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De la même façon que la commission des affaires économiques le 22 octobre, les députés de la commission des finances ont voté, pour avis, de nombreux amendements d’appel opérant des hausses de certaines dépenses, sans que ces décisions ne préjugent de ce qu’il se passera en séance publique. Comme en commission des affaires économiques, la gauche a appelé le gouvernement à «lever le gage», autrement dit à permettre des dépenses supplémentaires. A défaut, de nombreux amendements ont été adoptés augmentant certaines enveloppes spécifiques au détriment d’enveloppes d’aides générales (programme 149 : compétitivité et durabilité de l’agriculture) ou du TO-DE, notamment signés de la rapporteuse LFI, Manon Meunier. La députée a fait adopté un nouveau programme de prêts garantis par l’Etat à destination des viticulteurs (200M€), le financement d’un «conseil agronomique global» conduit par les chambres d’agriculture (20M€), la création d’un «fonds égalité des genres» (100M€), une baisse du budget de la gestion des risques de 185 M€, des hausses des budgets de l’AITA (installation), l’Area (aide à la relance), de l’INAO (signes de qualité), l’ONF (forêts), la Snanc (nutrition-climat), l’aide à la filiere noisette (20 M€), ou du service de remplacement (20 M€).

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Comme en commission, l’Assemblée nationale a adopté le 7 novembre, contre les avis du gouvernement et du rapporteur, des amendements pour généraliser l’affichage du Nutri-Score sur les emballages des aliments, en excluant de cette mesure certains produits, par exemple ceux portant le label AOP. Cette obligation était proposée par des amendements identiques des socialistes et des écologistes, et a été adoptée à main levée dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026. Un amendement impose une taxe sur le chiffre d’affaires des entreprises qui n’afficheraient pas le Nutriscore sur leurs produits. Un autre impose son affichage sur les publicités pour des produits alimentaires. «Votre amendement contrevient au droit de l’Union européenne avec un risque de sanction», a taclé la ministre de la Santé Stéphanie Rist, qui avait émis un avis défavorable, tout en assurant partager «l’intérêt» pour le Nutri-score. Un sous-amendement du député Renaissance Jean-François Rousset, précisant la mesure, a été adopté pour exclure de cette obligation les «produits bénéficiant d’un signe national ou européen de qualité dont la liste est définie par décret». Ces produits pourront notamment être ceux bénéficiant des labels d’appellation d’origine protégée ou contrôlée (AOP ou AOC) ou d’indication géographique protégée (IGP).

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Le think tank The Shift Project a annoncé, dans un communiqué du 6 novembre, le lancement d’un réseau apartisan et asyndical d’agriculteurs, baptisé « Agri2050 ». Prévu pour être inauguré le 29 novembre, ce réseau – matérialisé par une communauté WhatsApp dédiée – vise à rassembler les agriculteurs de tous horizons afin de les fédérer autour de la transition agricole, et à réfléchir depuis le terrain à la manière de la mettre en œuvre concrètement. « L’objectif de cet espace de dialogue entre professionnels est de faire émerger des consensus, d’apaiser et dépolariser le débat sur la transition du secteur, sans entrer dans les conflits idéologiques, syndicaux ou partisans », précise le think tank. À plus long terme, Agri2050 a pour objectif de porter ces préoccupations dans le débat public par la voix des agriculteurs engagés dans le réseau. En décembre 2024, le rapport du Shift Project intitulé « La grande contribution des agriculteurs » avait révélé que 80 % des agriculteurs sont inquiets pour la viabilité de leur ferme face aux enjeux climatiques et environnementaux. Encore davantage se disent prêts à s’engager dans une transition pour une agriculture plus résiliente. Or, beaucoup estiment que leurs inquiétudes sont mal représentées dans les débats sur l’avenir de leur secteur, selon le rapport.

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L’association « Les Voix agricoles », qui forme des groupes d’agriculteurs à la prise de parole dans les médias, tiendra sa première assemblée générale le 12 novembre, annonce sa cofondatrice Marine Colli dans un entretien accordé à Réussir.fr. « L’objectif de l’association est de faire émerger des témoignages individuels d’agriculteurs », explique cette ancienne lobbyiste de la filière bovine (FNB, Interbev). Partant du constat que « le débat public autour de l’agriculture est très polarisé » entre organisations agricoles et ONG, elle a fondé l’association avec trois agriculteurs, Bruno Dufayet (ex-président de la FNB), Philippe Collin (Haute-Marne) et Alexandre Merle (ex-Interbev), élu président. Après une première promotion de 15 membres recrutés en 2024, Les Voix agricoles va bientôt former un second groupe. « La promotion sera de 25 agriculteurs, avec un budget financé par des fondations, parmi lesquelles notamment la Fondation européenne pour le climat et la Fondation Crédit mutuel », précise Marine Colli. Dans le cadre de sa formation, la première promotion avait notamment échangé avec Michel Biero (ex-vice-président de Lidl France), Maxime Costilhes (d.g. de l’Ania) ou encore Pascal Berthelot (ancien journaliste radio et animateur de débats).

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Alors que la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) frappe les élevages bovins du département, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs des Pyrénées-Orientales ont demandé le 4 novembre que l’État « remplace l’abattage systématique par un abattage ciblé, limité aux seuls animaux malades ». Il s’agit de la première fois qu’une FDSEA prend cette position, jusque-là tenue par les seuls syndicats minoritaires, ainsi que par un collectif citoyen qui a tenté d’empêcher un abattage sanitaire le 3 novembre. Dans un communiqué diffusé sur Facebook, la FDSEA et les JA justifient leur demande par la « couverture vaccinale, désormais majoritaire dans les troupeaux » : au 4 novembre, 90 % des 13 000 bovins du département étaient vaccinés ; les 100 % devraient être atteints en fin de semaine, selon le préfet, cité par L’Indépendant (article payant). Par ailleurs, en pleine controverse sur le cas de quatre vaches abattues sur ordre de l’administration et abandonnées en estive, la FDSEA demande que les animaux contaminés soient « abattus en priorité à l’abattoir, et non sur l’exploitation ». Autres demandes : « pérenniser la stratégie vaccinale » et verser une « indemnisation intégrale et immédiate ». Les Pyrénées-Orientales ont connu leurs premiers foyers de DNC à la mi-octobre, et le département en compte désormais 11.

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La deuxième zone réglementée française au titre de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), établie autour d’un foyer dans le Rhône, a été levée le 5 novembre, a annoncé le ministère de l’Agriculture le lendemain. Cette zone réglementée « devient une  » zone vaccinale « , ce qui facilite les mouvements des bovins de cette zone vers la zone indemne », précise la Rue de Varenne dans un communiqué. Selon la carte diffusée par le ministère, une partie de la zone (nord-est du département du Rhône) reste toutefois classée « zone de surveillance », en raison des foyers dans l’Ain situés à moins de 50 km. La zone réglementée du Rhône avait été instaurée le 18 septembre après la découverte d’un foyer dans un élevage laitier à Saint-Laurent-de-Chamousset, dans les monts du Lyonnais. Aucun autre cas n’y a été recensé depuis, preuve que « la mobilisation collective porte ses fruits », selon le ministère. La première zone réglementée, dans les Savoies, a été levée le 22 octobre. Trois autres zones réglementées sont encore en vigueur en raison de foyers dans l’Ain, le Jura et les Pyrénées-Orientales. Par ailleurs, comme prévu, les restrictions temporaires mises en place au niveau national (interdictions des rassemblements et marchés de bétail) ont été levées, rappelle la Rue de Varenne.

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Dans une lettre ouverte datée 5 novembre adressée aux ministres français et allemand de l’Agriculture (Annie Genevard et Alois Reiner), une coalition d’agriculteurs des deux côtés du Rhin fait pression pour que ces Etats membres rejettent la ratification de l’accord commercial UE/Mercosur en cours de discussion. « La France et l’Allemagne peuvent et doivent, ensemble, montrer la voie à l’Union européenne vers un commerce plus juste, un projet agricole porteur de progrès social et environnemental plus cohérent, des objectifs de transition réalistes », indiquent les signataires mettant une nouvelle fois en avant les conséquences néfastes de l’accord pour l’agriculture. Un point sur lequel s’aligne la Hongrie. A l’issue d’un entretien téléphonique avec son homologue français (Benjamin Haddad), Péter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères a rappelé la position ferme de son pays contre le texte. « Nous ne sommes pas prêts à sacrifier l’agriculture hongroise. Nous soutenons nos agriculteurs et rejetons fermement cet accord dans sa forme actuelle », a-t-il indiqué, dans un message posté le 4 novembre sur le réseau social X, tout en dénonçant les pressions de Bruxelles pour faire accepter ce traité. Enfin, de leur côté, les députés Les Républicains menés par Laurent Wauquiez ont demandé, dans un courrier le 3 novembre, au Premier ministre Sébastien Lecornu l’organisation d’un vote au Parlement sur le traité, qu’ils contestent.

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Alors que le Parlement européen et d’autres institutions, comme le comité européen des régions, mettent la pression sur la commission européenne pour qu’elle revoit sa proposition de cadre financier pluriannuel, notamment en ce qui concerne la Pac, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, a donné des signes d’ouverture lors d’un échange le 5 novembre avec les eurodéputés de la commission de l’Agriculture. Il s’est dit « convaincu » qu’il y aurait les « mouvements nécessaires » pour répondre aux priorités du Parlement européen. « Nous avons écouté très attentivement les attentes et les demandes du Parlement « concernant les critiques sur l’intégration de la Pac dans les futurs plans de partenariat nationaux et régionaux, a-t-il indiqué. Et de poursuivre : ces demandes ont été entendues car il est « dans l’intérêt de nous tous de parvenir à un accord acceptable pour chacun – un accord qui offre les moyens, les simplifications et les responsabilités nécessaires à tous les niveaux ». S’ils ne sont pas entendus, les principaux groupes politiques de l’hémicycle menacent de rejeter la proposition sur les partenariats nationaux et régionaux qui comprend une part importante des disposition pour la future Pac

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Plus d’une centaine de scientifiques ont signé une lettre ouverte, publiée le 5 novembre, appelant les dirigeants du monde entier à limiter l’essor jugé « dangereux » des biocarburants issus de biomasse agricole, à la veille de la COP30 qui se tiendra à Belém (Brésil). Cette publication intervient alors que le Brésil cherche à obtenir un engagements des dirigeants internationaux en faveur d’un plan visant à quadrupler l’usage des « carburants durables », incluant un doublement de la consommation de biocarburants, présentés comme un élément clef de la lutte contre le changement climatique. « De nombreuses preuves scientifiques montrent que, loin d’être une solution durable comme le prétendent de nombreux gouvernements, cette source d’énergie est aujourd’hui responsable, à l’échelle mondiale, de 16 % d’émissions de gaz à effet de serre de plus que les combustibles fossiles qu’elle remplace », avertissent les signataires. D’ici 2030, les biocarburants pourraient émettre chaque année 70 Mt CO2e supplémentaires, soit l’équivalent de 30 millions de voitures diesel supplémentaires sur les routes. Les scientifiques mettent également en garde contre les effets délétères d’une telle expansion sur l’environnement. Ils soulignent en outre qu’une utilisation accrue de biocarburants pourrait provoquer une hausse et une plus grande volatilité des prix alimentaires, tout en détournant des calories de la consommation humaine.

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Selon une publication scientifique parue fin octobre dans la publication « So What ? » de la Chaire Unesco Alimentations du monde, les PAT (Projets alimentaires territoriaux) ont la capacité de faire émerger des filières maraîchères dans le cadre de systèmes agricoles et alimentaires laissant peu de place à cette diversification. L’étude, conduite par l’Inrae, a mis en avant le rôle d’interface qu’ont joué trois PAT d’Occitanie entre les initiateurs du maraîchage, dont la restauration collective, et les tenants de la spécialité agricole locale – respectivement la viticulture, les grandes cultures et l’élevage. Dans ces trois territoires, les PAT ont pu lever les freins à ce développement en dépit de moyens financiers limités. Ils ont pour cela mis en place des gouvernances adaptées à chaque contexte : soit « territorialisée » afin de convaincre les parties prenantes d’une nécessaire transition agricole et alimentaire, soit « partagée » pour entraîner l’implication collective, soit « centralisée » pour, dit l’étude, « mobiliser efficacement les moyens et définir les objectifs de politiques publiques »

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