National | Par Didier Bouville
Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine (FNP) a adressé une lettre ouverte aux éleveurs de porcs français.
– Comment se porte la production porcine en France ?
«L’été a redonné des couleurs au moral des éleveurs. Depuis quelques mois, le cours du porc est remonté et cette embellie est la bienvenue. Cependant, elle ne doit pas faire oublier la gravité de la crise et les drames personnels qu’elle a entraînés.
– Et les producteurs ?
Beaucoup vivent encore des situations très compliquées malgré la remontée du cadran. Et nombreux sont ceux qui n’ont pas pu surmonter la crise. Sur les 6 premiers mois de 2016, le prix moyen perçu par les éleveurs est de 1,38 €/kg en moyenne pour un coût de production de 1,41 €/kg. L’embellie estivale a donc permis de ramener les situations à peine à l’équilibre, mais c’est sans compter les années d’arriérés déficitaires. Ainsi, à fin 2015, les centres comptables chiffraient ce déficit à près de 100?000 € pour un éleveur moyen sur les 10-15 dernières années. La convalescence va durer longtemps.
– Comment voyez-vous l’avenir ?
Nous sommes déterminés à profiter du climat plus apaisé dans la filière pour faire avancer nos ambitions au service des éleveurs. Nous travaillons sur la baisse de consommation de viande porcine et la sécurisation des marchés à l’export, notamment en travaillant sur la qualité. L’étiquetage obligatoire de l’origine est enfin en passe d’être acquis. Des discussions interprofessionnelles seront nécessaires pour déterminer les mentions valorisantes qui parlent au consommateur, et cesser de réduire l’intérêt du porc au seul prix bas. En outre, nous poursuivrons le travail pour investir les relations commerciales, les producteurs ne peuvent plus être exclus de la chaîne de valeurs.
Il est indispensable de continuer ce qui a été engagé et les acquis obtenus sur la compétitivité des structures, des filières et la réduction des charges. Il faut réfléchir au financement des exploitations, et au portage des capitaux si nous voulons pouvoir installer demain. Pour se prémunir des coups durs, il faut remettre tous les opérateurs autour de la table pour se munir d’un outil de type fonds utilisable très vite en cas de crise, assurant notamment la compétitivité des élevages».
Lire aussi dans la Volonté Paysanne datée du jeudi 15 septembre 2016.
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