National | Par La rédaction
Les responsables de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) ont organisé fin janvier à Paris, une conférence de presse au cours de laquelle ils ont balayé l’actualité agricole. Négociations commerciales, interprofession, Lactalis, sanitaire… Les dossiers en tension restent nombreux.
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Les éleveurs laitiers aimeraient une année 2025 meilleure que l’an dernier, surtout beaucoup plus «apaisée». C’est le souhait de leur président Yohann Barbe, qui attend avec impatience la mise en place des Assises du sanitaire qui doivent se tenir le 30 mars. Le secteur de l’élevage n’a pas été épargné par les différentes épizooties, en particulier la fièvre catarrhale ovine (de sérotype 3 et 8), la maladie hémorragique épizootique (MHE). De plus, la FCO 1 a été détectée en Espagne, la FCO 12 en Hollande. L’arrivée de la fièvre aphteuse en Allemagne inquiète aussi la FNPL car si elle se déclenchait en France, son impact pourrait être important pour le cheptel, la production laitière ainsi que sur la santé humaine. «Il est urgent de mettre en place une stratégie de prévention entre l’État et la profession», a martelé Yohann Barbe. Cependant, comme l’a souligné, Christophe Maginot, responsable du dossier sanitaire à la FNPL, «devant l’état des finances publiques et le déficit, le gouvernement veut se désengager». Pour lui, «pas question de financement par le biais de l’interprofession : le FMSE* doit monter en puissance et on veut avoir un vrai schéma sanitaire européen».
Yohann Barbe qui a évoqué les négociations commerciales en demandant l’application des lois Egalim et l’inviolabilité de la matière première agricole, est revenu sur les dissensions au sein de l’interprofession (Cniel). La Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil) a en effet refusé de publier les indices de coût de production allant au-delà de l’Ipampa* et prenant en compte 100 % des charges des fermes laitières. Les industriels estimaient notamment que les coûts de production des producteurs (matière première agricole) avaient baissé. Le collège producteurs a donc décidé de ne plus «réaliser de travail supplémentaire» a précisé Yohann Barbe. Après un mois et demi d’arrêt, un compromis a été trouvé le 17 janvier et l’indicateur Ipampa «élargi» a été publié, confirmant ce que le FNPL affirmait, c’est-à-dire que les charges sur les fermes laitières n’ont pas baissé.
Commission d’enquête
Tout n’est cependant pas terminé, «car il reste encore des blocages sur le beurre/poudre». Au-delà «du sujet de la matière grasse qui est capital pour nous, car l’indice n’a pas bougé depuis 11 ans», a soutenu Yohann Barbe, se pose le problème de la valorisation à l’export des produits laitiers (dont la poudre de lait). Sur ce sujet, Ludovic Blin, 1er vice-président, a demandé l’installation d’une commission d’enquête parlementaire transpartisane sur ce sujet. C’est en partie les déclarations des dirigeants du groupe Lactalis, auditionnés le 17 décembre dernier par les députés qui ont agacé les producteurs. «Leur manque de valorisation obtenue à l’export et les demandes des entreprises laitières de soutien quand la Chine menace nos exportations, nous laisse, a minima, dubitatifs», a déclaré Ludovic Blin.
L’annonce de Lactalis, en septembre dernier, de réduire sa collecte de 450 millions de litres a créé une déflagration au sein de la profession. La FNPL craint notamment que certains soient «pris à la gorge» et acceptent de signer des contrats au rabais : « »Je vais te prendre mais avec 10 €/1 000 l de moins car tu es loin », pourrait dire un industriel. Il faut impérativement du cas par cas», s’est inquiété Yohann Barbe. Le sort des jeunes qui viennent de s’installer et d’investir dans un robot de traite qui sera amorti en 10 à 12 ans est tout aussi alarmant. Pour ne laisser personne sur le bord du chemin, la FNPL a décidé de créer un collectif. «Au niveau de chaque département, il sera possible pour l’éleveur, s’il le souhaite, de rejoindre ce collectif», a-t-il indiqué.
(*) Fonds national de mutualisation du risque sanitaire et environnemental
(**) Indice des prix d’achat des moyens de production agricole
La rédaction