Aveyron | Par Eva DZ
François Fleys a «toujours rêvé de travailler à deux» sur sa ferme ! Installé sur la commune de Rodelle, l’éleveur de Simmental envisageait depuis quelques années de trouver un associé. Il a toujours eu à ses côtés, des apprentis, des stagiaires qui «amènent une ouverture, des idées nouvelles, un autre regard…». Et puis, il y a quelques années, il a rencontré, Mathieu Bras, alors salarié agricole… devenu depuis cet associé qu’il a longtemps cherché !

Originaire de Villecomtal, Mathieu a d’abord suivi une voie générale : «même si j’ai des racines agricoles, mes parents ne sont pas agriculteurs. Pour autant, le milieu me plaisait bien et j’ai choisi de passer un BTS PA à La Roque pour travailler dans ce milieu. Mes différents stages m’ont permis de découvrir une production jusque là inconnue, les vaches laitières qui m’a beaucoup intéressée et m’a conduit à une licence pro à Bernussou en conseils élevage laitier».
Mathieu a commencé sa carrière comme technicien chez Lély, assurant le suivi d’élevages. «J’ai beaucoup appris pendant ces années et j’ai vu beaucoup de fermes différentes et au bout de 2 ans, j’ai eu envie de «passer de l’autre côté», sourit Mathieu. Il se lance donc dans le salariat agricole sur le secteur de Bozouls, via le Service de remplacement… C’est à ce moment-là qu’il entend parler de François et de sa recherche d’un futur repreneur.
Des liens de confiance
«En 2019, nous avons décidé de travailler ensemble. D’abord en tant que salarié, pour voir si l’entente fonctionnait. Et je continuais mes remplacements pour découvrir d’autres systèmes et me laisser le temps de la réflexion car s’installer ce n’est pas rien !», raconte Mathieu. Il en profite aussi pour passer son permis poids lourds. «Le courant est bien passé entre nous. Le système de François me plaisait bien : il a mis en place un élevage raisonné, orienté sur l’AOP Bleu des Causses, tout en herbe, très pâturant… Nous avons la même vision et du coup, c’est forcément plus facile !».
La présence du robot dans l’élevage, que François avait mis en place au départ à la retraite de ses parents, lorsqu’il s’est retrouvé seul sur la ferme, a aussi été un plus : «je ne me voyais pas traire toute ma vie, matin et soir, tous les jours de l’année ! Ça aurait été trop lourd pour ma famille et moi», souffle Mathieu, déjà aguerri au fonctionnement du robot par son passage chez Lély !
Après une année de CEFI, un cycle complet de production et le temps de prendre chacun ses marques, le projet d’association s’est enclenché. «J’étais rassuré d’un point de vue humain mais aussi financier. Il y a un engagement certes quand on s’associe (j’ai racheté les parts sociales) mais la ferme est en bonne santé avec un système équilibré autour des 60 vaches, et surtout François avait une vraie volonté de transmettre». Ce dernier confirme : «Je ne voyais pas ma ferme aller à l’agrandissement… Je voulais tout faire pour donner une chance à un jeune, motivé, qui en voulait, de s’installer. Avec Mathieu, j’ai tissé des liens de confiance. Nous partageons la même vision, avec l’expérience pour moi, le dynamisme et le pep’s pour lui !».
Trouver les bons leviers
Ensemble ils ont étudié les leviers possibles pour installer Mathieu sans perdre cet équilibre. «La sœur de François avait une petite ferme de 40 ha à 6 km, prenant la retraite, elle nous a proposé une location. Avec la coopérative CELIA, nous avons monté un petit atelier d’engraissement en Fleur d’Aubrac IGP.
Et sur l’atelier lait, nous avons optimisé la production par vache, amélioré la qualité du lait et gagné 50 000 litres». Un fonctionnement qui satisfait les deux associés : «Nous faisons tout à 2, j’y tenais parce que c’est plus facile de se remplacer. Chacun touche à tout ! J’aime beaucoup mon métier d’éleveur, un métier très prenant, je m’y attendais ! Mais je veux aussi me protéger, avoir du temps pour ma famille et pour mes engagements comme au collège producteurs de l’AOP Bleu des Causses».
Ainsi que pour l’accueil de visiteurs sur leur ferme découverte, que François avait initiée et qu’ensemble ils ont concrétisée : «Nous avons trouvé un bon rythme et quand nous évoquons le départ à la retraite de François, je pense davantage à prendre un associé qu’à rester seul sur la ferme !», confie Mathieu.
Eva DZ
- CEFI
- Aveyron
- bleu des causses
- Celia
- Ferme découverte
- Fleur d'Aubrac
- Installation
- Robot de traite
- Rodelle
- Service de Remplacement
- Simmental
- Transmission