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Les mouvements de vraquiers ont repris de Russie et de Roumanie, la Turquie est aux achats pour 270.000 tonnes de blé tendre, l’Algérie cherche de l’orge fourragère. L’Egypte, qui attend toujours ses livraisons russes, a par ailleurs, via un acheteur privé, acquis un chargement de céréales au départ de la France, indique l’AFP citant le cabinet Inter-Courtage. «Les expéditions des ports russes de la mer Noire ont considérablement augmenté. Nous avons rehaussé nos prévisions pour le blé russe de mars de 1,2 à 1,6 million de tonnes (pour les exportations)», explique à l’AFP Andrey Sizov, directeur général du cabinet de conseil agricole russe SovEcon. «La réalité est qu’il n’y a pas d’interdiction d’exportation, du moins pour l’instant, mais le risque de restrictions supplémentaires est, selon nous, relativement élevé», prévient-il.

De fait, l’annonce russe d’une possibilité d’embargo sur les céréales lundi a «fait l’effet d’une bombe» sur les marchés selon Inter-Courtage, avant que Moscou ne précise dans la nuit que ces restrictions aux exportations ne s’appliqueraient que vers quatre républiques ex-soviétiques d’Eurasie. Pour Gautier Le Molgat (Agritel), la Russie de Vladimir Poutine, qui a déjà mis en garde contre un risque d’inflation alimentaire du fait des sanctions imposées à son pays, «agite un chiffon rouge»: «Le message est clair: on peut aussi fermer les vannes pour tout le monde».

Didier Bouville

Le ministre de l’Agriculture a annoncé en conférence de presse le 16 mars les mesures d’urgence contenues dans le plan de résilience qui concerneront le secteur agricole. Deux mesures visent les carburants: en sus des 15 ct/l de remise à la pompe déjà annoncés sur la gazole non routier (GNR), les agriculteurs bénéficieront d’un remboursement anticipé de la TICPE 2021 (attendu habituellement en juin), et sur demande d’un acompte de 25% du remboursement de la TICPE 2022, à partir du 1er mai. Le secteur agricole et agroalimentaire sera par ailleurs éligible à l’aide transversale dédiée aux entreprises fortement consommatrices de gaz et d’électricité (plus de 3% de leur chiffre d’affaires) et déficitaires en 2022, dont «la moitié du surplus» de charges pourra être pris en charge «dans la limite de leurs pertes».

Ce dispositif devrait notamment s’adresser «aux maraîchers, aux producteurs de volaille, aux sucreries, aux entreprises laitières qui sèchent le lait», a cité le ministre. Des aides ciblées toucheront les élevages «fortement dépendants en aliment du bétail». Une enveloppe de 400 M€ y sera dédiée, et versée d’ici deux mois, prenant en compte une période de quatre mois à compter du 15 mars. Une réunion est prévue «dans les prochains jours» sur ce dossier. Enfin l’enveloppe dédiée à la prise en charge des cotisations sociales sera abondée de 60 M€ en 2022 «pour prendre en compte les exploitations confrontées à des hausses de charges qui dégradent leurs comptes».

Didier Bouville

Alors que la Commission européenne vient de soumettre, lors du comité spécial agriculture (CSA) du 14 mars, ses propositions pour soutenir le secteur agricole dans le contexte de la guerre en Ukraine, certains experts agricoles des États membres (Allemagne, Italie, Danemark) ont exprimé leur opposition à l’aide au stockage privé de viande porcine. Lors du CSA du 31 janvier, ces mêmes délégations avaient déjà indiqué qu’elles avaient une préférence pour des mesures structurelles par rapport à des mesures de marché. Ils estiment qu’au lieu d’accélérer la résilience du secteur, l’aide au stockage privé pourrait au contraire ralentir la réaction de la filière aux forces du marché. Malgré cette opposition, Bruxelles devrait soumettre sa proposition en comité de direction le 17 mars, pour une adoption formelle par les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept le 23 mars.

Didier Bouville

Les ministres des Finances de l’UE ont conclu le 15 mars un accord partiel sur le futur mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union. Ils ont approuvé à une très large majorité le compromis préparé par la présidence française du Conseil qui prévoit de conserver dans le dispositif les mêmes secteurs que ceux proposés par la Commission européenne: ciment, engrais, acier et fer, aluminium et électricité. Mais cet accord met, à ce stade, de côté la sortie progressive des allocations gratuites de quotas d’émission dans le cadre du système d’échange européen. Le calendrier d’entrée en vigueur de la taxe carbone est maintenu pour début 2026 avec une mise en œuvre progressive entre 2023 et 2025. Le Parlement européen devrait, pour sa part, adopter sa position dans ce dossier en plénière au mois de juin. Ensuite, les Vingt-sept arrêteront leur position finale et pourront engager des pourparlers avec les eurodéputés pour trouver un accord définitif.

Didier Bouville

Le gouvernement relève de 40% à 60% le niveau de prise en charge des coûts de raccordement des méthaniseurs au réseau de gaz, a annoncé le ministère de la Transition écologique le 15 mars. «Les projets pourront ainsi se réaliser plus facilement dans un contexte où leur localisation doit parfois répondre à des règles environnementales et induire des coûts de raccordements plus élevés», précise-t-il dans un communiqué. Au 31 décembre 2021, 365 installations injectaient du biométhane dans les réseaux du gaz. Leur capacité s’élève à 6,4 térawattheures par an, soit une progression de 56% par rapport à fin 2020. «La crise actuelle le souligne: nous devons rapidement réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Le biométhane, gaz renouvelable, est une des substitutions au gaz naturel que nous devons encourager», a commenté la ministre, Barbara Pompili, citée dans le communiqué.

Didier Bouville

Le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir, a annoncé, le 11 mars, qu’il allait autoriser l’utilisation d’environ 1,2 million d’hectares (Mha) de surfaces d’intérêt écologique (1,06 Mha de cultures dérobées et 170 000 hectares de jachères) pour la production de fourrages pour animaux, afin d’atténuer la hausse de leurs prix en raison de la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie. L’Allemagne va également demander l’octroi de dérogations au nouveau règlement européen sur l’agriculture biologique, en vigueur depuis le début de l’année, pour permettre aux éleveurs du secteur d’utiliser en partie des aliments conventionnels. Le ministre allemand indique également que la stratégie existante en matière de protéagineux va être renforcée financièrement, afin d’accroître notamment l’offre d’aliments pour animaux sans OGM produits au niveau régional. Par contre, Cem Özdemir refuse à ce stade de renoncer à l’obligation européenne de réserver à la nature 4% des terres arables à partir de 2023. «Opposer un objectif à l’autre, c’est vouloir combattre une crise par une autre – ce n’est ni intelligent ni efficace», prévient-il.

Didier Bouville

Le gouvernement argentin a suspendu pour une durée indéterminée les exportations de tourteau et d’huile de soja, dont le pays est numéro un mondial, selon un communiqué du sous-secrétariat aux Marchés agricoles. Les enregistrements des ventes à l’étranger de ces deux produits sont fermés «jusqu’à nouvel ordre», a-t-il annoncé aux exportateurs dans la nuit du 13 au 14 mars. Cette décision s’inscrit dans le contexte de la hausse des prix mondiaux des matières premières, encore aggravée par la guerre en Ukraine. Buenos Aires s’inquiète en particulier de l’impact de la situation sur les prix alimentaires intérieurs, dont la hausse influence le taux d’inflation déjà élevé du pays (50,9% en 2021). Selon des médias argentins, le gouvernement envisagerait une augmentation de 31% à 33% des taxes à l’export des produits cités. Dès le 14 mars, les producteurs agricoles ont marqué leur opposition. «À la suite d’informations indiquant que le gouvernement envisage d’augmenter les retenues sur le blé et le maïs, le Comité de liaison des entités agricoles exprime son rejet farouche et assure qu’il n’y a pas de marge pour que les producteurs continuent à être spoliés», ont-ils réagi. En 2021, le secteur du soja représentait 30% des exportations du pays, lui apportant 9 Mrd$ de taxes à l’export.

Didier Bouville

La Commission européenne a mené une première analyse des plans stratégiques nationaux préparés par les États membres de l’UE pour la future Pac, qui brosse un portrait très général des options prises par les Vingt-sept. Ce travail, qui sera présenté le 21 mars aux ministres de l’Agriculture de l’UE, montre notamment que sept États membres prévoient une allocation budgétaire au titre des éco-régimes supérieure à l’exigence minimale de 25%. Au total, 170 éco-régimes différents ont été proposés: près de 50% d’entre eux sont basés sur des paiements forfaitaires complémentaires aux aides directes, tandis que l’autre moitié est basée sur des paiements compensatoires des efforts entrepris. La plupart des plans prévoient une augmentation de la superficie consacrée à l’agriculture biologique: 15 plans visent à atteindre plus de 10% de surfaces bio, et quatre d’entre eux plus de 20%. D’ici fin mars, la Commission européenne va envoyer aux 19 premiers pays ayant soumis leurs plans stratégiques des lettres d’observation, qui seront également rendues publiques.

Didier Bouville

Un arrêté paru le 11 mars au Journal officiel fixe le montant des aides aux veaux sous la mère et aux veaux bio pour la campagne 2021. Elles sont en légère baisse pour les «veaux sous la mère et veaux issus de l’agriculture biologique», arrivant à 49 € par tête (contre 49,50€ en 2020). Le montant des aides pour les veaux labellisés et bio commercialisés via une organisation de producteurs est, lui, en hausse: il s’élève à 74€ par veau (contre 68,10 euros en 2020). Pour être éligibles, les veaux doivent être «élevés pendant au moins 45 jours sur l’exploitation du demandeur» suivant un cahier des charges Label rouge, IGP ou bio. Ils doivent être abattus «à un âge compris entre 3 et 8 mois, ou 10 mois par dérogation» au cours de l’année civile précédant la demande d’aide. Ces aides, découlant de la Pac, sont destinées à «compenser les désavantages spécifiques des exploitations» de ces secteurs d’élevage, en application de l’article D615-41 du code rural et la pêche.

Didier Bouville

Si, pour répondre à l’urgence de contribuer à l’approvisionnement de gaz en France, le secteur de la méthanisation voulait augmenter sa production immédiatement, il le pourrait à hauteur de 15%, indique-t-on au Club Biogaz ATEE (Association technique énergie environnement). La filière a demandé au gouvernement qu’à cette fin les engagements de production des unités auprès de l’État ne soient plus mensuels mais annuels, et qu’ainsi les unités puissent produire plus pour rattraper les périodes d’arrêt pour maintenance, précise-t-on par ailleurs à l’association France gaz renouvelables. De plus, alors que les prochains appels d’offres sont prévus au second semestre, les professionnels craignent qu’ils soient lancés à la fin de l’année, retardant ou décourageant l’engagement des porteurs de projets. Le nombre d’unités injectant dans le réseau est de 365, et plus d’un millier sont en projet, mais certains d’entre eux sont sortis de la file d’attente du fait de la baisse des tarifs annoncée il y a plus d’un an. La filière attend des réponses lors de la sortie du plan de résilience. Des leviers d’accélération de procédures se situent aussi à l’échelon des préfectures et des services de l’État dans les départements, selon la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR).

Didier Bouville