National | Par La rédaction

Le monde du lait à l’épreuve du climat

La hausse des températures a de réelles conséquences sur la santé des vaches. Elle pourrait aussi, à l’avenir, peser sur la sécurité sanitaire du lait lui-même, a mis en exergue le Sommet mondial du lait à Paris.

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Si l’élevage est un contributeur important aux émissions de gaz à effet de serre, les animaux sont aussi les premiers à souffrir des conséquences du changement climatique, ont souligné les experts qui se sont exprimé au Sommet mondial du lait à Paris du 15 au 18 octobre. En premier lieu, les vaches laitières, dont la zone de confort thermique se situe entre 2 et 15°C. Au-dessus de 22°C, elles n’arrivent plus à évacuer la chaleur et entrent en « stress thermique ». « L’effort effectué par les vaches pour maintenir une température normale peut avoir un effet sur leur appétit. Elles mangent moins et donc elles produisent moins de lait », explique Nicola Lacetera, professeur à l’Université de Tuscie en Italie.

Au-delà des considérations purement productives, la chaleur a des effets néfastes sur le bien-être des vaches et de multiples paramètres de leur santé. Et, dans les cas les plus extrêmes, elle peut entraîner leur mort. Outre le stress thermique ressenti par les animaux, le changement climatique peut aussi jouer sur leur alimentation en modifiant ou en réduisant les fourrages disponibles.

Un rôle dans la diffusion des maladies

Il y a plus insidieux encore. Les fortes chaleurs et, dans d’autres cas, l’humidité liée aux inondations, peuvent également favoriser le développement des bactéries et donc de maladies. Et parfois favoriser l’émergence de nouvelles maladies. Ainsi, selon l’Anses, la hausse globale des températures a « probablement » favorisé l’arrivée de la fièvre catarrhale ovine (FCO) en Europe lors des décennies écoulées. Depuis le milieu de l’été, les sérotypes 3 et 8 de cette maladie entraînent des pertes importantes dans les élevages français. Transmise par des moucherons piqueurs du genre « culicoïdes », la FCO est originaire d’Afrique du Sud. « Il y a 25 ans, la FCO était une maladie exotique », rappelle Nicola Lacetera. Elle est aujourd’hui « présente sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique », d’après l’Anses.

Les chaleurs intenses menacent également la qualité du lait. « Les micro-organismes peuvent se développer plus rapidement si les températures sont plus élevées », explique la docteure Jeanne-Marie Membré de l’Inrae. C’est le cas des bactéries problématiques, comme Escherichia coli, qui peut entraîner de sévères intoxications alimentaires et des décès chez les personnes les plus fragiles. « Nous pouvons nous attendre à ce qu’il y ait plus de bactéries pathogènes dans les fromages », souligne la chercheuse. À l’avenir, c’est toute la chaîne de production qui devra s’adapter. La hausse des températures devrait logiquement impliquer une augmentation de la consommation d’énergie pour produire du froid afin de conserver le lait cru et les produits laitiers.

La rédaction – JG – Agrapresse

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