Aveyron | Par eva dz

Quentin Dauban, retour aux sources

La saison des concours cantonaux Aubrac s’est achevée samedi 2 novembre à Saint Amans des Côts, avec les éleveurs des secteurs de Saint Amans des Côts, Mur de Barrez et Entraygues. Quentin Dauban et son oncle, Gauthier Gros, du GAEC de Rayllac au Nayrac, étaient de la partie.

Quentin Dauban et son oncle, Gauthier Gros, devant leur troupeau d’Aubrac.

Dès son plus jeune âge, Quentin Dauban savait qu’il ne ferait pas carrière à Paris, là où il est né et où il vivait avec ses parents dans le milieu de la brasserie. Toutes ses vacances, il les passait au Nayrac, chez ses grands-parents maternels et surtout chez son oncle, sur la ferme. «Il m’a transmis sa passion pour l’élevage, pour la race Aubrac», souffle Quentin. A 21 ans, son bac CGEA et son BTS ACSE en poche, il pose ses valises définitivement en Aveyron. Celui qui a «toujours eu envie de travailler avec les vaches» fait ses classes dans plusieurs élevages. Salarié au service de remplacement de la coopérative Jeune Montagne pendant 3 ans, il forge son expérience dans les élevages laitiers. Il y découvre divers systèmes et voit du pays ! «C’est là que j’ai vraiment appris le métier, dans la pratique, pour me faire la main même si c’est plutôt l’élevage allaitant qui me plaît !», confie le jeune homme. Et la race Aubrac en particulier : «D’abord visuellement, pour sa beauté, elle dégage quelque chose. Derrière elle, il y a un territoire, une histoire, c’est super intéressant !», raconte Quentin, qui n’imagine pas une vache Aubrac sans cornes !

Une rencontre naturelle : la reprise en famille

Son oncle, Gauthier Gros, était alors seul sur la ferme depuis le départ à la retraite de ses parents. «J’étais surbooké ! Je savais que mes filles n’étaient pas intéressées pour reprendre mais j’avais envie de transmettre, que ma ferme continue après moi», raconte l’éleveur de Rayrolles. «Quentin venait régulièrement me donner un coup de main et on travaillait bien ensemble… L’idée qu’il me rejoigne sur la ferme est venue naturellement», se souvient-il. «Nous partageons le même goût pour la race, la même vision de la conduite de l’élevage, la même passion pour la génétique… Nous nous sommes bien trouvés», confirme Quentin. Il s’installe donc hors-cadre familial en avril 2018 avec son oncle. Ensemble, ils mènent un troupeau de 120 mères Aubrac en race pure sur 200 ha de SAU dont 80 en estives dans le Cantal. Ils misent sur l’autonomie fourragère avec également un peu de céréales produites sur la ferme et de maïs ensilage pour engraisser les vaches de réforme et repousser les mâles. «A mon installation, j’ai pu bénéficier d’une trentaine d’ha en plus et nous avons aussi construit un bâtiment qui nous permet de travailler plus confortablement que dans les vieilles étables», complète Quentin.

Une passion commune

Avec son oncle, il partage une même passion pour la sélection. Ils privilégient les animaux mixtes, bien racés, avec de bons aplombs, qui nourrissent bien leurs veaux et valorisent les fourrages grossiers. «Tout le troupeau est inscrit au Herd-Book, mon père était aussi un passionné», avance Gauthier. «Il participait à quelques concours, je l’ai suivi mais quand j’ai été seul sur la ferme, je n’avais plus le temps de sortir. Depuis l’arrivée de Quentin, nous avons repris». «Nous ne présentons que des animaux nés chez nous pour montrer le potentiel de notre élevage et le travail réalisé depuis plusieurs décennies», explique le jeune homme. En 2023, au SIA à Paris, leur taureau O’Connell a terminé 3ème de section. «Sans être de vrais compétiteurs, nous avons été fiers de cette participation», sourit Quentin. «Et certains éleveurs ont eu le coup de cœur pour ce taureau dont nous avons pu vendre quelques produits».

Chaque année, ils participent avec plusieurs animaux au cantonal à Saint Amans ou sur le Carladez en alternance. «C’est une belle fête de la race, un moment convivial en toute simplicité qui donne la place à tout le monde», estime Quentin, heureux d’avoir pu lui aussi, faire sa place. «J’ai eu la chance d’avoir su ce que je voulais faire et de pouvoir le réaliser grâce au soutien de ma famille, de mon oncle. De fait, j’ai fait le chemin inverse des Aveyronnais de Paris. J’ai quitté la capitale pour revenir au pays», confie-t-il, remerciant son oncle qui a «tout fait pour que je me sente chez moi. Il m’a toujours impliqué dans les décisions de la ferme. Ici le cadre de vie est génial et même si parfois le côté brasserie me manque un peu, je ne ferai pas le chemin à l’envers !», poursuit-il. Joueur de quilles depuis son plus jeune âge avec son frère qui fut champion, Quentin poursuit sa passion et vient d’être élu président du club du Nayrac. L’intégration est totale !

Eva DZ

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