Joël Mazars (notre photo), président de la section caprins lait FDSEA, membre du bureau de la FNEC (Fédération nationale des éleveurs de chèvres), revient sur la bonne dynamique de la filière caprins lait, en termes de prix et d’installations. Avec un rappel contre des systèmes de production paille-concentré, contraires aux orientions de l’interprofession.
– Quel bilan tirez-vous de l’année écoulée ?
«L’année 2020 a été atypique évidemment, avec la crise sanitaire, pour notre petite filière caprine. Finalement, notre production a connu une année plutôt positive au niveau économique. Le prix du lait a enregistré une hausse de 30 euros/1 000 litres en 2020. La dynamique enclenchée avec les EGAlim doit continuer en 2021, c’est ce que nous atten- dons.
– Où en est l’Aveyron ?
La production de lait de chèvre a progressé de 8 % dans notre département en 2020, de 4 % au niveau national. Nous sommes donc dans une perspective de développement des installations toujours bien présente, avec environ 200 producteurs en Aveyron, plus une quinzaine de projets dans les tuyaux chaque année. Et ce, avec de moins en moins d’échecs dans les installations nouvelles qui bénéficient d’un encadrement efficace avec le conseil d’entreprise. Cependant, notre filière constate à nouveau des attitudes de production regrettables, de choix de mode de production animés par un prix du lait en hausse qui ne correspondent pas du tout aux attentes et à l’image de notre production.
– C’est à dire ?
Certains producteurs caprins, poussés par leur firme d’aliments en recherche de chiffre d’affaires, mais aussi par des techniciens d’élevage, orientent leur production vers un système d’alimentation basé sur la paille et le concentré. C’est une mauvaise voie qui se révèle très dépendante des achats extérieurs, très peu autonome, et, surtout, très fragile économiquement lorsque le prix du lait de chèvre est plus tendu. Lors de la crise de 2010, ce sont en effet ces systèmes de production-là qui ont été mis en grave difficulté. Il ne faut donc pas l’oublier !
– Continuez-vous de travailler sur les coûts de production ?
Nous avons mis en place un Groupe opérationnel du partenariat européen pour l’innovation (GOPEI) avec la Région Occitanie pour amener un maximum de solutions d’autonomie aux éleveurs caprins, pour de nouvelles pratiques, de cultures, de modes d’alimentation, dans le but de diminuer les achats extérieurs, d’être plus indépendants, au profit d’un meilleur coût de production. En Occitanie, nous sommes donc en phase avec les attentes de la filière. Ayant participé récemment au Groupe alimentation caprine national (GAC), il a été clairement exprimé de ne pas encourager le système paille-concentré. Car, répétons-le encore, ce dernier est contraire aux orientations inter- professionnelles de notre filière.
– Qu’en est-il du code mutuel des bonnes pratiques d’élevage ?
Le bien-être animal comme l’autonomie alimentaire auront une place encore plus conséquente dans ce dispositif que nous allons réviser. Ce sera l’un des chantiers à venir dès 2021».
D.B.
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