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Sous l’effet cumulé de la décapitalisation et des maladies vectorielles, la production française de viande bovine devrait chuter de 1,8% en 2025 (à 1,29 Mtéc), selon les prévisions de l’Institut de l’élevage (Idele). La maladie hémorragique épizootique (MHE) et la fièvre catarrhale ovine (FCO) provoquent «une surmortalité et des problèmes de fertilité», analyse l’institut technique dans un communiqué le 22 janvier. Des difficultés de reproduction qui ont incité les éleveurs à faire abattre plus de vaches. Le contrecoup? Une reprise de la décapitalisation à l’automne 2024, suivie en 2025 de moindres réformes et donc d’une baisse attendue de la production de femelles (-3,6%). La production de broutards, elle, devrait chuter lourdement (-8,2%, à 862 000 têtes), cumulant déficit de naissances et réorientation des jeunes animaux vers l’engraissement. «Les engraisseurs français sont parvenus à stabiliser leurs achats en 2024», note l’Idele, avec une production de taureaux et taurillons stable en 2025 (après +2,1% en 2024). Quant à la production de veaux de boucherie, après deux années de forte chute aggravée par la flambée de l’énergie, elle voit sa «baisse structurelle» ralentir en 2024 (-4,3%) et probablement en 2025 (-2%).

Elisa Llop

Pratiquant des expériences sur l’espèce modèle Drosophila melanogaster (mouche du vinaigre), des chercheurs sont parvenus à créer des individus mâles génétiquement modifiés produisant du liquide séminal toxique pour les femelles. Ces dernières sont généralement les plus nuisibles pour la santé végétale ou humaine. D’après une étude parue dans la revue scientifique Nature Communications du 7 janvier, la longévité des dites femelles est drastiquement réduite suite à l’accouplement avec les mâles « toxiques ». En tuant directement les femelles accouplées, l’intérêt de cette nouvelle technique est de les empêcher de s’attaquer aux cultures (ou aux humains) immédiatement. Il s’agit du principal avantage par rapport à la stratégie de lutte biologique via le lâchage d’insectes stériles ; avec cette technique, testée en culture de cerise contre la drosophile à ailes tachetées (Drosophila suzukii), les œufs résultant des croisements entre mâles stérilisés et femelles sauvages ne se développent pas, mais ces femelles peuvent tout de même engendrer des dégâts. Cette découverte pourrait potentiellement s’appliquer pour lutter contre «la légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda)», un ravageur majeur du maïs, du sorgho, du coton etc., ou justement «contre Drosophila suzukii, qui s’attaque aux petits fruits (cerise, framboise, fraise, myrtille…)», complète Nicolas Rode, chercheur à Inrae.

Elisa Llop

L’Agence européenne des médicaments (EMA) «a recommandé l’approbation des vaccins Bluevac-3 et Syvazul BTV 3» contre la fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 (FCO-3), a-t-elle annoncé dans un communiqué le 17 janvier. Le premier peut être utilisé sur les bovins et ovins, quand le second sera réservé aux ovins. Ces deux vaccins vivants inactivés sont recommandés «sous des circonstances exceptionnelles», précise l’EMA, car les vaccins contre la FCO déjà autorisés dans l’UE «montrent peu de protection» contre le sérotype 3, apparu à l’automne 2023 aux Pays-Bas, puis en août 2024 en France. Chaque vaccin a été évalué par deux études. En France, ces autorisations ne devraient pas changer la situation sur le terrain – en tout cas à court terme. À l’été 2024, le Bluevac-3 avait déjà décroché une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) dans l’Hexagone, et il est déjà utilisé dans le cadre de la campagne de vaccination publique. Quant au Syvazul BTV 3, à l’heure actuelle, «il n’est pas mis sur le marché», indique GDS France (groupements de défense sanitaire) à Agra Presse. Pour ces deux vaccins, le feu vert de l’EMA constitue toutefois «la première étape pour l’obtention de l’AMM» (autorisation de mise sur le marché), rappellent les GDS.

Elisa Llop

Le syndicat Fransylva (forestiers privés) appelle, dans un communiqué du 23 janvier, à des «mesures urgentes» de l’État face aux «pillages» des forêts françaises qui alimentent le trafic de bois à l’étranger. Selon le syndicat, les forêts des départements des Vosges, de la Haute-Marne et de l’Aube ont été le théâtre de nouveaux vols de bois, après une série d’opérations criminelles découvertes en Occitanie, en Ile-de-France, en Moselle et en Meuse ces derniers mois. «Les particuliers propriétaires de forêts représentent 75% de la surface forestière française et doivent faire face à des réseaux mafieux avec des professionnels du pillage, des informateurs sur place et des ramifications vers l’étranger», alerte Antoine d’Amécourt, président de Fransylva. Concrètement, le syndicat demande la création d’une cellule dédiée sur tout le territoire mobilisant le renseignement, les forces de l’ordre et les douanes. En outre, il demande une accélération des procédures, via leur instruction par le Garde des Sceaux, mais également un alourdissement des sanction pénales contre ces actes. Enfin, il souhaite la création d’un fonds de dédommagement pour les particuliers propriétaires de forêt, soulignant qu’ils ne sont pas assurés contre de tels vols.

Elisa Llop

Selon l’Observatoire structurel des entreprises horticoles et des pépinières ornementales 2024 de FranceAgriMer et Valhor (interprofession), réalisé par le cabinet AND, les surfaces de production horticole en France ont reculé singulièrement de 10,7%, passant de 18 000 ha à 16 199 ha entre 2021 et 2023. Elles reviennent plus ou moins à leur niveau de 2017 (16 152 ha). Le mouvement de baisse est très marqué pour la pleine terre (11 923 ha, -16,4%) et le tunnel (478 ha, -11,4%), alors que les surfaces en serres restent globalement stables (1118 ha, -0,8%). Il faut cependant noter la forte progression des surfaces de production en conteneurs qui, avec 2600 ha en 2023, gagnent plus de 21%. Dans l’enquête, les répondants indiquent que 46% de leurs surfaces couvertes sont chauffées; elles étaient 59% en 2021. «Par extrapolation sur l’ensemble des surfaces couvertes, on estime à environ 730 ha la surface des serres chauffées», notre le cabinet AND. Soit un recul de 20% en deux ans.

Elisa Llop

Pays les plus boisés d’Europe, la Suède et le Finlande ne protègent pas suffisamment leurs forêts primaires et anciennes en y autorisant l’abattage, au point de ne pas respecter leurs engagements européens, estime le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans un rapport publié le 23 janvier. «Des milliers d’hectares de forêts présentant une grande valeur de conservation sont abattus chaque année, malgré leur importance pour la stabilité du climat, la biodiversité et la santé écologique à long terme», précise l’association dans un communiqué. Selon elle, les deux pays nordiques «exploitent des failles juridiques» pour permettre l’abattage d’arbres dans des forêts qui devraient être protégées selon la réglementation européenne. Alors que l’association demande à la Suède de protéger une part plus importante de ses forêts, en imposant un moratoire sur la sylviculture dans certaines zones, les propriétaires de forêts disent se conformer à la législation actuelle et plaident pour ce type d’abattages, qu’ils jugent raisonnés. Selon la législation européenne sur la restauration de la nature entrée en vigueur en août 2024, 20% des espaces naturels doivent être revenus d’ici 2030 à l’état dans lequel ils étaient dans les années 1950. Toutes les forêts, qu’elles soient naturelles ou cultivées pour la sylviculture, sont concernées.

Elisa Llop

LA SNFM (fermiers et métayers, FNSEA) organise son congrès, les 4 et 5 février à Aurillac (Cantal), sur le thème «Facilitons la mise à bail!». «On doit faciliter la mise à bail pour que les agriculteurs puissent investir dans leur outil de production», a déclaré le président Sébastien Delafosse, lors d’une conférence de presse le 22 janvier. Les nouveaux propriétaires seraient aujourd’hui moins enclins à louer leurs terres, d’après lui. Cela rend l’installation plus «compliquée», quand l’achat de foncier mobilise d’importants capitaux. «Il faut trouver des solutions pour donner aux propriétaires l’envie de louer», affirme Sébastien Delafosse. Tel est l’objectif de quatre groupes de travail, prévus au congrès lors de la première journée à huit clos. Au programme: «Comment faciliter la mise à bail, l’installation et la promotion du fermage?»; «Comment aider à la conclusion de baux: incitations fiscales et sécurité juridique?». «C’est souvent par méconnaissance du statut du fermage que les propriétaires sont réticents à louer», estime le secrétaire général Denis Labri. Pour nourrir ses travaux, la SNFM compte notamment explorer un rapport des inspections générales CGAAER (ministère de l’Agriculture) et IGF (Économie) sur les freins au renouvellement des générations. Une garantie des fermages impayés y est notamment proposée.  

Elisa Llop

L’article premier de la proposition de loi (PPL) sur «l’exercice de la démocratie en agriculture», qui vise à autoriser les administrateurs des coopératives à participer aux bureaux des Chambres d’agriculture, a été finalement rétabli et adopté par les députés en séance publique le 22 janvier, avec le soutien du groupe socialiste et du Rassemblement national. En commission, cet article avait vidé de son contenu par des amendements socialistes avec le soutien du Rassemblement national, qui avait indiqué avoir voté pour ces textes par erreur, et qu’il corrigerait le tir dans l’hémicycle  – le député de l’Aude Frédéric Falcon s’était alors défendu, à l’issue d’une suspension de séance, de tout «accord de couloir». En séance publique, le groupe Rassemblement national a indiqué, lors de la discussion générale, qu’il voterait en faveur du texte. Lors des vœux à la presse des Chambres d’agriculture, son président Sébastien Windsor a indiqué son souhait de voir le texte adopté avant le Salon de l’agriculture (22 février – 2 mars). «Il n’y a pas de problème pour les élire, au sein du collège coopérateurs, mais cela poserait problème pour désigner le bureau, ce qui doit être fait entre le 8 février et le 8 mars». Au Sénat, l’examen devrait se tenir après celui de la LOA, qui est prévu du 4 au 18 février. Une conférence des présidents du Sénat se réunira le 29 janvier pour statuer sur ce calendrier.

Eva DZ

Alors que France Stratégie vient de publier un rapport sur l’évolution de la demande en eau d’ici 2050, le président des Irrigants de France (FNSEA) Éric Frétillère demande, dans un communiqué du 22 janvier, que l’agriculture soit considérée comme «une activité d’intérêt général majeur dans les arbitrages sur les usages de la ressource». «Le changement climatique, dont le monde agricole est la première victime, bouleverse nos façons de produire… », prévient M. Frétillère. Et d’ajouter qu’il «faut tenir compte et ne fermer la porte à aucune solution viable comme le développement des solutions de stockage en fonction des spécificités de chaque territoire». En outre, le syndicat plaide pour que soient menés des travaux de recherche et développement (génétiques, numériques, technologiques) pour «renforcer la trajectoire d’amélioration de l’efficience de l’eau d’irrigation». Commandé à l’automne 2023 par la Première ministre de l’époque, Élisabeth Borne, le rapport de France Stratégie confirme que l’agriculture est le secteur pour lequel l’évolution du climat jouera un rôle essentiel. Il note toutefois que les retenues de substitution n’auront qu’un «effet limité» pour contenir la hausse de la demande en eau d’irrigation, exacerbée par l’augmentation des surfaces irriguées.

Elisa Llop

L’entreprise néerlandaise Mosa Meat a annoncé, le 22 janvier, avoir soumis à la Commission européenne la première demande d’autorisation de mise sur le marché en tant que nouvel aliment pour de la graisse de bœuf cellulaire. Ce spécialiste de la viande de laboratoire espère, «en commençant par la graisse cultivée, ouvrir la voie» à une autorisation plus large de la viande cellulaire dans l’UE. La première (et seule autre) demande d’approbation pour de la viande in vitro dans l’UE a été déposée en juillet 2024 par l’entreprise française Gourmey, pour du foie gras à partir de cellules cultivées. Mosa meat indique commencer par un seul ingrédient (la graisse) car «contrairement à Singapour, par exemple, où des produits entiers sont évalués, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) examine chaque nouvel ingrédient individuellement». Une fois que la demande aura passé le contrôle de validité de la Commission européenne, elle sera transmise à l’Efsa pour une évaluation approfondie des risques. Puis, si un avis positif est rendu, la Commission présentera aux États membres une proposition de règlement visant à autoriser sa mise sur le marché de l’UE. L’ensemble de la procédure prend généralement autour de18 mois.

Elisa Llop