Aveyron | Par La rédaction
A Saint Chély d’Aubrac, Peyre en Aubrac et Nasbinals, le Parc naturel régional de l’Aubrac est à l’initiative de chantiers de reconstruction de murs en pierres sèches, en collaboration avec les communes et l’association des artisans bâtisseurs en pierre sèche. Reportage sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle avec des jeunes en formation paysagiste de l’école de Romagnat dans le Puy de Dôme.
Des élèves en CAP agricole – jardinier – paysagiste de l’EREA de Clermont-Ferrand encadrés par des artisans qualifiés de l’association des Artisans bâtisseurs en pierre sèche, ont participé à un chantier de rénovation, sur une portion du Chemin de Saint Jacques de Compostelle, au hameau des Cambrassats, à Saint Chély d’Aubrac (photo PNR Aubrac).
Au hameau des Cambrassats, sur les hauteurs de Saint Chély d’Aubrac, une équipe de jeunes en CAP agricole – jardinerie et paysagiste de l’EREA de Clermont Ferrand a passé quelques jours sur une portion du Chemin de Saint Jacques de Compostelle, pour reconstruire un mur en pierre sèche. Encadrés par leurs enseignants et par des artisans bâtisseurs membres de l’association professionnelle dédiée aux pierres sèches, ils ont défriché le sentier, travaillé au dégagement d’un abreuvoir qu’ils ont protégé de fondations en pierres sèches pour permettre à l’eau du chemin de s’écouler tout en retenant la terre. «Nos jeunes ont appris la technique pour caler les pierres sans mortier ni ciment. Un travail somme toute physique qu’ils ont mené avec beaucoup d’envie et d’entraide», les félicite Fabien Pélissier, l’un de leurs encadrants techniques.
Tous sont très fiers d’avoir participé à cet édifice, qui sécurise une portion du Chemin de Saint Jacques Compostelle empruntée par des milliers de marcheurs chaque année. Ils ont d’ailleurs eu l’occasion, lors de leur chantier, d’échanger avec quelques-uns d’entre eux pour leur expliquer ce qu’ils ont entrepris. «Ces chantiers de rénovation ont une vocation pédagogique, d’abord envers les communes, envers les jeunes qui y participent et envers les habitants et le grand public qui profitent des aménagements réalisés», confirme Régine Pechberty, chargée de mission au Parc qui a participé à monter ce projet. Des projets qui ont pu se réaliser grâce au soutien de nombreux partenaires (Région, Union européenne via le Massif central, la Communauté de communes Aubrac Carladez Viadène, les communes concernées). «Les pierres sèches ne sont pas une lubie, elles appartiennent à notre patrimoine, à nos paysages d’Aubrac», complète Christiane Marfin, maire de Saint Chély d’Aubrac, venue adresser ses félicitations aux jeunes pour le travail réalisé. «Il nous appartient d’attirer l’attention sur la préservation de notre patrimoine local que ce soit auprès des 25 à 30 000 marcheurs que nous accueillons chaque année sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle ou auprès de la population locale. Nous tenons à soigner notre cadre de vie», argumente l’élue locale.
Une filière économique locale
Pour aider à ces réalisations, le PNR Aubrac sollicite l’association des Artisans bâtisseurs en pierres sèches. Sur ce chantier, Sylvain Olivier, artisan dans l’Hérault et Harold Van Lent, artisan sur Saint Affrique, tous deux artisans qualifiés et membres de l’association, ont encadré les jeunes mais aussi les agents communaux du territoire du Parc et le grand public. Car la pierre sèche au fil des ans a su se structurer en véritable filière professionnelle. En 10 ans, 7 artisans se sont formés sur le territoire pour restaurer du bâti. «La pierre sèche possède de véritables vertus pour préserver nos paysages mais aussi la biodiversité, le patrimoine de nos territoires», avancent les deux artisans. Un métier qui se développe peu à peu, qui contribue à l’économie rurale : «Notre activité n’est pas délocalisable, ni industrialisable. Nous travaillons à partir des pierres sèches récupérées localement, en bordure de champs…», poursuivent-ils. Heureux de l’implication de l’équipe de jeunes sur ce chantier, ils saluent leur esprit d’équipe, leur enthousiasme : «Merci à eux de ne pas s’être découragés car les chantiers ne sont pas toujours simples et ils l’ont fait avec le sourire !», confient Sylvain et Harold.
Et devant tant d’enthousiasme, les élus présents en ont profité pour leur parler des nombreux postes à pourvoir sur le territoire pour ceux qui souhaitent s’installer sur l’Aubrac ! «Nos jeunes sont très contents de leur venue sur l’Aubrac», assure Fabien Pélissier, «et certains reviendront peut-être voir la réalisation finale dans quelques temps en se disant qu’ils y ont participé ! C’est une belle histoire», poursuit le formateur.
Ce chantier dans le hameau des Cambrassats a duré 5 jours : 3 journées avec les élèves et 2 journées ouvertes aux agents communaux, élus du territoire pour les initier à la pierre sèche et à tous ceux, passionnés et amateurs, qui voulaient découvrir ce savoir-faire. Le Parc naturel régional de l’Aubrac va réaliser d’ici fin juin, deux autres chantiers de ce type sur les communes de Nasbinals et Peyre en Aubrac. Et d’autres projets sont en cours, au-delà du Chemin de Saint Jacques de Compostelle, sur des espaces publics que les communes souhaitent aménager et mettre en valeur… pour embellir le cadre de vie des habitants comme des gens de passage.
Eva DZ
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