Aveyron | Par Mallory Bouron
Après des mois de négociations, l’Unell et Lactalis ont annoncé être parvenus à un accord sur le prix du lait payé aux producteurs, vendredi 1er mars, à hauteur de 425 €/1000 litres, pour le premier trimestre 2024. Une satisfaction pour la FDSEA qui rappelle cependant que le combat est loin d’être terminé.
Il a fallu quatre mobilisations, de nombreuses bennes de fumier déversées devant le site de Lactalis et des mois de discussions infructueuses pour que le géant laitier lâche enfin du lest. Vendredi 1er mars, dans un communiqué commun, Lactalis et l’Unell ont annoncé avoir trouvé un accord sur la base de 425 €/1000 litres de lait payé aux producteurs, alors que le leader mondial du lait campait depuis des semaines sur une position ferme de 420 €/1000 litres. Un accord qui n’est que le point de départ d’une revalorisation plus globale du prix du lait, espèrent Claude Falip et Christophe Malgouyres, co-responsables de la section bovins lait à la FDSEA.
«Retrouver de la sérénité dans la filière»
«Nous savions que les résultats seraient compliqués à obtenir dans l’immédiat. Je ne sais pas si l’on peut dire que l’on se réjouit, c’est un bien grand mot, mais disons que l’on est satisfait de cet accord», explique Claude Falip. Le co-président de la section bovins lait a été l’une des figures de proue du mouvement de colère contre Lactalis durant de longues semaines et rappelle «tous les efforts» consentis durant ces journées de mobilisations. «Une mobilisation nécessaire», selon lui, «pour faire réagir Lactalis qui restait quand même sur des positions très fermes».
Si le géant laitier a dû céder face à la pression syndicale, les producteurs de lait aussi ont dû faire quelques compromis, eux qui réclamaient un prix à hauteur de 429 €/ 1000 litres de lait lors de la dernière mobilisation, le 2 février. «Notre demande de base était de 429 €, mais le prix a évolué pour que la situation puisse avancer et se débloquer. Le prix de 425 €/1000 litres de lait va au-delà de la formule existante qui est à 406 €, et c’est en phase avec les prix pratiqués au premier trimestre. C’est en cela que cet accord est intéressant», confirme Christophe Malgouyres.
Un accord presque vital pour les producteurs de lait pour qui le combat est loin d’être achevé, rappelle le co-président de la section bovins lait. «Cet accord nous permet de poursuivre le travail de médiation entre Lactalis et l’Unell qui a pour but de faire évoluer la formule contractuelle afin qu’elle nous amène à une rémunération qui se rapproche au mieux de nos coûts de production».
Un échange avec Emmanuel Besnier
Présent au Salon de l’agriculture la semaine passée, Christophe Malgouyres s’est entretenu quelques instants avec Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis. «Il m’a fait part de ses inquiétudes concernant la valorisation sur le marché international et moi je lui ai simplement rappelé que notre lait devait être payé à son niveau de coût de production», détaille l’ancien président de l’association des producteurs de lait Lactalis Rodez (APLR).
«Nous sommes sur le terrain, au contact de ces personnes pour porter les revendications de centaines d’éleveurs, nous devons continuer de mettre la pression sur les pouvoirs publics afin qu’Egalim nous aide à avancer sur la fixation des coûts de production et surtout leur prise en compte dans la fixation des prix», poursuit-il. Un message fort pour l’ensemble de la filière.
Mallory Bouron