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L’intersyndicale de l’enseignement agricole public (CGT, FO, FSU, Unsa, Sud) appelle à la grève le 14 novembre dans les lycées. Une manifestation est aussi prévue le même jour devant les locaux de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER, ministère de l’Agriculture) à Paris, selon un communiqué. En cause, un changement du mode de calcul du temps de travail des enseignants pour la rentrée 2024-2025. Cette mesure, prise «sans la moindre concertation», est déjà testée dans plusieurs régions. «Les enseignants de l’enseignement agricole public sont ulcérés face à une décision inique du ministère de l’Agriculture, les obligeant à travailler gratuitement pour financer une semaine de face à face supplémentaire, le «stage collectif», destiné à préparer les jeunes à leur stage en milieu professionnel», déclare l’intersyndicale.

Didier Bouville

Questionnée par Agra Presse sur les effets de la nouvelle définition de l’agriculteur actif, qui conditionne l’éligibilité aux aides Pac, la directrice des soutiens agricoles de l’Agence de services et paiement (ASP) indique qu’il est certes «encore trop tôt pour le savoir puisque l’instruction n’est pas achevée», mais elle note, pour l’heure, qu’il y a «significativement moins de demandeurs» pour cette première année de la nouvelle programmation Pac 2023-2027. Autrement dit, le taux de chute, c’est-à-dire la baisse du nombre de déclarations d’une année sur l’autre, «est supérieur aux années habituelles», explique Véronique Lemaire-Curtinot. Alors qu’il est «de l’ordre de 4000 dossiers habituellement », il est monté «à 20 000 cette année». Parmi les pistes d’explications: «Certains retraités n’ont peut-être pas fait la demande sachant qu’ils n’y auraient pas droit». La programmation 2023-2027 est effet marquée par une nouvelle définition de l’agriculteur actif, plus restrictive. Le changement le plus marquant concerne l’âge: désormais, à partir de 67 ans, les agriculteurs doivent choisir entre les aides de la Pac et leur retraite. Auparavant, la MSA proscrivait déjà de toucher une retraite agricole tout en étant exploitant, à l’exception de la parcelle «de subsistance». À partir de cette année, le retraité agricole pouvait continuer d’exploiter cette parcelle, mais elle ne lui permettait plus de toucher d’aides de la Pac, passé l’âge de 67 ans.

Didier Bouville

Déforestation en Amazonie: baisse drastique au Brésil, mais les incendies menacent

Le gouvernement brésilien a annoncé le 9 novembre une baisse de 22,3% en un an de la déforestation en Amazonie, un meilleur résultat en quatre ans, mais la sécheresse et les incendies menacent la plus grande forêt tropicale du monde. Selon le système de surveillance de la déforestation PRODES, de l’Institut national de recherche spatiale (INPE), 9.001 kilomètres carrés de forêt primitive ont été détruits entre août 2022 et juillet 2023. Soit une baisse de 22,3% par rapport à la période août 2021-juillet 2022 (11.594 km2). Une coalition de groupes de défense de l’environnement a accueilli favorablement ces résultats qui «mettent le pays sur la bonne voie pour atteindre l’objectif climatique». C’est le meilleur constat observé par l’INPE depuis 2019, point de départ d’une flambée de l’exploitation forestière dans la forêt amazonienne qui a atteint un pic de 13.038 km2 détruits entre août 2020 et juillet 2021, du jamais vu en 15 ans. Le président Luiz Inacio Lula da Silva s’est engagé à réduire à zéro la déforestation au Brésil d’ici 2030 en inversant les politiques environnementales de son prédécesseur d’extrême-droite Jair Bolsonaro (2019-2022) sceptique à l’égard du changement climatique.

La rédaction

Semences : en Australie, RAGT acquiert le programme de sélection de blé de BASF

Dans un communiqué de presse du 10 novembre, le semencier RAGT a annoncé l’acquisition des actifs de blé de BASF en Australie. Cet investissement comprend le matériel génétique blé du groupe allemand, les équipements nécessaires aux travaux de sélection ainsi que des bâtiments spécialement conçus pour les activités de recherche et développement, rapporte RAGT. En décembre 2020, le semencier français avait pris le contrôle de Seed Force en Australie notamment, devenue RAGT Australie au 1er janvier 2023. Avec cette nouvelle acquisition, il confirme donc son ambition dans le pays océanien, où les surfaces de blé couvrent 13 millions d’hectares. «Déjà riche d’un portefeuille reconnu en orge brassicole, colza et espèces fourrages, nous sommes convaincus que notre nouvelle gamme de blé renforcera notre coopération avec l’industrie agricole australienne et nos partenaires locaux», a déclaré Damien Robert, directeur général de RAGT. Et d’ajouter que «cette nouvelle acquisition complète nos programmes de sélection de blé existants avec un matériel génétique unique et aura un effet positif sur notre empreinte céréalière mondiale».

La rédaction

Vin: un fonds d’urgence lié au mildiou élargi à tous les vignerons en difficultés

Un fonds d’urgence de 20 millions d’euros adopté le 8 novembre par les députés a priori en faveur des viticulteurs touchés par le mildiou a été élargi à tous les vignerons faisant face à des difficultés de trésorerie, a indiqué le 10 novembre le ministère de l’Agriculture. L’aide avait été initialement intégrée via un amendement du rapporteur du budget Jean-René Cazeneuve, élu du Gers, qui avait évoqué lors des discussions sur un ajustement du budget de fin d’année un «épisode très fort de mildiou» dans beaucoup de récoltes et de bassins viticoles du Sud-Ouest. Le ministère, dans un communiqué diffusé jeudi soir, a toutefois indiqué que le fonds était destiné aux «viticulteurs les plus en difficulté de trésorerie, notamment dans le Sud-Ouest», l’ouvrant ainsi à ceux ayant souffert par exemple de la sécheresse ou de mauvaises ventes. Le gouvernement discutait déjà avec le rapporteur du budget des divers problèmes économiques rencontrés par les viticulteurs, a expliqué vendredi le cabinet du ministère à l’AFP.  «Il n’y a pas d’incohérence», mais un élu qui a mis en avant les difficultés liées au territoire qu’il connaît bien», assure-t-on. Le mildiou n’étant pas une « maladie réglementée», il n’existe de toute façon pas de dispositif dédié permettant d’accompagner les producteurs en ayant pâti, ajoute le cabinet. Les critères d’accès au fonds seront affinés «dans les semaines à venir».

La rédaction

Les données publiques de Météo-France seront accessibles «sans aucun frais» et «gratuitement réutilisables» dès le 1er janvier 2024, annonce le ministère de la transition écologique dans un communiqué le 9 novembre. Jusqu’à présent, «38 jeux de données» météorologiques concernant les observations en temps réel, les données climatologiques et les données de radar faisaient l’objet de redevances. Par cette décision, le gouvernement veut permettre aux entreprises, collectivités et chercheurs de faciliter la prise de décision «en temps réel», d’«affiner» les prévisions, et de nourrir l’innovation et la recherche. En 2022, Météo-France a diffusé plus de 1000 To de données d’observation (stations, sols, radars de précipitation), de prévision (à quatre jours d’échéance), climatologiques (sur plusieurs décennies passées) et de projections climatiques.

Eva DZ

L’Assemblée nationale a voté le 8 novembre pour un fonds d’urgence de 20 millions d’euros (M€) en soutien aux viticulteurs touchés par le mildiou, après d’importants dégâts dans le Bordelais et le Sud-Ouest durant l’année. La mesure est intégrée au projet de loi de finances de fin de gestion 2023, adopté en première lecture en soirée puis transmis au Sénat. Il y a eu un «épisode très fort de mildiou dans beaucoup de récoltes et de bassins viticoles du Sud-Ouest. Il est important de venir en soutien à ces agriculteurs» et «d’enclencher le plus rapidement possible le soutien nécessaire», a souligné le rapporteur du budget Jean-René Cazeneuve. Ce fonds permettra de verser une aide plafonnée à 20 000 € sur trois années glissantes. Le ministre des comptes publics Thomas Cazenave a donné un avis favorable à l’amendement. «Le mildiou touche régulièrement nos vignobles. Il n’est pas couvert par l’indemnité assurance récolte, ni par le fonds national agricole de mutualisation. On est face à ce qu’on peut appeler un trou dans la raquette», a-t-il reconnu. Dans un communiqué publié le 9 novembre, le ministère de l’agriculture a indiqué vouloir «déployer, dès à présent [ce] fonds d’urgence afin d’accompagner les viticulteurs les plus en difficulté de trésorerie, notamment dans le Sud-Ouest». Et de préciser que le dispositif «sera adossé au régime de minimis agricole».

Eva DZ

Après plusieurs actions départementales, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs appellent leur réseau à se mobiliser du 20 au 24 novembre pour réclamer une «respiration normative». Les syndicats dénoncent plusieurs projets – aux niveaux français comme européen – qui pourraient «continuer de grever la compétitivité de l’agriculture», explique Hervé Lapie, le secrétaire général de la FNSEA, à Agra Presse. Dans son viseur, notamment, les hausses prévues pour 2024 des redevances sur les phytos (RPD) et l’eau, le non-renouvellement de la dérogation sur les jachères, ou encore la révision de la directive IED (émissions industrielles). Selon M. Lapie, les agriculteurs font face à «une augmentation de charges de 20%», tandis que la multiplication des procédures administratives provoque «une forme de burn-out réglementaire». Ces dernières semaines, plusieurs départements se sont déjà mobilisés sans attendre ce mot d’ordre (Vosges, Charente, Gers, Tarn notamment). Certains protestaient entre autres contre le refiscalisation partielle du gazole non routier (GNR) prévue par l’exécutif. «Ce n’est pas la fin de la défiscalisation du GNR», relève Hervé Lapie. Après avoir passé un accord avec Bercy sur ce sujet, la FNSEA a «obtenu des mesures de compensation», ajoute-t-il, sur lesquelles «on a un sujet d’explication à faire auprès du terrain».

Eva DZ

Lors de l’examen, en séance publique le 6 novembre, de la seconde partie (dépenses) du projet de loi de finances (PLF) pour 2024, les députés ont adopté un amendement prévoyant 469 millions d’euros (M€) pour les indemnisations économiques liées à l’influenza aviaire. Ce qui ramènerait l’enveloppe de ces aides au niveau de 2021-2022, avant que le ministre n’en réduise les taux de prise en charge. Alors qu’un nouveau recours à l’article 49-3 est attendu, cet amendement a peu de chances d’être retenu dans le texte final, le ministre de l’Agriculture ayant émis un avis défavorable. Marc Fesneau a renvoyé ce sujet au projet de loi de finances de fin de gestion (PLFG), dans lequel «des crédits (…) sont prévus pour permettre de couvrir les besoins de l’année 2023». En février, le ministre avait annoncé une baisse des taux de prise en charge pour les aides économiques, à 90% des pertes pendant la période de restrictions sanitaires (I1), et à 50% les 150 jours suivants (I2). Ces deux taux étaient auparavant fixés à 100%. Cette baisse est «de nature à conduire certains producteurs, déjà très éprouvés, à abandonner leur production», estiment les 11 députés Liot à l’origine de l’amendement. L’épisode 2021-2022 d’influenza aviaire a été le plus dévastateur, avec 1378 foyers, contre 402 foyers en 2022-2023.

Didier Bouville

À l’occasion de l’examen en séance publique de la mission Agriculture (Aafar) du projet de loi de finances (PLF) pour 2024, l’Assemblée nationale a adopté, le 6 novembre, plusieurs amendements en faveur de la bio, des MAEC et des cantines scolaires. Ils ont toutefois peu de chances de voir le jour, ayant chacun reçu un avis défavorable du gouvernement et du rapporteur, dans la perspective attendue d’un nouveau recours à l’article 49-3 pour faire adopter le projet de loi. Après des propositions à 900 millions d’euro (M€), c’est un amendement à 271 M€ en faveur de la bio (aide au déclassement en conventionnel), déposé par la député Sandrine Le Feur (LREM) qui a trouvé une majorité dans l’hémicycle. Un chiffrage qui fait écho aux demandes de la filière. Le ministre de l’Agriculture a rejeté la proposition, arguant que la crise du bio était «une crise de la demande». Concernant les MAEC, l’écologiste Charles Fournier a réussi à faire adopter un amendement à 100 M€. À ce sujet, Marc Fesneau a promis un arbitrage «fin novembre», notamment après un rendez-vous le 7 novembre avec les agences de l’eau, qui cofinancent le dispositif. Enfin, la députée LR Émilie Bonnivard a obtenu la majorité avec un amendement prolongeant d’un an le soutien de 50 M€ aux «cantines scolaires des petites communes» prévu dans le plan de Relance, en l’ouvrant aux plus grandes villes, aux départements et aux régions. Marc Fesneau a estimé que «les collectivités doivent prendre leurs responsabilités.

Didier Bouville