Provinlait, le salon professionnel de la brebis laitière ouvre ses portes demain mercredi 24 avril pour deux jours à Réquista. Jérôme Faramond, président de l’APLBR (association des producteurs de lait de brebis de l’aire Roquefort), partage sa vision de la filière lait de brebis en Aveyron.
«Depuis la réforme du système Roquefort, de nouveaux opérateurs collectent le lait sur notre territoire. C’est un phénomène positif qui a permis de dynamiser la collecte et de maintenir le prix aux producteurs. Certains collecteurs ont des outils locaux, d’autres déplacent le lait dans des laiteries plus lointaines. Concernant ces derniers, nous devons être vigilants quant à la sécurisation de ces volumes, même s’il s’agit en général d’acteurs solides.
La situation actuelle de la filière est plutôt mitigée. Le prix a certes augmenté mais pas suffisamment pour couvrir les charges qui ont explosé ces dernières années. De plus la collecte est en berne à cause de la mauvaise qualité des fourrages récoltés en 2023. Cet impact direct sur la production démontre bien le lien indissociable entre le sol et les brebis dans notre territoire. A cette perte de volume vont s’ajouter des problèmes de qualité, aussi liés aux fourrages, qui vont impacter le prix. Le chiffre d’affaire va donc être compliqué cette année. Je tiens d’ailleurs à rappeler qu’en filière lait cru, les efforts que fournissent les éleveurs pour répondre aux exigences les plus strictes ne sont toujours pas assez rémunérés !
Malgré la diversité remarquable de filières de valorisation, sans oublier la transformation fermière, le Roquefort domine toujours et donne le ton. C’est la filière qui absorbe le plus de volumes et rémunère bien le lait en hiver, avec l’avantage d’être un produit de garde. J’en profite néanmoins pour saluer l’arrivée imminente de l’IGP Pérail, une reconnaissance supplémentaire du savoir-faire de notre territoire.
Au niveau des ventes, l’inflation subie par les ménages n’a pas été favorable à la consommation de nos fromages, positionnés en haut de gamme. Nous devons continuer à en faire la promotion. Des parts de marché sont accessibles, il faut aller les chercher en séduisant les consommateurs. En 2025 les 100 ans du Roquefort seront l’occasion de faire parler de nous.
En dépit d’un climat atone en ce moment, la filière lait de brebis recrute et attire par bien des aspects : des animaux adaptés à une main-d’œuvre féminine, une production saisonnière, un fort lien au terroir, etc. L’installation est un enjeu majeur pour notre bassin. En marge d’une baisse conjoncturelle, nous entrons dans une réelle perte de volume structurelle due à des arrêts de points de collecte qui ne sont plus compensés par l’augmentation de la productivité par brebis. Nous sommes donc en capacité d’accueillir de nouveaux entrants. C’est d’ailleurs ce que nous allons clamer à Provinlait».
Bérangère Carel