’adapter». Selon son rapport annuel, l’activité du MPB a été fortement influencée par la décapitalisation porcine en 2023, avec un offre réduite de 1,5% par rapport à 2022 (à 1,34 million de porcs charcutiers) et un prix de base moyen de 2,115 €/kg (+22,6%), un plus haut historique.

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Conséquence de la dissolution de l’Assemblée nationale, les travaux des députés de la majorité Alexis Izard et Anne-Laure Babault sur les relations commerciales se sont arrêtés net, et leur reprise est suspendue à leur éventuelle réélection. Attendu «entre le 17 et le 19 juin», leur rapport était presque terminé, et d’ultimes réunions d’arbitrage étaient prévues cette semaine. Faute de pouvoir être remis officiellement au gouvernement, il «fera l’objet d’une note» et d’un «point d’étape», a indiqué la ministre déléguée à l’agriculture Agnès Pannier-Runacher sur BFM le 10 juin. «Il restait à évaluer la question de l’origine d’un point de vue technique, et à arbitrer plus politiquement la question des dates butoirs», aussi bien en amont (entre agriculteur et premier acheteur) qu’en aval (entre transformateur et distributeur), indique-t-on dans l’entourage du député Alexis Izard (Renaissance). Sur le premier point, un rendez-vous était programmé avec la Commission européenne ; sur le second, une réunion était calée avec le ministère de l’agriculture. Si l’un des députés est réélu, le rapport pourra être transmis, mais à une date ultérieure, ce qui pourrait retarder l’entrée en application du texte (Egalim 4) qui devait en découler, alors que le syndicalisme majoritaire demandait sa mise en œuvre pour les prochaines négociations commerciales. S’ils n’était pas réélus, le député Izard «donnera son brouillon» aux suivants, indique son équipe.

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La FNSEA et les JA ont fait part ce 10 juin de leur craintes de voir «remis en question» par la dissolution de l’Assemblée les travaux engagés sur le projet de loi d’orientation agricole ou sur un renforcement du dispositif Egalim. «Egalim, simplification, loi d’orientation… Autant de chantiers obtenus par le travail de notre réseau et dont l’aboutissement est remis en question, car il est suspendu aux décisions du gouvernement en place après les élections» législatives, affirment dans un communiqué les Jeunes agriculteurs (JA). «Les décisions politiques vis-à-vis de l’agriculture française risquent de ne pas être tenues», s’inquiète de son côté la FNSEA dans un communiqué séparé. Et d’appeler «tous les partis politiques à mettre dans la feuille de route de leurs candidats aux élections législatives les propositions qu’elle a portées : dignité, revenu et simplification».

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Si les noms des eurodéputés français qui pourraient siéger au sein de la future commission de l’agriculture (Comagri) vont changer, ce n’est pas forcément le cas pour tous les pays de l’UE. En Allemagne, les résultats assurent un siège à l’actuel président de la Comagri Norbert Lins (PPE). De même, en Italie, Herbert Dorfmann, coordinateur du groupe PPE sur les questions agricoles, valide sa place. D’autres élus du groupe devraient faire un nouveau mandat et postuleront à la Comagri : le Roumain Daniel Buda et l’agriculteur autrichien Alexander Bernhuber. L’Espagnole Esther Herranz Garcia, qui n’avait pas été réélue en 2019, va faire son retour au Parlement européen. Elle avait notamment été rapporteure sur le volet Plans stratégiques de la réforme de la PAC. Du côté des socialistes, le paysage est plus flou. L’Allemande Maria Noichl devrait faire un nouveau mandat, mais des remplaçants vont devoir être trouvés à l’Italien Paolo De Castro, à l’Espagnole Clara Aguilera et à la Portugaise Isabel Carvalhais, qui ne se représentaient pas. Au centre, le Tchèque Martin Hlaváček est réélu. Ce n’est pas le cas de l’ancien commissaire européen à l’agriculture, le roumain Dacian Cioloș, dont la liste n’a pas obtenu suffisamment de voix. L’agricultrice allemande Christine Singer, nouvellement élue, devrait rejoindre la Comagri. Du côté des Verts, l’Allemand et chef de file de son groupe Martin Häusling à la Comagri rempile, de même que l’Autrichien Thomas Waitz. D’ici à la première plénière du Parlement européen qui se tiendra du 15 au 19 juillet, des négociations vont permettre de préciser le périmètre de la Comagri, qui pourrait évoluer, et de désigner celui ou celle qui en assurera la présidence.

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Pour la première fois depuis plus d’un an, un foyer de peste porcine africaine (PPA) a été confirmé dans un élevage allemand, à l’est du pays, a annoncé l’Institut Friedrich-Loeffler (laboratoire national de référence) dans un communiqué le 6 juin. D’après le site Pig Progress, l’élevage est situé à Pasewalk, à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la Pologne. Les 3500 animaux de ce site d’engraissement doivent tous être abattus. La maladie a été détectée sur des animaux présentant des signes cliniques le 5 juin. «La cause exacte de l’introduction n’est pas encore claire», indique l’Institut Friedrich-Loeffler, notant l’absence d’«épidémie active chez les sangliers dans cette région». Il s’agit du neuvième foyer en élevage en Allemagne depuis l’arrivée de la maladie en juillet 2021 ; le dernier cas remontait à février 2023. Mais la maladie est restée très présente dans la faune sauvage, avec 248 cas recensés depuis le 1er juillet 2023. «Tous se concentrent dans une zone située à la frontière germano-polonaise du Brandebourg et de la Saxe», note la plateforme française Épidémiosurveillance en santé animale. Et de préciser que «la pression se maintient à un niveau élevé au nord en Pologne à la frontière avec le Mecklembourg-Poméranie».

Eva DZ