Aveyron | Par eva dz

Patrimoine mondial de l’UNESCO : les transhumances font leur entrée

Début décembre, le comité intergouvernemental de sauvegarde du Patrimoine Culturel immatériel (PCI) de l’UNESCO a inscrit au niveau mondial «La transhumance, déplacement saisonnier de troupeaux».

Cette décision est le résultat d’un travail collectif de longue haleine initié par la France en 2019, par les acteurs du pastoralisme et de l’élevage regroupés au sein d’un Comité de Pilotage animé par le Collectif des Races Locales de Massif (CORAM). Ce comité réunit représentants de l’Etat, organismes agricoles et autres acteurs des territoires. En 2020, ce comité avait déjà abouti à une inclusion des savoir-faire et des pratiques de la transhumance en France à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel.

Pour Jean-Luc Chauvel et Olivier Maurin, co-présidents du Comité de Pilotage au titre du CORAM : «Cette inscription est un hommage fort rendu par l’UNESCO aux éleveurs, bergers et vachers transhumants qui, par leurs pratiques et leur passion pour leur métier, leurs animaux et leur territoire font vivre cette pratique. C’est cet attachement qui permet de préserver des filières de qualité basées sur des systèmes d’élevage vertueux, d’entretenir les territoires pastoraux et la biodiversité afin de répondre aux exigences sociétales pour une agriculture plus durable».

La pratique de la transhumance ainsi inscrite est définie dans le dossier d’inscription comme «un déplacement saisonnier de personnes et de leur bétail entre plusieurs régions géographiques ou climatiques». Pratique ancestrale, la transhumance découle en effet d’une connaissance approfondie de l’environnement et implique des pratiques sociales et des rituels relatifs aux soins, à l’élevage et au dressage des animaux ainsi qu’à la gestion des ressources naturelles. La transhumance contribue à l’inclusion sociale, au renforcement de l’identité culturelle et des liens entre les familles, les communautés et les territoires, tout en contrant les effets de l’exode rural.

Au travers de cette reconnaissance, le Comité intergouvernemental de sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) de l’UNESCO reconnaît dans son rapport d’évaluation que cette pratique, qui allie tradition et innovation «a un impact bénéfique sur les écosystèmes, préserve les races locales et améliore la fertilité des sols et la biodiversité».

Dans le cadre de la démarche d’inscription au PCI de l’humanité, un plan de Sauvegarde et de Valorisation de la Transhumance réalisé par le Comité de Pilotage animé par le CORAM a été également élaboré. Il intègre notamment une analyse des risques et des menaces pesant sur la continuité de cette pratique. Ce plan constitue ainsi un programme opérationnel en faveur de la Transhumance devant permettre d’insuffler une politique dynamique en faveur de la connaissance, de la promotion, de la valorisation et de la transmission de cet héritage culturel.

Du côté de l’Aubrac, on se réjouit bien entendu de cette décision : «Nos farà de ben !», a salué Bernard Bastide, président du Parc naturel régional de l’Aubrac. «C’est une grande reconnaissance pour le pastoralisme et le travail des éleveurs. Je pense aussi à tous ceux qui sont bénévoles et qui s’engagent dans des associations pour organiser les fêtes traditionnelles qui accompagnent les troupeaux».

Reconnaissance

Les fêtes des Transhumances à Aubrac et Saint Côme d’Olt, à Saint Geniez et à Bonnecombe attirent chaque année de nombreux visiteurs. Ces fêtes traditionnelles permettent de valoriser ce patrimoine vivant. La transhumance permet aux vaches Aubrac ayant passé l’hiver au chaud dans les fermes de la vallée de monter passer l’été sur le plateau pour profiter de l’herbe en abondance. En automne, sur l’Aubrac, la transhumance des vaches qui redescendent dans les vallées porte le nom occitan de Davalada, celle-ci se fête du côté d’Argences en Aubrac.

Le Parc de l’Aubrac représente la Fédération des Parc naturels régionaux de France au sein du comité de pilotage de cette candidature UNESCO. «Il faut saluer le travail du Collectif des races de montagne, cheville ouvrière du dossier en collaboration avec les associations pastorales et de races, Chambres d’Agriculture de France et les ministères de la Culture et de l’Agriculture», souligne Olivier Guiard, directeur du Parc de l’Aubrac. «Grâce à cette inscription, le cadre juridique de cette pratique ancestrale va être transcrit en droit moderne afin de la protéger juridiquement. Cela permettra aussi de développer des formations aux métiers de bergers et vachers et de préparer l’avenir. Ce classement doit permettre d’insuffler une politique dynamique en faveur de la connaissance, de la promotion, de la valorisation et de la transmission de cet héritage culturel», conclut-il.

Même satisfaction du côté de l’Entente Interdépartementale des Causses et Cévennes qui a participé aux nombreux Comités techniques français pilotés par le CORAM pour faire aboutir cette inscription portée par l’Albanie, l’Andorre, la Croatie, la France, le Luxembourg, la Roumanie et l’Espagne qui ont ainsi rejoint l’Autriche, la Grèce et l’Italie. Pour rappel, la transhumance fait partie des attributs immatériels du Bien UNESCO des Causses et Cévennes depuis 2011. Cette pratique est encore très active sur le territoire. En effet, 20 000 brebis transhument chaque année depuis les plaines languedociennes et gardoises vers les sommets de l’Aigoual, du Bougès et du Mont-Lozère. C’est une centaine d’éleveurs qui confient leurs troupeaux à des bergers saisonniers permettant de garantir l’ouverture des milieux et la fertilisation des sols. «Au travers de cette inscription, c’est tout le savoir-faire et les bonnes pratiques des bergers qui sont reconnus internationalement.Cette inscription n’est pas qu’un simple label, elle s’accompagne d’un plan de sauvegarde ambitieux pour préserver et promouvoir la transhumance», ont salué les organisateurs des évènements du territoire Causses et Cévennes.

Nul doute qu’avec cette nouvelle reconnaissance de l’UNESCO, les fêtes annuelles des transhumances auront au printemps 2024 une saveur particulière !

La rédaction

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