Aveyron | National | Par Didier Bouville

«Redonner de la valeur à notre lait de vache» [point de vue]

Michaël Chavatte, président de la section bovins lait FDSEA et de la FRPL, participait mardi 19 janvier au conseil d’administration de la FNPL.

– Vous annonciez lors du conseil d’administration FDSEA du 15 janvier, l’absence d’embellie pour le lait de vache en 2016. Vos craintes se confirment-elles ?

«En effet. La collecte de lait au niveau européen a progressé et qui plus est dans des proportions importantes dans les pays du nord de l’Europe. Il en est de même au niveau mondial, excepté en Nouvelle-Zélande. Et face à cette offre dynamique, la demande mondiale s’affaiblit notamment en Russie, en Chine. D’où ce manque de perspectives pour le prix de nos produits laitiers.

– Quelle est l’attitude des transformateurs en France face à cette conjoncture ?

Nous constatons que les entreprises s’inscrivent dans le prix mondial ou européen autour de 270 euros/1 000 litres. Certaines s’appuient sur le marché intérieur ce qui permet de valoriser le prix à 300 voire 310 euros/1 000 litres pour le moment et sous la condition que les négociations avec les GMS restent sur les bases de 2015.

– Quelle est la position de la profession ?

Cette situation ne peut plus durer ! Nous nous sommes mobilisés pendant plus de 6?mois pour obtenir certes une revalorisation de 30 euros/1 000 litres et un soutien de l’Etat et des organisations professionnelles mais ce n’est pas suffisant pour que les producteurs puissent vivre de leur métier ! Et c’est insupportable ! Le système doit changer pour que notre lait retrouve sa valeur ! D’autant que le lait français est un produit haut de gamme, recherché par les pays comme la Chine,…

– Quelles sont les solutions pour retrouver cette valeur ?

Nous travaillons sur une charte de valeurs qui s’appuie sur la mise en place de relations commerciales avec les GMS et les entreprises, leur engagement dans des conditions de vente et d’achat pour que l’ensemble de la filière et surtout les producteurs, puissent être rémunérés à leur juste valeur. Pour l’heure, nous sommes considérés comme de simples producteurs de matières premières mais aux conditions franco-françaises, nous ne pouvons pas être compétitifs par rapport à nos concurrents européens et mondiaux.

Cette charte est une première étape pour redonner de la valeur à notre lait. Notre première bataille est de réussir à maintenir les avancées de 2015 pour 2016 pour dans un second temps, obtenir cette reconnaissance et atteindre un vrai prix rémunérateur.

Changer de modèle va prendre du temps mais nous devons travailler ensemble à la définition de la valeur propre de nos produits déconnectée de la simple matière première.

– Que pensent les industriels et les GMS de cette charte ?

Les coopératives sont motivées à participer. Les GMS sont aussi prêtes à s’engager à condition que tous les acteurs concernés s’y engagent également. Mais les plus grosses entreprises sont plus réticen-tes… Nous nous donnons un mois pour les convaincre et leur faire signer notre charte, dans un esprit de travail en filière. Avant la fin des négociations fin février, nous saurons faire monter la pression sur les GMS et les entreprises qui n’auront pas adhéré à notre démarche et resteront sur leurs positions».

Eva DZ

Lire aussi dans la Volonté Paysanne datée du jeudi 21 janvier 2016.

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