Aveyron | Par Eva DZ

Vendanges 2025 : Une question de choix et de patience

Quelques semaines après la fin des vendanges, Isabelle Vialettes, œnologue, conseillère viti-vinicole à la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, livre son analyse sur la saison.

Le point fort du millésime 2025 est l’absence de pression de maladies sur les vignes et le raisin, grâce à l’engagement des vignerons.

«Entre les orages de grêle, les coups de chaud de l’été et les épisodes de fortes pluies, les vignerons ont dû prendre les bonnes décisions pour maintenir la qualité». Le résumé d’Isabelle Vialettes confirme les difficultés rencontrées par les viticulteurs de l’Aveyron cette année. «La situation est très hétérogène selon les zones géographiques mais de façon générale, la quantité est un peu moins importante qu’espérée», analyse-t-elle. Pour autant les volumes, s’ils sont «petits», sont de qualité.

Anticipation, résilience

La conseillère spécialisée de la Chambre d’agriculture confirme une année «sanitaire saine en période végétative dans les vignes du département» et «sans pression de maladie», se basant sur les contrôles qu’elle a pu réaliser. «S’il n’y avait pas eu ces orages de grêle localisés, notamment sur Estaing en juin et Millau en août, puis les coups de chaleur en juin puis en août, la saison aurait été top !». Le développement des baies a en effet, été ralenti par la sécheresse même si les pluies du début d’automne ont permis aux grains de se «regonfler».
«Je tire mon chapeau à tous les vignerons de l’Aveyron, qui enchaînent les millésimes compliqués : gel de printemps, grêle, pression des maladies…». Isabelle Vialettes salue leur «résilience» : «la qualité du millésime fait du bien au moral de tous, et en particulier des nouveaux qui se sont installés ces dernières années. Avant on vivait une mauvaise récolte tous les 5-10 ans, aujourd’hui c’est plutôt l’inverse», regrette-t-elle, rappelant la mauvaise récolte en 2024, voire son absence totale parfois, suite au gel de printemps, mettant à mal les stocks dans les caves !
«La viticulture et l’œnologie sont des métiers de patience, difficiles tant moralement que financièrement parce que les années compliquées, il faut savoir passer outre et continuer à tailler patiemment pour que les vignes préparent leurs réserves pour l’année suivante. C’est ce qu’ont su faire les vignerons cette année et cela porte ses fruits», avance Isabelle Vialettes. «Bravo pour leur remise en question permanente, leur capacité à se relever après les coups durs. La bonne santé des vignes a été un atout cette année pour eux, ce qui n’a pas été le cas partout dans les vignobles du Sud-Ouest», indique-t-elle.
Elle note aussi «une sacrée force d’adaptabilité des vignes» face à ces aléas récurrents, ces perturbations répétitives des cycles végétatifs : «on voit les traces sur les vignes, à long terme : des défoliations, des grains qui sèchent… Nous avons la chance d’avoir des cépages rustiques, résistants, comme le Fer servadou (Mansois) qui, une fois encore, nous prouve son adaptabilité à notre terroir». A ce sujet, l’Institut français de la vigne et du vin mène un travail de recherche, de longue haleine, sur les cépages résistants : «Ce travail est long parce qu’il est complexifié par la diversité des aléas subis sur les vignes : maladies, sécheresse, gel précoce… La plus grosse difficulté est d’anticiper !».

Frustration

Elle n’oublie pas aussi la qualité du travail réalisé dans les chais, soulignant «la professionnalisation». «La notoriété de nos vins s’est nettement améliorée, y compris sur notre propre territoire aveyronnais. Nos vins plaisent et sont attendus, c’est d’autant plus frustrant pour nos vignerons quand ils n’ont pas les volumes attendus pour répondre à la demande !».
Si certains vignobles français sont confrontés au programme d’arrachage des vignes, en Aveyron, il n’y a pas de dossier en la matière : «La plus grande difficultés de nos vignerons quels que soient l’appellation est de satisfaire les marchés. Leur première préoccupation est d’avoir le raisin !», saluant au passage le travail collectif de promotion des vins de l’Aveyron sous appellation, lors des foires aux vins estivales (lire la VP du 9 octobre), lors du Wine Tour organisé en juin… sous l’égide de la Fédération des vins de qualité de l’Aveyron. «Nos AOP ont permis d’inscrire le vin dans notre territoire, elles sont une chance et méritent pleinement la reconnaissance», conclut Isabelle Vialettes.


Eva DZ

Toutes les actualités

Sur le même sujet

Vendredi 25 juillet, de 16h à 22h, Entraygues sur Truyère accueille la foire aux vins de l’Aveyron. L’ensemble des appellations du départements seront à l’honneur sous les platanes ! Thibéry Dupire, Philippe Gard, Pierre Albespy et Laurent Mousset, les vignerons d’Entraygues-Le Fel sont heureux d’accueillir la foire aux vins ce 25 juillet. Cette année, c’est au tour du vignoble d’Entraygues-Le Fel d’accueillir la foire aux vins itinérante organisée chaque année par la Fédération des vins de qualité de l’Aveyron. Un retour aux sources puisque la première édition, il y a 3 ans, avait eu lieu à Entraygues ! Depuis, Millau, Villefranche de Rouergue ont reçu ce rendez-vous de juillet qui complète la traditionnelle foire aux vins de Marcillac du mois…