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Comme pressenti, l’éleveuse de porcs et ex-patronne de la FNSEA, Christiane Lambert, va prendre le 1er juillet la présidence de la fédération des industriels de la charcuterie (Fict), a annoncé le 28 juin cette organisation qui défend les intérêts de PME et de poids lourds du secteur, comme Fleury Michon. Encore présidente (jusqu’à fin septembre) du Copa (syndicats agricoles majoritaires européens), Christiane Lambert se dit dans un communiqué «convaincue qu’il ne peut y avoir d’agriculture forte sans industrie forte». L’éleveuse du Maine-et-Loire part pour un mandat d’un an, elle envisage de rester deux ans. «J’ai toujours défendu la chaîne alimentaire dans son ensemble. Je trouve très intéressant de pouvoir transformer en France», a expliqué l’éleveuse à l’AFP. «On a beau avoir les porcs les plus jolis de France, s’il n’y a pas un transporteur, un abatteur, un découpeur, un conditionneur, un charcutier, un boucher, et puis un magasin et un consommateur, on ne fera rien», a-t-elle relevé.

La rédaction

Après deux années de hausse grâce au rebond économique post-Covid, la consommation totale de viande est repartie à la baisse en France en 2023, selon une note de synthèse FranceAgriMer/SSP (ministère de l’Agriculture) publiée le 27 juin. Calculés par bilan*, les volumes consommés dans l’ensemble des circuits de distribution ont reculé de 1,4% l’année dernière (-1,7% par habitant). Seules les volailles sont en croissance (+3,5%, à 2 Mtéc), grâce à la reprise de la production après l’influenza aviaire et à la détente des prix de l’alimentation animale, qui a permis de mieux maîtriser l’inflation. Ce rebond concerne en particulier le poulet (+3,7%) et le canard (+13%), visé par la campagne de vaccination. «La consommation de volailles de chair retrouve sa trajectoire de hausse observée depuis vingt ans» (+3,9% par an). Au contraire, les viandes bovine et porcine, pénalisées par l’inflation, atteignent leur plus bas niveau depuis vingt ans: 1,45 Mtéc pour le bœuf (-3,7%/2022) et 2,09 Mtéc pour le porc (-3,7%) – qui reste la viande la plus consommée. Les importations, quant à elles, suivent les tendances de consommation (-6% en bœuf, -5,9% en porc, +4,4% en poulet). À l’exception notable de la viande ovine, pour qui la part des importations s’accroît (+2 points) malgré une production et consommation en baisse (-4,2%, à 149 Mtéc). * Production – exportations + importations

La rédaction

La température annuelle en France hexagonale augmentera de 4°C en moyenne en 2100, par rapport à la période 1976-2005, selon les projections dévoilées par l’Inrae le 28 juin dans le cadre de son projet Explore2 sur l’eau et le climat. Une «forte incertitude» demeure sur le cumul annuel des précipitations, en revanche apparaît «une tendance plus claire à échelle des saisons» avec une pluviométrie en hausse en hiver et en baisse en été, selon le coordinateur scientifique Eric Sauquet. Ce constat sur la pluviométrie se répercute logiquement sur le débit des cours d’eau: Il y a «de fortes incertitudes sur l’évolution du débit annuel» mais «une majorité des projections s’accordent sur une baisse de ces débits pendant les période estivale», a indiqué Eric Sauquet. D’après les projections, l’évapotranspiration augmentera d’environ 25%. La surface de la France touchée par une sécheresse météorologique (déficit de précipitations)- aujourd’hui de type décennal- va doubler, celle touchée par une sécheresse du sol pourrait tripler. La sécheresse hydrologique sera plus marquée notamment dans le sud de la France avec un changement médian du débit d’étiage mensuel quinquennal (QMNA 5) «de l’ordre de -40%».

La rédaction

Livrée par près de 16000 éleveurs laitiers, Sodiaal a affirmé, le 24 juin, son objectif de 1000 nouveaux jeunes agriculteurs et agricultrices installés d’ici à 2030. La coopérative organise les 25 et 26 juin deux journées d’étude à destination des nouveaux installés (226 en 2023) sur le site d’Awoingt dans le Nord, lequel transforme plus de 330 millions de litre de lait chaque année. Sodiaal a dépassé un premier palier qui était le recrutement de 1000 nouveaux exploitants entre 2019 et 2026 : dans les faits, 1232 jeunes se sont déjà installés depuis 2019. Pour accompagner ce renouvellement, Sodiaal propose un programme d’aides baptisé «Sodiaal box» qui inclut, entre autres, une enveloppe de 10 000 euros pour l’installation, une attribution de volumes additionnels de lait sans plafond ou encore des rencontres régulières avec des confrères au niveau régional et national. Par ailleurs, via la brique de lait solidaire «Jeunes Agriculteurs» de la marque Candia, les consommateurs peuvent pour leur part financer un fonds solidaire pour les nouveaux installés. Fin juin, près de 340 000 euros ont été glanés.

Marion Reynes

Un arrêté paru au Journal officiel le 22 juin renforce les mesures de lutte contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR), maladie respiratoire virale qui touche les bovins. Principales nouveautés: le texte durcit les contraintes de mouvements pour les animaux issus de troupeaux non indemnes et de troupeaux infectés, et il introduit une obligation de réforme pour les bovins infectés. À compter de 2025, ceux-ci devront être envoyés directement à l’abattoir, dans un délai qui dépend du pourcentage d’animaux infectés de plus de 12 mois au sein du troupeau : un an en dessous de 20%, deux ans entre 20 et 40%, trois ans au-delà de 40%. Un accompagnement financier est prévu; il devrait faire l’objet d’un autre texte qui n’est pas encore paru. Concernant les restrictions de mouvements, les bovins infectés et vaccinés ne pourront plus être déplacés dans des «troupeaux d’engraissement dérogataires» à partir de 2025. Une interdiction étendue en 2026 à l’ensemble des bovins issus de troupeaux non indemnes. Comme l’analyse Sophie Memeteau, de GDS France, «il y avait besoin de renforcer certains points pour accélérer l’assainissement des troupeaux», afin de parvenir à l’éradication de l’IBR en 2027, à laquelle la France s’est engagée en vertu de la réglementation européenne. En janvier, l’Hexagone comptait 1320 troupeaux détenteurs d’animaux infectés et 96% d’ateliers indemnes (hors engraissement).

Marion Reynes

Les quatre collèges de l’interprofession laitière (Cniel) ne sont pas parvenus à un accord sur la succession de Thierry Roquefeuil (FNPL) à la présidence du Cniel, à l’issue de l’assemblée générale de l’interprofession laitière, le 26 juin. La décision doit être prise à l’unanimité par les vice-présidents représentant les collèges. Or, deux candidats ont brigué la présidence: Pascal Le Brun pour la coopération (Agrial) et Marie-Andrée Luherne pour les producteurs (FNPL). Les noms des quatre présidents de collège sont connus: Marie-Andrée Luherne pour les producteurs, Pascal Le Brun pour les coopératives, François-Xavier Huard (Fnil) pour les industriels privés et Marc Delage (FCD) pour la distribution, le commerce et la restauration collective. Président du Cniel depuis onze ans, Thierry Roquefeuil a quitté ses fonctions le 26 juin. Un accord sur sa succession pourrait être trouvé d’ici la fin du prochain séminaire de l’interprofession, les 2 et 3 juillet. La vacance de la présidence n’entraîne pas de blocage au Cniel, puisque «le président de l’interprofession n’a pas de droit de vote, contrairement aux quatre vice-présidents», explique la directrice Caroline Helleisen Errant. Dans le cas où un vice-président est élu à la présidence de l’interprofession, il doit céder son siège à une autre personne pour assurer la présidence du collège.

La rédaction

D’après les résultats de l’observatoire du groupe coopératif Innoval (génétique et conseil en élevage), présentés le 26 juin, 50% des éleveurs interrogés (plus de 800 répondants) ont expliqué vouloir «plus de temps pour eux sans réduire leur revenu» et 77% souhaitent «diminuer leur temps d’astreinte». «La réduction du temps d’astreinte (tâches quotidiennes, ndlr) est prioritaire par rapport à la réduction du temps de travail périodique (tâches saisonnières, ndlr)», observe Bastien Gires, directeur marketing et technique d’Innoval. Cela se traduit par un recours au service de remplacement et à l’embauche pour 40% des éleveurs cherchant à réduire leur temps de travail. Les autres investissent dans du matériel comme des robots d’alimentation, de traite et des logiciels (38% des réponses) ou délèguent les tâches, s’entraident entre voisins (17%). Trois profils se dégagent de l’étude: les éleveurs individuels spécialisés (en milieu de carrière, plus tournés vers la délégation pour gagner du temps), les structures familiales (plus âgés et perfectionnistes, ils «ne comptent pas leurs heures et demandent peu d’aides») et les collectifs structurés (des jeunes qui planifient plus le travail, investissent et embauchent). «On passe de l’exploitant agricole à l’entrepreneur agricole, on le voit clairement dans les profils», souligne Bastien Gires.

La rédaction

À l’occasion d’une conférence de presse le 26 juin, le président des chambres d’agriculture, Sébastien Windsor, s’est inquiété de ne pas voir l’agriculture figurer dans les priorités des programmes des élections législatives, et lors des premiers débats publics, orientés sécurité, pouvoir d’achat, ou santé. Il craint d’«éventuelles coupes budgétaires» pour son réseau, et un calendrier parlementaire défavorable à l’agriculture. «Les candidats ont ouvert la boite à dépenses, et il peut être facile de baisser les dépenses sur une petit secteur comme l’agriculture», redoute le Normand, qui porte notamment une demande de revalorisation de la taxe affectée aux chambres d’agriculture. Côté calendrier, «le risque est que l’agriculture passe en dessous de la pile» au Parlement, explique la directrice générale, Isabelle Chmitelin. C’est notamment le cas du projet de loi d’orientation agricole (LOA), pour lequel le réseau craint «au mieux un embouteillage, au pire un refus»: «Le texte devra revenir à l’Assemblée, et la première fois, il n’était passé qu’à une trentaine de voix…», se souvient Sébastien Windsor, qui appelle les députés à «ne pas être déceptifs» face à des agriculteurs «en attente». Le réseau attendait également une loi sur la séparation de la vente et du conseil – notamment pour revenir sur les restrictions liées aux élus de chambre. Le véhicule semble loin.

La rédaction

Par plusieurs arrêtés paru au Journal officiel le 25 juin, le ministère de l’Agriculture a révisé à la hausse les montants de plusieurs aides directes découplées et couplées. Côté aides découplées, les droits à paiement de base (DPB) ne subiront pas la baisse de 1% prévue initialement, et les éco-régimes profitent de revalorisations: le montant unitaire de base passe de 46,31 à 49,69 €/ha, le montant supérieur de 63,72 à 67,30 €/ha, et l’éco-régime bio passe de 93,72 à 97,30 €/ha. De même, le montant de l’aide complémentaire JA passe de 4300 à 4469 €. Du côté des aides couplées, plusieurs revalorisations sont annoncées en productions animales et végétales. L’aide aux bovins de plus de 16 mois passe de 106 à 110 €/UGB, l’aide ovine de base passe de 21 à 22 €. Dans le végétal, l’aide à la cerise passe de 590 à 631 €, l’aide au houblon de de 442 à 447 €, et l’aide à la pomme de terre féculière de 84 à 92,40 €. Dans un communiqué paru le 16 juin, le ministère de l’Agriculture a annoncé qu’en raison d’une «souplesse nouvelle de la réglementation européenne», applicable pour cette nouvelle programmation 2023-2027», un «reliquat de paiements directs» sera versé aux agriculteurs français pour un montant de 140 millions d’euros «d’ici juin».

Marion Reynes

C’est une première mondiale : le gouvernement danois va instaurer, à partir de 2030, une taxe carbone sur son agriculture, indique le ministère de l’économie dans un communiqué le 24 juin. La taxation des émissions de gaz à effet de serre (GES) sera progressive. Dès 2030, chaque tonne d’équivalent CO2 émise coûtera 120 couronnes danoises (soit 16€) aux agriculteurs, avant de passer à 300 couronnes (soit 40€) à partir de 2035. Cette mesure va dans le sens de l’objectif du Danemark de réduire de 70% ses émissions de GES d’ici 2030, par rapport à 1990. Le ministère de l’économie indique que cet accord devrait réduire les émissions danoises «de 1,8 million de tonnes d’équivalent CO2 en 2030». Le groupe industriel agroalimentaire danois L&F, qui a participé aux négociations, se félicite de l’obtention d’un modèle fiscal permettant à tout agriculteur «qui utilise des solutions climatiques approuvées et économiquement durables» d’éviter la taxe. Dans l’accord, le gouvernement prévoit aussi de dédier 5,3 milliards d’euros au reboisement de 250.000 hectares de terres agricoles d’ici 2045, à la mise en réserve de 140.000 hectares de plaines d’ici 2030 et au rachat de certaines exploitations agricoles pour réduire les émissions d’azote.

Marion Reynes