Aveyron | Par Jérémy Duprat

La traite, un plaisir avant tout

Ses filles. C’est ainsi qu’Annabelle Soulié nomme affectueusement ses 200 chèvres. Depuis un an, elle a rejoint son mari au sein du GAEC du Val des Souliés. Pour Annabelle, la traite est avant tout un plaisir.

À taille humaine

Depuis un an, Annabelle Soulié s’est installé, aux côtés de son mari, Cédric, au sein du GAEC du Val des Souliés. Lui qui était installé avec ses parents, travaille en bovin viande avec 90 bêtes. Mais pour souhaiter la bienvenue à sa femme, un troupeau de chèvres est venu agrandir la famille. Et en ce mois de novembre, le temps peut sembler long pour Annabelle. «J’ai gardé un petit lot de lactation longue. Mais j’ai hâte de reprendre avec tout le troupeau. La salle de traite, c’est un peu mon bureau comme j’aime le dire. C’est là que je manipule, que je suis avec mes filles, que j’ai droit à mon câlin. Il y a un vrai contact avec les chèvres. Pour moi, la traite ce n’est pas une contrainte. C’est un vrai plaisir. Et même un besoin, je dirais. Alors, peut-être dans 10 ans je ne dirai pas la même chose puisque je n’en suis qu’à ma première année», plaisante Annabelle Soulié.

Ses filles, comme elle les appelle, sont logées dans une ancienne grange du Fayet Bas, près de Castanet, qui a été transformée en salle de traite. Juste à côté de la maison familiale. Le bâtiment a été adapté spécialement aux besoins d’Annabelle. «J’ai un petit gabarit avec 1 mètre 58. La salle est adaptée à moi. Elle est vraiment petite, toute simple, le plafond n’est pas haut. Rien n’est automatisé, sauf le décrochage. Il y a une vraie atmosphère de cocon qui fait que je m’y sens bien. La machine est une 24 postes, plutôt classique. Même si les techniciens nous ont conseillés de partir sur 18 postes. Nous avons 200 chèvres donc si un jour nous voulons nous agrandir, cela nous évite de refaire une salle de traite. C’était le meilleur choix», explique Annabelle Soulié.

L’autonomie

Simplicité et efficacité : les maître-mots du Val des Souliés. «L’important pour moi, c’est la proximité avec mes filles. Si j’ai choisi ce métier, c’est pour être proche de mes bêtes. Tout ce qui est automatique ne me convient pas, puisque cela coupe le lien avec l’animal. Cela ne me correspond pas. Je suis allée voir plusieurs exploitations, plusieurs salles de traite pour me faire une idée de ce que je voulais. Les robots et l’automatisation sont évidemment un confort de travail, surtout pour ceux qui possèdent des gros cheptels. Ce qui n’est pas notre objectif. Nous ne voulons pas vendre toujours plus. Nous voulions des chèvres en parallèle de l’atelier bovin viande, pour nous diversifier et atteindre l’autonomie. Parce que nous l’observons avec les prix en viande : il est très compliqué d’en vivre. Mais quand je dis autonomie, c’est aussi au niveau aliments pour les bêtes», expliquent Annabelle et Cédric Soulié.

Avant de rejoindre son mari au sein du GAEC, Annabelle Soulié travaillait aux côtés d’enfants. «À la base, j’ai fait des études de paysagiste. Je travaillais beaucoup en extérieur et j’ai fait plusieurs métiers. Puis j’ai atterri dans la garde d’enfant dans la fonction publique. Ce projet de devenir éleveuse, je l’avais en tête depuis longtemps. Mais à côté nous avions des enfants, alors le choix le plus simple pour moi était de rester là où j’étais. Avec le mercredi après-midi et les week-ends de libre, c’est quand même très pratique lorsqu’il y a des enfants à élever. Je voyais bien que l’agriculture, en tant que femme d’éleveur, c’était pas tout rose. Surtout en viande», relate Annabelle Soulié. D’autant plus que son mari Cédric était installé avec ses parents. «Il n’y avait pas la place pour vivre à quatre sur le GAEC», explique ce dernier.

Explorer le monde extérieur

Et puis un jour, la mère de Cédric part à la retraite. «Mon mari me demande si je veux me lancer dans le projet. C’est maintenant, tu as 40 ans. Et j’ai rapidement accepté pour me lancer dans l’aventure. Mes beaux-parents nous ont énormément aidés, notamment pour m’acclimater à ce métier. Avant, j’aidais mon mari quand je pouvais, un peu de loin. Mais je pense que d’avoir travaillé à l’extérieur, d’avoir vu autre chose, d’avoir exercé plusieurs travails, c’est positif. Je ne regrette pas du tout. J’ai pu vivre une vie à l’extérieur de l’agriculture pour mieux y revenir. C’est ce que je conseille à tous les jeunes éleveurs : aller travailler avant de se lancer à leur compte sur leur ferme ou au sein d’un GAEC. Sans forcément sortir du monde agricole. Les métiers de l’agriculture et l’agroalimentaire offrent tellement de possibilités. Du travail, il y en a», fait valoir Annabelle Soulié.

Un choix qu’elle a fait au moment de rejoindre son mari. «J’ai travaillé en tant que salariée agricole chez une éleveuse à Rieupeyroux. J’y allais une fois par semaine en parallèle. Elle m’a énormément apporté. Elle n’avait que des chèvres, c’était génial. C’est quelque chose qu’il faut faire avant de s’installer», estime Annabelle Soulié.

Jérémy Duprat

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