Aveyron | Par eva dz
Dans le paysage allaitant français, la race Aubrac vit une situation exceptionnelle : des effectifs en constante évolution (+3,6%), des adhésions en hausse au Herd Book et une notoriété qui ne cesse de grandir auprès des consommateurs. Plus de 150 personnes ont assisté à la présentation de ces bons résultats, lors de l’assemblée générale de l’Union Aubrac, le 2 août à Laguiole.
L’Union Aubrac a tenu son assemblée générale au gymnase de Laguiole, vendredi 2 août.
Avec 263 000 vaches comptabilisées en juin sur le territoire national et pratiquement 700 élevages adhérents à l’association, l’activité de l’Union Aubrac poursuit sa croissance (+44,8% depuis 10 ans). Dans un contexte général de décapitalisation, la race se maintient bien (-606 naissances au total, -446 en Aveyron). Ces bons résultats constituent une base solide pour l’association, les cotisations des éleveurs constituant 63% des produits.
«Nous pourrions nous sentir à l’abri et être tenté de vivre sur nos acquis mais ce n’est pas le choix de notre conseil d’administration», a d’emblée affiché Yves Chassany. Le président de l’Union Aubrac a expliqué que la structure avait fait le choix d’accompagner le développement de la race et tous les éleveurs qui utilisent ou participent au programme de sélection Aubrac : «C’est notre raison d’être, l’ADN de l’Union Aubrac depuis 45 ans !», a-t-il martelé.
Les activités d’inscription, confirmation et pointage menées par les 4 techniciens de terrain, restent le cœur de métier : près de 44 600 vaches inscrites en 2023 (en moyenne +2,5% par an depuis 10 ans) et de plus en plus de confirmations d’animaux aux origines complètes. Mais l’Union Aubrac doit aussi s’organiser pour répondre aux sollicitations de plus en plus nombreuses des nouveaux éleveurs, notamment hors berceau, en recherche de conseil génétique. C’est pourquoi, l’association a lancé de nouveaux services pour la campagne à venir. «Les nouveaux éleveurs ne sont pas forcément intéressés par le pointage et la confirmation au Herd-Book, ils sont en demande d’un suivi de leur cheptel (tri des génisses, choix du taureau de renouvellement, plan d’accouplement)», explique Cyril Leymarie, directeur de l’Union Aubrac. De fait, l’association a développé de nouveaux outils informatiques en lien avec l’ARSOE Soual et soutenus par les Régions Auvergne Rhône Alpes et Occitanie. Ces premiers outils, sur le tri des génisses, devraient être mis en service en 2025 puis élargit au plan d’accouplement et tri des réformes.
Durant cet exercice, la race Aubrac a dû faire face au contexte sanitaire. Emergence de la MHE et résurgence de la FCO ont perturbé l’export des pedigrees. En 2023, 362 animaux reproducteurs ont été destinés essentiellement aux pays de l’Est (contre 555 en 2022). «Le sanitaire est un facteur bloquant pour l’export d’animaux», regrette Cyril Leymarie. Il note toutefois l’arrivée de nouveaux opérateurs, preuve supplémentaire que la race Aubrac intéresse et est plébiscitée à l’étranger. Yves Chassany ne cache pas son inquiétude face à ce contexte sanitaire : «Les semaines qui viennent vont être déterminantes pour la MHE et la FCO, alors qu’aucune véritable stratégie de vaccination ne semble se mettre en place en France».
Intensifier la capacité laitière
Loin de se contenter de cette situation, l’Union Aubrac veut améliorer encore son professionnalisme pour une meilleure valorisation des reproducteurs. «Nous devons être capables d’anticiper encore plus les mises en lots, les vaccinations, les suivis de gestation et autres garanties demandées par des acheteurs de plus en plus exigeants», a encouragé Yves Chassany. La prochaine série de jeunes mâles évalués en station est en préparation et le président de l’Union Aubrac «compte sur le sérieux de chacun pour réserver le meilleur de sa génétique à l’occasion du passage des techniciens pour le choix des taureaux». Par ailleurs, le conseil d’administration prépare un plan de modernisation de cet outil collectif basé à Saint Chély d’Aubrac (rénovation de la toiture en photvoltaïques pour maîtriser les coûts, amélioration des conditions de travail des salariés et de confort des animaux).
Si les animaux de reproduction ont du mal à trouver leur juste valorisation, particulièrement les femelles, en revanche, les années 2022 et 2023 ont redonné un peu de souffle aux cours des broutards et des animaux de boucherie. Pour Yves Chassany, «l’effet locomotive des signes officiels de qualité (label rouge Bœuf Fermier Aubrac et IGP Fleur d’Aubrac) a permis d’atteindre des paliers tarifaires plus intéssants. L’équilibre offre-demande est bon et permet un écoulement régulier des animaux concernés par nos deux filières de qualité mais la vigilance reste de mise concernant notre capacité à les approvisionner régulièrement», a-t-il encouragé.
Pour lui, la pratique du croisement (principalement avec le Charolais) constitue «un autre moyen important pour dégager de la plus-value» sur les élevages. Constatant une diminution depuis plusieurs années du taux de croisement en race Aubrac (15,8% au niveau national contre 17,4% en 2022 et 23% en 2013), il alerte sur le nombre de femelles pures indésirables issues des vaches les moins bien qualifiées.
Le programme de sélection Aubrac est basé sur un compromis entre les qualités maternelles d’élevage et les qualités bouchères : «C’est cette orientation qui permet de créer de la rentabilité au sein de nos élevages grâce à des animaux autonomes et économes», a rappelé Yves Chassany. La productivité numérique (nombre de veaux sevrés/nombre de femelles mises à la reproduction) reste le premier levier économique en élevage allaitant, l’Union Aubrac veut «intensifier ses travaux» sur la capacité laitière des vaches. C’est pour enrichir le recueil de données sur ce sujet que la structure a lancé, en complément du contrôle de performances VA4, un pack qualités maternelles pour obtenir une valeur laitière. Remerciant les éleveurs engagés sur ces travaux, Yves Chassany et Cyril Leymarie entendent encore élargir la collecte de données et imaginer de nouveaux leviers pour avancer collectivement.
Eva DZ