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Dans un communiqué paru le 8 février, la Présidence de la République annonce la nouvelle composition du gouvernement, dans laquelle Marc Fesneau reste ministre de l’Agriculture, mais auprès duquel est rattachée une «ministre déléguée» en la personne d’Agnès Pannier-Runacher. Le rôle précis de l’ancienne ministre de la Transition énergétique n’est pas précisé dans le communiqué, contrairement à celui des autres «ministres délégués». Par le passé, le ministère de l’Agriculture a déjà connu un ministre délégué, sous la présidence de François Hollande. Il s’agissait de Guillaume Garot, ministre délégué à l’agroalimentaire, auprès du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. En tant qu’ancienne ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher a une bonne expérience de l’agroalimentaire. A cette fonction, elle a notamment coanimé de nombreux comités de suivi des négociations commerciales, aux côtés des anciens ministres de l’Agriculture Didier Guillaume et Julien Denormandie. «Le ministère de l’Agriculture se renforce pour accompagner les agriculteurs, les entreprises alimentaires et les forestiers», a commenté Marc Fesneau sur X (ex-Twitter), sans préciser le rôle de Mme Pannier-Runnacher. Jusqu’ici secrétaire d’Etat à la Mer, Hervé Berville est par ailleurs nommé secrétaire d’Etat à la Mer et la Biodiversité, en remplacement de Sarah El Haïry, nommée ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles.

Didier Bouville

La filière laitière française n’est plus la plus durable au monde en 2022, selon une étude publiée par FranceAgriMer le 31 janvier. Elle passe de la première à la troisième place, derrière les Pays-Bas et l’Irlande. La France occupait le haut du podium depuis plusieurs années. La rétrogradation de la filière française est notamment liée à un recul de la production (décapitalisation et sécheresse) et à celui des exportations (en volume) en 2022. Bien positionné à l’export et sur des marchés porteurs, l’Hexagone apparaît cependant comme le plus à même de conquérir de nouveaux marchés. En revanche, «un des freins majeurs à la compétitivité française reste ses coûts de revient élevés, qui pèsent sur les marges des producteurs». L’Irlande s’impose comme l’un de nos principaux concurrents. Depuis la fin des quotas laitiers, sa production a augmenté de 55% et les producteurs, principalement en système herbager avec un bon niveau de marge, ont profité des prix du lait élevés en 2022. Le pays obtient le meilleur score en potentiel de production et durabilité des ressources. Les Pays-Bas tirent leur épingle du jeu, principalement grâce à leur présence à l’export, et le pays se hisse à la première place. Néanmoins, cette photographie sur l’année 2022 ne prend pas en compte le plan de réduction de l’élevage du gouvernement néerlandais.

Didier Bouville

Les agriculteurs espagnols se sont rassemblés le 8 février pour le troisième jour d’affilée dans plusieurs villes du pays, à l’appel cette fois-ci des principaux syndicats agricoles, pour dénoncer les difficultés auxquelles le secteur est confronté. Au lendemain d’une démonstration de force à Barcelone, plusieurs colonnes de tracteurs ont de nouveau investi des axes routiers, notamment en Castille-et-Leon (centre), Castille-la-Manche (centre), dans la région de Valence (est) et dans les Asturies (nord). A l’origine d’une partie de ces rassemblements se trouvent les trois syndicats représentatifs du secteur: l’Asaja (Association agraire des jeunes agriculteurs), l’UPA (Union des petits agriculteurs) et la Coag (Coordination des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs). Ces trois organisations ont justifié cette série de blocages et opérations escargots par le «malaise» ressenti par une grande partie de la profession face à un métier jugé précaire et à une politique agricole commune (PAC) accusée d’être trop bureaucratique. «Si les tracteurs manifestent, c’est parce que le monde rural se sent étouffé», a assuré l’Asaja sur le réseau social X. «Nous sommes arrivés à un point limite», a abondé sur la télévision publique RTVE un responsable de l’UPA, Cristobal Cano, en demandant au gouvernement de «prendre des décisions».

Didier Bouville

Dans un entretien accordé à Agra Presse, à paraître le 9 février, le président du comité scientifique des chambres d’agriculture et chercheur émérite en agronomie de l’Inrae, Jean-Marc Meynard, alerte sur un risque de rupture du dialogue autour du plan Ecophyto, alors que le Premier ministre a annoncé une «pause» dans son élaboration, pour réformer les indicateurs de suivi. «Les indicateurs sont d’une importance cruciale, estime l’agronome. Je ne comprends pas l’idée qui consisterait à mettre en avant un indicateur sans prendre le temps du dialogue avec la diversité des acteurs. Les indicateurs sont à la fois ce qui permet à la société de juger de l’efficacité d’un plan, et aux acteurs de vérifier de l’efficacité de leurs efforts.» Pour Jean-Marc Meynard, «si un indicateur controversé est imposé par l’État et l’Europe, on se dirige vers une évolution très négative d’Ecophyto, puisque personne ne sera d’accord sur l’interprétation des chiffres. Chacun fera référence à l’indicateur qu’il préfère, et plus personne ne se parlera.» Sur France culture le 5 février, le ministre de l’Agriculture a notamment évoqué le HRI, très critiqué par les associations environnementales. Pour le chercheur, la piste de «deux indicateurs, un de dépendance, et un de nocivité serait une manière de dépasser les oppositions, et d’avoir une évaluation plus complète».

Didier Bouville

Après avoir atteint 4,8 milliards d’euros (M€) en 2022, soit son plus haut niveau historique, le solde commercial agricole de la France se dégrade de nouveau en 2023 et s’établit à 1,2M€, d’après les données des douanes publiées le 7 février. «Le solde agricole reste excédentaire mais à un niveau près de quatre fois moindre qu’en 2022», souligne le département des statistiques et des études du commerce extérieur. L’année 2022 avait été exceptionnelle au regard de l’évolution de la balance commerciale française qui décline depuis plusieurs années. La forte dégradation en 2023 s’explique notamment par le recul des exportations, en lien avec la baisse des prix agricoles. Les exportations s’établissent à 19,1 M€ en 2023, soit une baisse de 14,9% par rapport à 2022. Elles avaient bondi de 36% en 2022 avec l’envolée des prix des céréales. Les douanes relèvent une baisse des envois vers les pays africains en 2023. Quant aux importations, elles continuent de progresser et atteignent 17,9 M€ en 2023 (+1,3%). La croissance des importations en valeur ralentit néanmoins par rapport à 2021 et 2022, quand elle atteignait plus de 12%. Contrairement aux produits agricoles, les exportations de l’agroalimentaire progressent en 2023 : l’excédent commercial du secteur s’établit à 6,7M€.

Didier Bouville

Quelques semaines après les inondations dans le Pas-de-Calais, un décret relatif aux opérations d’entretien des milieux aquatiques a été publié au Journal officiel le 1er février. D’après l’article 6, le curage ponctuel doit consister en «une intervention ayant uniquement pour objet la restauration des fonctionnalités naturelles des milieux aquatiques». L’objectif étant de «remédier à un dysfonctionnement du transport naturel des sédiments de nature à empêcher le libre écoulement des eaux ou à nuire au bon fonctionnement des milieux aquatiques ou de lutter contre l’eutrophisation» (l’apport excessif d’éléments nutritifs dans les eaux, Ndlr). Contacté le 6 février par Agra Presse, le ministère de la Transition écologique a confirmé que ledit décret bénéficiera de la rubrique 3 350 (restauration des fonctionnalités naturelles des milieux aquatiques) de la nomenclature IOTA (installations, ouvrages, travaux et activités). Cette rubrique permet d’alléger la procédure pour certains projets en faveur de l’environnement, soumis alors à déclaration au lieu d’une autorisation. «Concrètement, une fois le dossier déposé, une instruction d’autorisation dure environ neuf à douze mois, alors que le délai d’une déclaration est de deux mois», avait précisé le ministère de la Transition écologique à Agra Presse mi-janvier.

Didier Bouville

La Commission européenne a proposé, le 6 février, un nouvel objectif climatique pour l’UE à l’horizon 2040, recommandant de viser une baisse nette des émission de gaz à effet de serre de 90% par rapport à 1990 pour atteindre, comme convenu, la neutralité carbone en 2050. Contrairement à ce qui a pu être initialement envisagé, la communication (non contraignante) mise sur la table ne prévoit aucun réel objectif pour le secteur agricole. Bruxelles se contente de vanter les mérites d’une approche globale du secteur alimentaire jugée «plus efficaces que d’examiner le secteur de l’agriculture isolément, car de nombreuses décisions avec un grand potentiel d’atténuation sont prises en dehors des exploitations agricoles» (fabrication d’engrais, réduction du gaspillage alimentaire, choix alimentaires des consommateurs…). La Commission européenne souhaite donc promouvoir des «politiques efficaces qui récompensent les bonnes pratiques» pour réduire les émissions du secteur tout en améliorant l’absorption du carbone dans les sols et les forêts.

Didier Bouville

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé, le 6 février en ouverture de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg, le retrait de la proposition de règlement sur l’utilisation durable des pesticides. Cette proposition, a-t-elle souligné, «est devenue un symbole de polarisation», rejetée fin novembre par le Parlement européen. Et «il n’y a plus aucun progrès au Conseil de l’UE non plus, je vais donc proposer au collège de retirer ce texte», a ajouté la présidente de la Commission européenne. Elle assure toutefois que «bien sûr les sujets demeurent. Nous allons réfléchir à un nouvelle approche plus mûrie en concertation avec les parties prenantes». Ursula von der Leyen compte sur le dialogue stratégique sur l’agriculture, lancé fin janvier et dont les conclusions sont attendues pour le mois de septembre, afin de fixer un nouveau cap. La présidence belge du Conseil de l’UE tentait depuis début janvier de sauver le texte. Elle en avait proposée une version allégée supprimant les dispositions visant à fixer des objectifs chiffrés de réduction des pesticides, ainsi que celles limitant leur utilisation dans les zones dites sensibles, et se concentrant sur le déploiement de la lutte intégrée et des molécules de biocontrôle.

Didier Bouville

Des agriculteurs bulgares ont manifesté le 6 février dénonçant à leur tour les importations d’Ukraine, des conditions précaires et des normes écologiques européennes jugées excessives. «C’est un enfer ! Nous sommes sur la corde raide», a déclaré à l’AFP Ventsislav Mitkov, un petit producteur de céréales de 42 ans venu manifester à Breznik (ouest). «De nombreux agriculteurs risquent la faillite d’ici six mois si nous ne recevons pas les subventions qui nous sont dues et des dédommagements face à la concurrence déloyale ukrainienne». Brandissant le drapeau bulgare et actionnant leurs klaxons, des centaines de tracteurs ont entravé la circulation à travers le pays des Balkans. Les protestataires menacent d’étendre leurs actions dans les prochains jours. Le Premier ministre Nikolay Denkov a promis de «débloquer au plus vite l’aide pour ceux qui en ont vraiment besoin» et de s’entretenir avec Bruxelles. En première ligne, la Commission européenne a enterré mardi un projet législatif visant à réduire l’usage des pesticides, dans un nouveau gage donné aux agriculteurs. La grogne monte aussi contre l’exemption de tarifs douaniers accordée en 2022 aux produits agricoles ukrainiens. Devant l’afflux de céréales bon marché sur le sol bulgare, le secteur dénonce de longue date cette concurrence «faussée», avec déjà des manifestations au printemps 2023.

Didier Bouville

«La question de la contractualisation et de l’extension d’Egalim à d’autres secteurs est une question largement devant nous… La porte est ouverte côté gouvernement. Puisque ça a pu protéger un certain nombre de secteurs, est-ce qu’il ne faut pas aller plus loin?», a déclaré le ministre de l’agriculture Marc Fesneau, le 5 février. Certains secteurs avaient fait le «choix» de ne pas intégrer les dispositions de la loi Egalim 2, comme les fruits et légumes, le vin et les céréales, en raison de spécificités de production et de marché, rappelle M. Fesneau. «Ça ne veut pas dire que tout le monde doit rentrer, c’est très complexe», tempère-t-il. Selon la Cnaoc, certains vins sous appellations pourraient vouloir intégrer le dispositif. Pour renforcer l’efficacité d’Egalim, la locataire de la Rue de Varenne évoque une possible nouvelle évolution de la loi «pour éviter en particulier ce qu’on voit maintenant, c’est-à-dire l’achat de produits français à l’extérieur des frontières» via des centrales d’achat. En outre, le ministre a réaffirmé la volonté du gouvernement de travailler à «une forme d’Egalim européen qui ne mettrait pas les agriculteurs en concurrence face aux gros acteurs de la distribution européen». La France veut lancer à l’été 2024 une «initiative européenne pour renforcer et durcir le cadre applicable», précise Bercy.

Didier Bouville