National | Par La rédaction
L’association Familles Rurales a dévoilé le 7 avril son enquête sur l’inflation alimentaire. Si celle-ci est égale à 0 % sur un an, les disparités restent parfois importantes en fonction des produits.

Marché Sainte-Anne Martinique © Actuagri-CS
Sous l’intitulé «Les belles intentions de la grande distribution et des industriels à l’épreuve de la transparence attendue sur leurs marges», Familles Rurales a rendu public son baromètre relatif à l’inflation alimentaire. Selon ses calculs réalisés dans 138 magasins par 108 «veilleurs consommation» dans 42 départements et sur 3 gammes de 83 produits alimentaires de consommation courante (marques nationales, premiers prix et produits issus de l’agriculture biologique), l’association est arrivée à la conclusion que les prix n’ont pas augmenté entre 2023 et 2024.
«Mais cette accalmie cache une réalité plus sombre : +21 % d’augmentation en 3 ans (2021-2024)», souligne l’étude. S’alimenter conformément aux préconisations du Plan national nutrition santé (PNNS) coûte entre 553 € et 1 292 € tous les mois à une famille de quatre personnes (deux adultes et deux enfants), poursuit-elle. «Le prix moyen mensuel de notre panier économique ‘‘varié’’ pour une famille de 4 personnes s’élève à 804 €, 903 € pour les marques nationales et 1292 € pour le bio Cette note tombe à 533 € quand on varie moins les produits tout en respectant le PNNS et le cycle des saisons», précise le rapport.
Facteurs de production
Cette inflation varie fortement en fonction du mode d’alimentation et des catégories : + 11,7 % du côté des matières grasses versus -3,2 % pour la catégorie «viande – œuf – poisson». Selon Familles Rurales, les prix des produits sucrés (+1,1 %) et laitiers (+0,8 %) se sont stabilisés avec de très fortes augmentations en 2023 : +26,4 % pour les produits sucrés et +24,5 % pour les produits laitiers. Au cours de l’année écoulée, l’association pointe une baisse «remarquable» et globale (-3,2 %) dans la catégorie viande/poisson/œuf : «Ce sont plus particulièrement les volailles qui ont enregistré une baisse substantielle : -4,5 % pour le filet de poulet, -8,5 % pour le filet de canard et -9,2 % pour le filet de dinde», précise l’étude. Pour cette dernière, la stabilité des prix s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs : une inflation quasi-nulle sur les facteurs de production tels que les intrants (semences, engrais…), de certaines charges de structure (emballages par exemple) ou des carburants. «Le prix des énergies gaz et électricité est, lui aussi, inférieur en 2024 par rapport à 2023 bien qu’il reste très élevé et pèse sur les charges de tous les acteurs des filières alimentaires. En revanche, le coût du travail a continué à augmenter en 2024», note l’observatoire.
Abandon des «sur-marges»
Rappelant que 11 millions des Français ne mangent plus à leur faim, notamment en Outre-Mer, Familles rurales demande au gouvernement de réorienter son budget pour «accompagner les consommateurs vers une meilleure composition de leur assiette». En effet, le coût social d’une alimentation inadaptée avoisinait 20 milliards d’euros (1 % du PIB) en 2012, soit 2,5 fois le budget du ministère de l’agriculture. A ce titre, elle préconise d’inciter les Français à manger «flexitarien». L’association lui demande aussi d’imposer «la transparence des marges y compris arrières et taxer lourdement les profits manifestement excessifs». Notamment dans son viseur, le groupe Carrefour qui a vu le montant de son dividende par action augmenter de 81 % et certaines industries agroalimentaires. Le dividende par action de LDC (Le Gaulois, Maître Coq, Marie…) a doublé , dénonce l’association qui prône la mise en place d’un «Bouclier Qualité Prix», sur le modèle de celui qui existe en Outre-Mer. Elle préconise également l’abandon des «sur-marges» imposées par la loi comme le seuil de revente à perte +10 % ou encore l’interdiction des publicités à destination des enfants faisant la promotion de produits trop gras, trop sucrés et trop salés.
La rédaction