Europe | Monde | National | Par La rédaction

Devant l’Ambassade du Brésil à Paris, les éleveurs disent NON au Mercosur !

A l’appel de la Fédération nationale bovine, des éleveurs de toute la France, se sont retrouvés, mercredi 9 juillet à la mi-journée devant l’ambassade du Brésil à Paris. Rejoints par des élus, et des responsables agricoles des filières volailles et betteraves notamment, ils ont redit leur opposition ferme et entière à tout accord avec le Mercosur et enjoignent le Président de la République et le gouvernement français a refusé toute tentative de scission de l’accord.

Les éleveurs se sont retrouvés à proximité de l’ambassade du Brésil à Paris. © Jennifer Goursaud

Alors que la Commission européenne se dit désormais prête à ratifier l’accord UE-Mercosur d’ici la fin de l’année, et qu’en coulisses sa présidente, Ursula von der Leyen ne cache pas son souhait d’accélérer la cadence, quitte à contourner les règles juridiques pour faire adopter l’accord à la majorité qualifiée… Les éleveurs français se sentent profondément trahis.
Depuis plusieurs mois déjà, ils multiplient les actions pour dénoncer les conséquences catastrophiques d’un tel accord pour l’élevage français mais aussi pour les consommateurs. Mercredi 9 juillet, devant l’Ambassade du Brésil à Paris, encore une fois, ils ont exhorté le Président de la République et le gouvernement français à lever toutes ambiguïtés sur leur position vis à vis de l’accord. «Nous demandons au Président Macron un engagement clair et public : non à la ratification, non à la scission de l’accord, non à la logique du fait accompli. Nos territoires ruraux et les agriculteurs ne peuvent pas être les variables d’ajustement de tractations parallèles», rappelle Christian Bajard, éleveur en Saône-et-Loire, coordinateur du berceau des races à viande du Massif central.

Passer des paroles aux actes

Pourquoi le risque de scission de l’accord UE-Mercosur représente un danger pour l’agriculture française ? Actuellement le protocole d’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur est de nature «mixte». C’est à dire qu’il doit être ratifié à la fois par le Conseil européen, le Parlement européen et par tous les Etats membres. La ministre de l’agriculture, Annie Genevard a indiqué dernièrement travailler à la constitution d’une minorité de blocage. «C’est évidemment nécessaire. Mais l’enjeu primordial aujourd’hui c’est de s’opposer fermement à la scission de l’accord entre l’UE et le Mercosur», estime le président de la Fédération nationale bovine, Patrick Bénézit.
Le mandat initial confié à la Commission européenne par le Conseil prévoyait un traitement conjoint des trois volets de l’accord d’association UE-Mercosur : le dialogue politique, la coopération et le commerce. Une telle procédure implique l’unanimité des États membres ainsi que l’approbation des parlements nationaux. La Commission européenne propose désormais de traiter séparément la partie commerciale, qui relève de la compétence exclusive de l’Union européenne et peut donc être ratifiée à la majorité qualifiée, du pilier politique et coopératif, relevant d’une compétence mixte, qui exigerait l’unanimité. Cette «scission» permettrait d’éviter le passage par les parlements nationaux et de court-circuiter l’opposition de certains États membres, celui de la France en particulier.
En visite en Aveyron, la semaine dernière, Emmanuel Macron s’est dit opposé à la scission de l’accord. Les éleveurs attendent donc qu’il passe des paroles aux actes. Les sénateurs et députés français se sont unanimement opposés à l’accord UE-Mercosur, il serait inconcevable que leur vote n’est pas de valeur.

Une question de démocratie

«Nous demandons le véto de la France contre cet accord. Avec le soutien de tous les Parlementaires français, le Président de la République doit réaffirmer clairement son opposition par un veto ferme et ne pas ouvrir la voie à une ratification déguisée en autorisant la Commission européenne à scinder l’accord. La question de la minorité de blocage n’a pas à se poser si, en premier lieu, la France ne donne pas son mandat de négociations à la Commission européenne. C’est une question de démocratie», indique Patrick Bénézit.
Pour mémoire, l’accord prévoit de faciliter l’entrée en Europe de 99 000 tonnes de viandes bovines supplémentaires, sans aucune mesure de réciprocité sur les normes de production. Au-delà de la distorsion de concurrence liée à des normes de production inégales, l’accord avec le Mercosur menace directement les produits agricoles à forte valeur ajoutée – aloyaux de bœuf, filets de poulet, amidonnerie, sucre et éthanol issus de la betterave – mettant en cause la compétitivité de l’agriculture européenne et sa souveraineté alimentaire.
«Cette concurrence déloyale, dans un contexte de baisse de production européenne, est tout simplement inenvisageable pour les producteurs. Ces viandes sont issues d’animaux élevés en feedlots sans aucune traçabilité, dopés aux activateurs de croissance et aux hormones. Elles ne doivent pas avoir leur place dans les assiettes des consommateurs européens !», souligne Cédric Mandin, secrétaire général de la Fédération nationale bovine.

Sophie Chatenet – PAMAC

Toutes les actualités
PetitesAnnonces
Véhicules agricoles

Cse cess V tracteur Renault Celtis 436RC 5400h + presse BR Claas Roland 240 + faneuse Claas Volto 870 + andaineur double Kuhn 6501 + faucheuse Kuhn 600G2 + herse émausseuse 6M + tonne à lisier Agrimat 6500 L avec bras de pompage. Tél 06 74 06 95 91

Véhicules agricoles

Cause retraite, vend tracteur JB 6520 et presse JD 582 toutes options, TBE + faucheuse trainée JD 1360, 3m avec groupeur d’andain. Tél. 06 86 78 46 56

Sur le même sujet

Alors que la Commission européenne s’efforce de contourner les règles juridiques pour faire adopter l’accord à la majorité qualifiée et que les tractations finales autour de l’accord UE-MERCOSUR s’intensifient, les responsables professionnels agricoles du Massif central et d’Auvergne-Rhône-Alpes, alertent sur les ambiguïtés des messages véhiculés. © PAMAC Suite à la visite officielle du président brésilien Lula en France, le président Macron a assuré être «prêt à signer un accord d’ici fin 2025» sous conditions d’activation de clause de sauvegarde.Avec ces éléments de langage, le Président évite soigneusement de dire NON et préfère s’abriter derrière les difficultés de constitution d’une minorité de blocage au Conseil européen et d’activation de mesures en cas de graves perturbations de marché qui seront fatales aux…