Aveyron | Par Bérangère Carel

La valorisation de territoires «pauvres» grâce à des produits «haut de gamme»

Avec 315 millions de litres de lait, la France est le douzième producteur mondial de lait de brebis, le quatrième en Europe derrière la Grèce, l’Espagne et l’Italie. Environ 25 millions de litres sont transformés à la ferme, le reste est collecté par des laiteries. 10 % du volume est produit en Agriculture Biologique.

Trois bassins historiques

Même si la production a tendance à s’étendre à l’ensemble de la France, elle reste concentrée dans les bassins historiques : la Corse, les Pyrénées Atlantiques et le Rayon de Roquefort (zone Nord Occitanie). Ces territoires sont caractérisés par une dominance de la zone montagne, et des pratiques d’élevage traditionnelles, comme le pastoralisme ou la transhumance. «La présence de lait de brebis dans ces zones difficiles engendre des surcoûts au niveau de la production et de la transformation», expose Sébastien Bouyssière, ingénieur chargé de mission à France Brebis Laitière. «C’est pourquoi on a développé des produits haut de gamme, à haute valeur ajoutée. Le lait de brebis est donc un acteur économique et social majeur de ces territoires».
Sur 4 030 élevages qui possèdent plus de 50 brebis laitières (recensement de 2020), 730 transforment à la ferme et 390 sont situés en dehors des trois bassins. «On note une augmentation des installations avec des projets de transformation fermière dans des zones où il n’y a pas de collecte», commente l’ingénieur.

Une transformation à haute valeur ajoutée

Le lait de brebis est destiné en majorité à la transformation fromagère. 90 % de la collecte nationale produit annuellement 60 000 tonnes de fromages. Les signes officiels de qualité représentent 40 % de ce volume, dont environ 5 % en Agriculture Biologique. Les produits ultra-frais poursuivent leur développement grâce à de l’innovation. Yaourts, mais aussi crème, beurre ou lait de consommation représentent 10 % du lait transformé. Selon Sébastien Bouyssière, «les fromages de brebis sont traditionnellement consommés dans la moitié sud de la France. Cependant on remarque qu’ils gagnent du terrain, avec de nouveaux marchés à conquérir. Il faut dire que la filière est très en phase avec les attentes sociétales. Pour valoriser ces pratiques, nous avons créé la Charte Lait de Brebis France à destination des producteurs, mais aussi de l’aval de la filière. Nous sommes également très impliqués dans la mise en avant du bien-être animal». La filière est aussi très impliquée dans l’adaptation aux changements climatiques et la mesure de l’empreinte environnementale de la production.

Une rupture de croissance conjoncturelle

En matière de volumes, la dynamique de progression connaît un coup d’arrêt, voire une régression de 2% de la progression nationale.
«Les crises internationales depuis 4 ans, ainsi que l’inflation induite, ont fait souffrir les filières de qualité. Les consommateurs sont descendus en gamme. Pendant ce temps les charges ont explosé sur les exploitations, tandis que deux années néfastes pour la production de fourrages se sont enchaînées. Malgré cette rupture de dynamique, la tendance de fond reste bonne !» reconnaît le spécialiste.

Bérangère Carel

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Jérôme Faramond, président de l’APLBR (association des producteurs de lait de brebis de l’aire Roquefort), partage sa vision de la filière lait de brebis en Aveyron. «Depuis la réforme du système Roquefort, de nouveaux opérateurs collectent le lait sur notre territoire. C’est un phénomène positif qui a permis de dynamiser la collecte et de maintenir le prix aux producteurs. Certains collecteurs ont des outils locaux, d’autres déplacent le lait dans des laiteries plus lointaines. Concernant ces derniers, nous devons être vigilants quant à la sécurisation de ces volumes, même s’il s’agit en général d’acteurs solides.La situation actuelle de la filière est plutôt mitigée. Le prix a certes augmenté mais pas suffisamment pour couvrir les charges qui ont explosé ces dernières…