Aveyron | Par eva dz
L’organisme de sélection UPRA Lacaune fête cette année ces 50 ans. A Provinlait, un petit événement marquera cet anniversaire mercredi 24 avril en fin de matinée puis quelques jours plus tard à l’occasion de l’assemblée générale à Arvieu.
«Apporter plus de visibilité à notre organisme de sélection, montrer ce que l’on fait et rappeler les raisons qui font que notre organisation professionnelle et collective existe depuis 50 ans !». Michaël Dressayre, président et Ioan Romieu, vice-président, sont fiers de célébrer ce demi-siècle d’existence de l’UPRA Lacaune. «On l’oublie un peu parce qu’on ne le dit pas assez mais notre collectif, composé autour des deux entreprises de sélection, Ovi-Test et le Service élevage de la Confédération de Roquefort avec le GID Lacaune, fonctionne ensemble», rappellent les deux responsables.
Et même si les visions sont parfois différentes, les objectifs tout comme la stratégie sont partagés : faire progresser la race Lacaune. «Nous avons lancé collectivement des projets structurants comme la génomique, la refonte du règlement zootechnique européen. La race ne serait jamais allée aussi loin sans cette émulation permanente», confirme le directeur, Pierre Arsac.
Revenant sur les origines de l’UPRA, Michaël Dressayre rappelle qu’elle a été créée au départ autour du Roquefort : «c’est la filière de qualité qui nous a fédéré et a poussé les premières orientations de la race : la quantité de lait, la qualité, la fromageabilité autour d’une colonne vertébrale, le Roquefort. D’autres enjeux se sont greffés mais depuis 50 ans, la priorité reste la même : que la génétique de la Lacaune soit créée par et pour les éleveurs de notre bassin de production». Et Ioan Romieu de compléter : «La génétique que l’on crée est calibrée pour le système Roquefort mais finalement elle convient à tous les opérateurs. Nous continuons à sélectionner pour une production traditionnelle sur notre rayon. Notre raison d’être, c’est d’être lié à la production de Roquefort !», rappelant que les premiers gros apports techniques ont été possibles grâce à Société des caves et ses premiers agronomes, sa ferme d’essais pour améliorer la production laitière.
Certains éleveurs ont peut-être un peu de mal à voir leur génétique s’exporter et profiter à des producteurs étrangers dont les produits pourraient concurrencer les leurs mais pour les responsables de l’UPRA, ces marchés à l’export sont un moyen de récupérer de la valeur ajoutée pour financer les programmes de sélection et permettre aux éleveurs du bassin de bénéficier de la meilleure génétique à un coût abordable.
La force du collectif
«Notre force, c’est le collectif et c’est aussi la forte adhésion des éleveurs, qui sont à la décision des orientations et l’effet de nombre des effectifs», avance Michaël Dressayre. Le fait que la race soit en pointe aujourdhui, elle le doit à sa stratégie génétique en ovins lait identique dans tous les bassins de production. «La race Lacaune s’adapte aussi bien à nos systèmes traditionnels déjà très diversifiés que l’on soit sur les monts de Lacaune, le Larzac, le Réquistanais… qu’à des systèmes plus intensifs comme en Espagne, voire à du hors-sol», souligne Ioan Romieu. «La Lacaune produit bien et s’adapte bien partout ! Elle sait contenter les éleveurs sur des systèmes très économes comme sur des systèmes très productifs». Et sur les deux schémas lait et viande. A cela s’ajoute un bon réseau d’appui technique, ancré, ancestral, presque naturel chez les éleveurs.
Des moyens sont mis en œuvre pour cadrer les programmes, gérer la diversité génétique avec des règles : «On ne va pas plus loin, plus fort, plus vite mais on avance de façon raisonnée», indique Michaël Dressayre. Et de citer les 30% de progrès génétique en plus grâce à la génomique. «Nous nous posons des questions à chaque étape, que ce soit auprès des éleveurs, des techniciens, des scientifiques du CNBL, de l’INRAe pour savoir dans quoi on investit. Il faut bien réfléchir en amont et ne pas se tromper. Cela prend du temps même si nous avons la chance d’avoir une diffusion plutôt rapide de la génétique grâce à la forte adhésion des utilisateurs», précise Pierre Arsac. Ces dernières années, l’orientation porte sur la longévité fonctionnelle des brebis. L’objectif est d’améliorer la rentabilité économique. Un autre projet porte sur la sélection de la résistance au parasitisme.
Conscient des responsabilités qu’ils portent pour l’avenir de la Lacaune, les responsables de l’UPRA se projettent sur une brebis qui approvisionne la filière et fait vivre les éleveurs. Et s’ils ne prévoyaient pas forcément le développement que connaît la race à l’échelle nationale, ils veulent profiter de cette belle dynamique autour du lait de brebis. De bons arguments pour leur mission de promotion sur les salons, au SIA, au Sommet de l’élevage et à Provinlait ! «Notre rôle est de défendre et de promouvoir la Lacaune tout en veillant à la maîtrise des orientations que nous avons choisies. Dans le cadre génétique national, nous défendons notre organisation collective et mutualiste, qui profite en premier aux éleveurs. Et ça ne changera pas tant que nous maintiendrons cette vigilance», ont assuré Michaël Dressayre et Ioan Romieu.
Né dans la brebis Lacaune sur les monts qui porte le même nom, Michaël s’est engagé à l’UPRA pour apprendre à connaître l’organisme génétique collectif et défendre ce modèle. Ioan, lui n’est pas né dans les brebis mais a saisi l’opportunité de s’installer à La Cavalerie : «La Lacaune est le fruit d’un écosystème technique, zootechnique solide, complexe et efficace, d’une organisation collective d’éleveurs. Un héritage à transmettre et à faire connaître», concluent-ils.
Eva DZ