Aveyron | Par La rédaction

Vétérinaire de la rurale : le tutorat est une bonne porte d’entrée

L’Aveyron a la chance d’être encore bien pourvu en vétérinaires ruraux mais ces dernières années, l’arrêt de l’activité rurale dans 3 structures, notamment à Millau, inquiète un peu.

«Les jeunes vétos ne viennent pas naturellement à la rurale», selon Céline Labadens Casenave, présidente du syndicat des vétérinaires d’exercice libéral en Aveyron.

Si les cabinets vétérinaires sont habitués au turn over de leurs collaborateurs, jusqu’à présent leur renouvellement était assuré et l’activité de la rurale apportait une bonne complémentarité à celle plus urbaine. Céline Labadens Casenave, présidente du syndicat des vétérinaires d’exercice libéral en Aveyron le concède : «les jeunes vétos ne viennent pas naturellement à la rurale», comprenez ils préfèrent se spécialiser dans des domaines précis ou se consacrer aux chiens et chats qui demandent moins d’interventions de nuit que le monde de l’élevage… «Le principal frein de la rurale c’est de se déplacer dans les fermes à toutes heures et en toutes saisons !».
L’activité de la rurale est liée à la densité des élevages bovins qui nécessitent en moyenne 2 à 3 visites par mois dans les fermes, à toute heure et en toute saison, contrairement à l’élevage ovin qui sollicite moins les vétos et les éleveurs amènent plus facilement leurs brebis au cabinet ! Aujourd’hui comme dans d’autres métiers, les jeunes vétos veulent s’installer dans des zones attractives en termes de loisirs. Mais ceux qui choississent la voie de la rurale cherchent aussi l’assurance d’être formés : «A la sortie de l’école véto, ils manquent de confiance en eux, ils ont besoin d’être accompagnés comme «parrainés» et dans les structures où il y a peu d’activité rurale ou celles où les spécialistes de la rurale sont peu nombreux, ils ont peu de temps à consacrer à leur formation», note Céline Labadens Casenave. Plus de 80% des structures sont mixtes et rares sont les vétérinaires à s’installer seuls. Mais certains se spécialisent en petits ruminants par exemple puisque les urgences de nuit sont moindres qu’en bovins.

Pour encourager les vétos à choisir la rurale, plusieurs actions sont mises en place. Un système de tutorat existe en dernière année d’école (6ème) sur la base d’une alternance de 18 semaines dans une structure mixte. Beaucoup de cabinets en Aveyron ont choisi cette formule qui leur donne la possibilité de former leurs futurs collaborateurs. «Souvent un emploi leur est proposé en fin de formation, leurs connaissances du terrain et leur autonomie sont des atouts imparables !», explique Céline Labadens Casenave.
Il existe aussi un Groupement technique vétérinaire junior, une association de jeunes en véto rurale : plusieurs d’entre eux sont venus dans le nord Aveyron l’automne dernier, découvrir le territoire et rencontrer les professionnels grâce au soutien du Département.
La proximité de l’école vétérinaire de Toulouse favorise aussi les échanges avec les jeunes. Et en lien avec GDS Aveyron, des échanges réguliers ont lieu sur la désertification vétérinaire et les pistes de réflexion comme un livret d’accueil de l’éleveur dans les cabinets véto afin de faciliter la relation de confiance. «Intervenir sur une exploitation pour une urgence sur un animal génère du stress pour l’éleveur comme pour le véto et ce n’est pas toujours une situation facile quand on débute, il faut donc mettre toutes les chances de son côté en favorisant le dialogue», poursuit la présidente du syndicat des vétos.

Pour Céline Labadens Casenave, ce contact direct avec les jeunes est «la meilleure porte d’entrée» : «On peut démontrer qu’on trouve du bonheur au quotidien à faire ce métier ! Et c’est en côtoyant des professionnels heureux dans leur métier, qui ont trouvé un bon rythme de travail et de vie qu’on rendra plus attractive notre profession». Celle qui est arrivée de Paris un peu par hasard sur le secteur de Baraqueville, mais s’est tout de suite «beaucoup plu en Aveyron» le vit au quotidien dans son cabinet, elle prend régulièrement des stagiaires et intervient comme consultante à l’école de Toulouse. «La rurale est une médecine très intéressante avec un aspect intellectuel, de recherche parfois sur des cas particuliers, et soumis à un enjeu économique puisque les moyens en agriculture ne sont pas illimités et qu’il faut assurer une rentabilité», explique Céline Labadens Casenave. «En Aveyron, les relations avec la profession sont très cordiales, les vétérinaires sont des partenaires de l’élevage et sont considérés comme tels. Et nous sommes souvent sollicités et associés dans les projets de recherche ou de lutte contre les maladies par le biais du GDS Aveyron», se réjouit la présidente du syndicat des vétos.

«C’est vrai notre métier fait moins rêver qu’avant ! Mais pour autant en Aveyron, des jeunes vétérinaires viennent s’installer sur un territoire d’élevage connu et beaucoup sont issus du milieu agricole, et veulent retrouver leurs racines. Un bon signe pour nous !».   

Eva DZ

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