Aveyron | Par Eva DZ

Johan et Sandra se plaisent au GAEC des Vignots

Johan Bernat et Sandra Frayssinhes sont en passe d’intégrer le GAEC des Vignots à Montlaur. Actuellement en CEFI, le jeune couple a décidé de poser ses valises dans le Rougier pour élever des brebis et produire du lait pour l’AOP Roquefort à travers la coopérative La Pastourelle.

Johan et Sandra cherchaient depuis quelques temps à s’installer ensemble sur une ferme en brebis laitières de préférence… Après un premier échec sur le Larzac, le jeune couple avait mis entre parenthèse son projet. Tous deux salariés en CDI, ils attendaient le «bon projet». C’est un peu le hasard qui les a guidés vers le GAEC des Vignots à Montlaur où Guillaume et Myriam cherchaient un ou deux associés pour remplacer leur frère Julien, qui a rejoint son épouse sur un autre projet agricole.

Le courant passe bien entre Guillaume, Myriam et Johan et Sandra ! ©La Volonté Paysanne


«Nous nous connaissions parce que j’ai travaillé 5 ans au Groupement d’Employeurs de Montlaur que Guillaume préside», explique Johan. «Et puis nous avons commandé du vin à la même personne et c’est ainsi que l’on s’est revu !», sourit Guillaume. De cet échange est née l’idée de pouvoir travailler ensemble… Le Répertoire Départ Installation ne leur ayant ni aux uns, ni aux autres, apporté le bon candidat ! Sandra et Johan qui entre-temps, ont accueilli leur premier enfant, ont saisi l’occasion. «On n’était pas forcément parti sur le Rougier ni pour rejoindre un GAEC mais finalement l’idée de pouvoir travailler à plusieurs pour préserver la vie de famille, nous a semblé une bonne idée !», confient Johan et Sandra. D’autant que Johan, originaire de Saint Jean d’Alcapiès, connaissait bien ce territoire et les agriculteurs du coin, y ayant travaillé. «Il y a une bonne dynamique de groupe sur le Rougier. C’est important dans notre choix parce qu’on sait qu’on peut compter les uns sur les autres et s’entraider sur les gros chantiers d’ensilage ou d’insémination… ou en cas de coups durs. Et puis on ne voulait pas s’enfermer dans notre métier !», complète Sandra.

Le lait de brebis : une évidence

«Travailler en brebis laitières, une filière dynamique et rémunératrice, était pour nous une évidence. Et puis je maîtrise bien la production», explique Johan, fort de son expérience professionnelle chez des éleveurs ovins lait. «Nous avions envie de traire pour une entreprise locale, favorisant l’économie de ce territoire», appuie-t-il. Le GAEC des Vignots coche cette case avec le lait livré à La Pastourelle, à quelques kilomètres de la ferme. Le seul petit bémol aux yeux de Sandra, ingénieur agronome de formation et ancienne conseillère agronomie à la Chambre d’agriculture est l’absence de système tout foin ! «Mais j’avoue que sur le Rougier, ce n’est pas possible et finalement l’ensilage est aussi une sécurité et un confort en années sèches ! On en fait quand même du foin !», sourit-elle.


Pour Guillaume et Myriam, en recherche d’associé(s) depuis 4 ans, l’arrivée de Johan et Sandra est un soulagement ! «Nous avons toujours travaillé à plusieurs et personnellement mes trois enfants sont encore jeunes (entre 3 et 7 ans). Je veux pouvoir leur consacrer du temps aussi. Et sur la ferme, nous avons encore des annuités à honorer», avance Guillaume. «Le fait de connaître Johan était un plus !». Lui aussi au moment de son installation en 2001 est passé par le Cefi (c’était encore possible dans le cadre familial). «C’est un bon outil pour apprendre à se connaître, à connaître l’exploitation, à travailler ensemble mais il n’offre pas de vrai statut», regrette Johan. En effet ce dispositif financé par la Région octroie un salaire de 700 euros par mois, par personne. «Pour nous qui avions une situation salariée avec un CDI et avec l’arrivée d’un bébé… financièrement c’était juste», explique le couple.

Finalement, grâce à une rupture conventionnelle pour l’un et une démission-reconversion pour l’autre, ils ont pu ouvrir des droits au chômage auprès de Pôle Emploi pour bénéficier d’une rémunération pendant leur Cefi, qui leur permet de se loger, de payer une nounou… et de rendre possible leur futur projet d’installation.

S’organiser, se faire confiance


Dès le départ de leur projet d’association, Guillaume, Myriam, Sandra et Johan ont organisé le travail à 4. «Nous avons été malades à tour de rôle à leur arrivée. Ils ont été tout de suite dans le bain !», rigole Myriam. «Nous avons de suite fonctionné comme si nous étions associés. C’est-à-dire que Johan comme Sandra participent aux décisions de l’exploitation», complète Guillaume. Le travail à la ferme est automatisé pour faciliter le travail. La CUMA locale, bien équipée, est sollicitée en complément. Pour les week-end, là aussi, l’astreinte est partagée équitablement entre le couple et le frère et la sœur. «Nous avons bien conscience que Johan et Sandra veulent apporter leur patte c’est tout à fait normal», avance Myriam. Sandra prend ainsi l’initiative sur le pâturage au vu de son expérience passée ! «Notre objectif n’est pas devenir la plus grosse ferme du coin mais de travailler de façon efficace avec une bonne valorisation et du temps pour chacun», résume Guillaume.

Après 6 mois de Cefi, Johan et Sandra ont démarré en parallèle, leur parcours à l’installation. «Nous sommes au chiffrage du projet et nous avons encore le stage 21h», explique le couple qui devrait bénéficier de droits à produire supplémentaires de la part de leur coopérative, La Pastourelle en tant que JA, «sans rien changer en taille de troupeau». En diversification, un contrat de tournesol a été lancé avec RAGT pour un premier essai. «Nous participons à la recherche en testant de nouvelles variétés, c’est plutôt valorisant», témoignent les exploitants.

Tout s’annonce pour le mieux pour ce jeune couple, qui a pu trouver facilement à se loger à Camarès, et une nounou à Montlaur… et une exploitation pour concrétiser leur projet d’installation, auprès de deux associés bienveillants !


Eva DZ

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Aurélien Viala est éleveur d’ovins et producteur de lait pour Roquefort, pour la Maison Carles. Installé à Coudayrolles, sur la commune de Martrin, dans l’exploitation familiale depuis plusieurs générations, le Roquefort, là-bas, est aussi une question trans-générationnelle. En effet, l’aventure familiale commence avec l’arrière grand-père d’Aurélien, qui entre autres des activités de sa ferme, produit déjà du lait de brebis pour Roquefort. « Mais pour les quantités, c’était presque de l’ordre du symbolique, rien à voir avec les quantités d’aujourd’hui », explique Aurélien. « Puis dans les années 70, mon grand-père a repris le corps de ferme et s’est spécialisé dans le lait de brebis. Puis c’était le tour de mon père en 1981 qui a bien développé notre élevage en ce sens ». ©…