A droite, Joël Mazars, aux côtés de Jacky Salingardes (président de la FNEC) et Dominique Verneau (président de l’association interprofessionnelle caprine), lors du dernier Salon de l’Agriculture à Paris.
Quelques jours après l’assemblée générale de la FNEC, l’Aveyronnais Joël Mazars fait le point sur la situation de la production caprine et tient à rétablir quelques réalités. Il est président de la section caprins de la FDSEA et administrateur FNEC.
– Comment se porte la filière caprine ?
«Nous sommes sortis de la crise. Le prix payé aux producteurs a été revu à la hausse (prix moyen de base de 572 euros/ 1000 L sur 2013 soit +10%). Parallèlement le coût des matières premières a stoppé sa hausse fulgurante. La filière est en recherche de production mais attention à ne pas retomber dans les travers qui ont conduit à perdre 7 à 8% des producteurs et en ont plongés plusieurs dans de fortes difficultés.
– Peut-on encore s’installer dans cette production ?
Je répondrais oui mais … Alors qu’au niveau national, nous manquons toujours de lait (près de 70 millions de litres en moins en 2 ans), les entreprises incitent les éleveurs à produire davantage en leur proposant des majorations financières. Nous devons bien fixer les limites pour ne pas recommencer les mêmes erreurs et retomber dans la surproduction. Néanmoins le contexte reste différent de celui précédant la crise : la collecte nationale et internationale de lait de chèvre est en baisse. En France la collecte 2014 devrait être égale à celle de 2013 voire légèrement inférieure. La profession travaille à la mise en place de la contractualisation pour fin 2014, début 2015. Elle doit être un moyen pour nous aider à maîtriser les volumes. Nous réfléchissons à la mise en place d’une clause de sauvegarde avec un volet flexibilité qui permet de libérer des volumes en fonction des marchés.
– Quelles sont les perspectives??
Une enquête menée par l’Anicap, l’interprofession caprine, a mis en valeur le fait qu’il faut avant de produire, être en phase avec les attentes des consommateurs : du lait français produit de façon raisonnée (comme l’a expliqué Olivier Mével lors de l’assemblée générale de la FDSEA). En ce sens, la nouvelle version du Code mutuel des bonnes pratiques sur laquelle nous travaillons, préconisera aux nouveaux producteurs, d’alimenter leur troupeau avec au moins 50% de fourrages pour répondre à la demande des consommateurs. En étant plus autonomes en fourrages, les producteurs sont aussi moins vulnérables face à la volatilité du cours des matières premières. Ce code mutuel auquel 93% des producteurs caprins adhèrent, permet d’obtenir le complément sur l’aide caprine PAC. De plus cette année, pour obtenir le complément ICHN, les éleveurs caprins n’ont plus une obligation de pâturage. L’Aveyron a été réellement moteur pour relayer cette problématique de terrain à la FNEC qui a obtenu gain de cause. C’est un réel acquis syndical !
– Y-a-t-il un avenir en production caprins lait ?
Il manquera encore du lait demain ! Le prix reste positif avec un objectif fixé pour 2014 à 600 euros/1000 L. Et le cours des matières premières baisse légèrement de l’ordre de 20 euros/T. La profession travaille pour que la production caprine retrouve de la crédibilité auprès des OPA. Je pense aussi qu’il existe un réel potentiel en transformation fromagère, à condition que les producteurs soient bien accompagnés. Les marchés locaux ainsi que les GMS sont preneurs et l’attractivité touristique de l’Aveyron est un bon levier. J’ai donc bon espoir dans notre production».
Eva DZ
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