Aveyron | Par Elisa Llop

Pauline Rouquet, «La production féminine bien représentée»

Pauline élève des chèvres au sein du GAEC familial, avec son frère Romain, sur la commune de Rodelle. La fratrie a récupéré l’exploitation familiale de leur père, qui élevait auparavant des Montbéliardes. L’exploitation a d’ailleurs gardé un cheptel d’une cinquantaine de vaches.

C’est Pauline qui a initié l’élevage de caprins. Après un bac STAV à La Roque, puis un BTS ACSE à Albi et 3 ans comme contrôleuse laitière à la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, elle s’est finalement orientée sur un certificat de spécialisation élevage de chèvres et fromagerie, dans l’Indre. C’est à l’automne 2015, qu’elle débute alors son élevage de chèvre. «Les chèvres sont attachantes et expressives, mais nécessitent aussi un élevage technique, ce qui est intéressant. C’est vrai que c’est une filière aussi plus pratique et prisée par les femmes. Nous sommes bien représentées, c’est une bonne chose», dit-elle. En effet, au niveau national, ces dernières années, la part de femmes dépasse les 40% parmi les co-exploitants en caprins fromagers et atteint les 30% en caprins laitiers -comme en ovins lait- (source : Agreste).

Aujourd’hui, Pauline mène son troupeau de 190 chèvres alpines et son exploitation d’une superficie de 115 ha SAU, dont environ 60 en cultures et le reste en prairies permanentes, ce qui rend l’élevage autonome pour l’alimentation. Avec l’installation du séchoir à foin depuis 2017, les chèvres consomment donc uniquement cet aliment.
Ses chèvres, qui vivent en bâtiment, sont en cycle désaisonné avec des naissances en septembre. La traite se fait deux fois par jour, sans lactation longue (sauf pour une poignée partant à la retraite) avec une période de tarissement l’été. «Nous avons mis en place ce rythme dès le début, d’un point de vue confort et pratique c’est beaucoup mieux. Le prix du lait est aussi plus intéressant au troisième trimestre. C’est le moment où nous débutons avec nos meilleures lactations», relate Pauline.

Expérience et amélioration génétique du troupeau

De son expérience de contrôleuse laitière de 2012 à 2015, Pauline garde une riche expérience. «C’est vraiment utile et enrichissant pour améliorer le lait, naturellement, optimiser le suivi de la chèvre, opérer de meilleures sélections…». En génétique, l’éleveuse s’est attelée à travailler plus spécifiquement sur la morphologie des mamelles, avec des pis bien attachés, hauts.
Adhérente de Capgènes, une soixantaine de chèvres sont en insémination artificielle (aucun animal n’est acheté à l’extérieur). L’autre partie est en monte naturelle, durant la période des chaleurs qui commencent à peine. Son troupeau compte actuellement 11 boucs, dont 6 petits nouveaux seront gardés pour cette saison, ainsi qu’une soixantaine de chevrettes.

Les femelles restantes sont vendues en élevage et les chevreaux partent à l’engraissement, environ une soixantaine après la première semaine et elle en engraisse sur place une cinquantaine à 11 kg.
«On encourage à engraisser une part de nos chevreaux pour soulager les engraisseurs peu nombreux et avec des places limitées. La solution est bien le prix du lait et la valorisation de la viande de chevreaux, qui nous permettraient de répercuter nos investissements dans un cercle vertueux. Il faut aussi faire un travail de valorisation de la viande de chevreaux aux yeux du grand public».

Depuis son installation, l’éleveuse a été dans l’ensemble plutôt épargnée par les difficultés, après celles propres à la filière lors de la crise dans les années 2010. D’un point de vue sanitaire, elle a jusque-là été préservée et ne vaccine que contre l’entérotoxémie.
En moyenne, sa production laitière annuelle par chèvre avoisine les 950 litres, livrés à Terra Lacta. En revanche, l’année passée a été en dessous des chiffres, la faute notamment, au fourrage de moins bonne qualité avec un printemps très pluvieux.

Elisa Llop

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