Aveyron | Par La rédaction
Le 27 juillet à Saint-Chély-d’Aubrac, le Parc Naturel Régional de l’Aubrac a restitué les résultats annuels de son suivi des cervidés auprès de ses partenaires, des agriculteurs de l’association Agriculture en Aubrac, la DDT de l’Aveyron, la Fédération départementale des chasseurs de l’Aveyron, ainsi que la maire de Saint-Chély-d’Aubrac.
Depuis 2020, le Parc a installé des «enclos-exclos». L’enclos, d’une surface d’environ 12 m2, est matérialisé par quatre grilles de chantier disposées en carré dans une prairie. L’exclos correspond à l’ensemble de la parcelle qui reste accessible aux cervidés, le pâturage des animaux d’élevage étant exclu pour l’expérimentation. Ce dispositif permet de mesurer la pousse de l’herbe de l’enclos par rapport à celle de l’exclos, broutée par les cervidés exclusivement. Bertrand Goguillon, chargé de mission au PNR Aubrac a détaillé le dispositif en place : «Nous nous sommes inspirés de ce qui s’était fait dans le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges. Ce protocole d’étude n’est pas suffisamment précis pour correspondre aux exigences d’une démarche scientifique mais il nous permet tout de même d’avoir une idée de l’évolution de la quantité de fourrages broutée par les cervidés»,
«Le rôle d’un Parc est de participer à l’amélioration de la connaissance. Les données que nous produisons sont partagées avec les acteurs locaux afin de servir de base, la plus neutre possible, aux discussions», poursuit Marieke Paardekooper, chargée de mission au Parc. «Chaque année, nous prélevons et pesons une surface précise d’herbe fraîche issue de trois prélèvements à l’intérieur de l’enclos et de trois prélèvements à l’extérieur, selon une méthodologie très stricte pour que les résultats soient comparables», explique Solène Ambrosino, stagiaire au Parc cette année.
Devant leurs partenaires, les agents du Parc ont pu faire un bilan des quatre premières années de ce suivi. 2021 a été l’année qui a connu les pertes les plus élevées et 2023 l’année avec les pertes les plus faibles. «En moyenne sur les quatre années, nous pesons 27 % d’herbe de moins à l’extérieur des enclos par rapport à l’intérieur, avec des résultats très variables selon les lieux et les années. Cela correspond à environ 8 tonnes de matière fraîche par hectare. C’est une estimation bien-sûr, mais le chiffre n’est pas négligeable quand on le compare aux calamités agricoles, par exemple, qui ont pour seuil de déclenchement 30 % de pertes de rendement», commente Marieke Paardekooper. Avant de poursuivre : «Aujourd’hui, nous souhaitons pouvoir prolonger ce travail pour quantifier les pertes avec plus de rigueur scientifique et pour surveiller l’évolution dans le temps. Il serait également intéressant de pouvoir engager une étude sur le comportement des cervidés, pour mieux comprendre pourquoi ils s’installent dans une vallée et pas une autre, pourquoi ils se déplacent ou ne se déplacent pas…».
La présentation des résultats s’est clôturée par un moment d’échange entre éleveurs et partenaires, concernant les perspectives de gestion de la population de cervidés sur le territoire.