Au cours du mois de mars, un groupe de Jeunes Agriculteurs a suivi une formation visant à mieux comprendre le marché du broutard à l’export vers l’Italie.

Les éleveurs bovins viande du groupe JA lors de leur séjour en Italie à la découverte de la filière broutard (© JA Aveyron).
Pendant ces deux jours et demi de formation, 10 jeunes éleveurs ont pu échanger avec Bevimac, acteur aveyronnais de l’export en bovin viande et aller à la rencontre de plusieurs entreprises d’engraissement dans la région du Piémont en Italie. Ils ont également pu échanger avec les responsables de la coopérative Asprocarne, basée dans le Piémont qui œuvre dans la commercialisation de viande. Ces échanges ont permis de mieux cerner la suite de la filière et d’analyser la consommation italienne.
Antoine Roualdès, responsable du groupe bovin viande JA Aveyron et Sylvain Lutran, éleveur bovin viande étaient du voyage et ont suivi la formation. Ils livrent leur témoignage.
Pourquoi avoir organisé cette formation ?
Antoine Roualdès : «Le but premier était de comprendre ce que deviennent nos broutards une fois partis de nos exploitations. Nous avions besoin de découvrir comment fonctionne le marché, d’apprendre comment s’organisent les relations commerciales entre la France et l’Italie, ainsi que de voir comment les exportateurs trouvent les débouchés. Enfin, nous voulions savoir quelles sont les attentes des Italiens envers les broutards français et pour cela rien de tel que d’échanger directement avec eux.
Que retiens-tu de cette formation ?
Antoine Roualdès : J’ai su pourquoi les Italiens achètent nos animaux français : pour la qualité et la bonne génétique. Cela est satisfaisant et donne envie de continuer notre travail dans le bon sens !
Là bas il n’y a pas de naisseur, ils disent ne pas avoir la compétence et du point de vue des Italiens que nous avons rencontrés, cela coûte cher de faire naître. Ils manquent de terres, le territoire n’est pas adapté. Ils produisent du maïs et préfèrent engraisser.
Selon les régions d’Italie, ils choisissent des races différentes. Certains engraisseurs sélectionnent des veaux plus légers, moins chers à l’achat mais avec lesquels ils peuvent rencontrer des difficultés sanitaires. D’autres font le choix de veaux plus lourds, avec lesquels ils ont moins de risques sanitaires.
J’étais curieux de voir ce qu’il se passe pour nos animaux quand ils arrivent en Italie. Je n’imaginais pas les centres d’engraissement tels qu’ils sont. Les bâtiments que nous avons visités sont aérés, bien conçus pour les animaux, les veaux ne sont pas serrés, cela m’a conforté dans le fait de vendre des broutards à l’export pour l’Italie.
Cette formation et le voyage ont été une très bonne expérience personnelle et enrichissante pour notre métier. Désormais je sais de quoi nous parlons au sujet de l’Italie, l’avenir des broutards là-bas est devenu concret. Nous avons une représentation de ce qu’il en est vraiment.
Enfin, il était intéressant de connaître la construction du prix, de savoir quelles sont les cotations en Italie.
Sylvain, pourquoi as-tu voulu participer à cette formation ?
Sylvain Lutran : Sur ma ferme nous produisons des broutards depuis 2 ans, après avoir arrêté la production de type veau gras. Il était intéressant de voir la filière et ce que deviennent les veaux après le départ de l’exploitation. Les Italiens nous ont clairement dits ce qu’ils attendent en terme de produit. Cela m’a amené à me questionner sur le poids auquel je les fais partir. Peut-être cela vaudra le coup pour moi de les repousser jusqu’à un autre poids, je vais le calculer.
Nous avons découvert tout l’aspect sanitaire que j’ignorais. Les Italiens sont prêts à payer plus cher si la vaccination contre la grippe est faite en France. Ils apprécieraient un suivi au niveau vaccinal. A défaut de l’avoir actuellement, les veaux qui arrivent sont systématiquement pesés, vermifugés, reçoivent une injection du vaccin contre la grippe ainsi qu’un rappel à 21 jours et sont vaccinés contre la pasteurellose, en Italie. Le faire en amont éviterait les veaux malades et les veaux qui reçoivent deux fois la même injection…
Nous avons pu voir leur alimentation dans le pays ainsi que leur conduite.
Les Italiens ont été très accueillants et parlaient très bien français, ce qui nous a permis d’avoir de bonnes discussions. C’était un plaisir d’échanger entre JA éleveurs bovin viande aveyronnais aussi !».
Le groupe bovin viande JA s’est réuni pour le bilan de la formation lundi 31 mars et sortent tous satisfaits de cette formation. Ils envisagent déjà de prochaines visites pour mieux connaître la filière.
Article JA Aveyron