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Le gouvernement néerlandais a annoncé, le 10 juin, un plan de grande ampleur pour faire baisser les émissions d’azote, un gaz à effet de serre, dans certaines parties du pays, provoquant la colère des agriculteurs. Les rejets d’azote devront baisser de jusqu’à 70% dans 131 zones clés – la plupart sont proches de réserves naturelles et de terres protégées – si les Pays-Bas veulent atteindre leurs objectifs environnementaux en 2030, selon le gouvernement. «Pour les agriculteurs, cela signifie que les émissions devront baisser de 40%. Cela signifie environ 30% de bétail en moins», a indiqué la télévision publique NOS. «Nous réalisons que cela aura un impact énorme sur les agriculteurs», a déclaré le 10 juin le Premier ministre Mark Rutte lors de sa conférence de presse hebdomadaire. «Ce secteur va changer. Malheureusement nous n’avons pas le choix, nous devons faire baisser les émissions d’azote». Les 12 provinces du pays doivent maintenant préparer des suggestions, qu’elles présenteront l’an prochain, pour faire baisser les gaz émis le bétail, la construction et la circulation. Le gouvernement a provisionné 24,3 milliards d’euros, dont une partie servira à apporter une aide financière aux agriculteurs. Cette annonce gouvernementale fait suite à une décision en 2019 de la plus haute instance administrative du pays, qui avait souligné que les Pays-Bas n’en faisaient pas assez pour protéger leurs zones naturelles.

Eva DZ

Un millier de porcs vont être abattus après la découverte de deux cas de peste porcine africaine (PPA) dans un petit élevage de la région de Rome, a annoncé le commissaire extraordinaire chargé de gérer cette crise en Italie le 10 juin, d’après l’AFP. Après la découverte de ces premiers cas en élevages, «nous devons abattre très rapidement tous les porcs présents dans la zone contaminée, a déclaré Angelo Ferrari à l’agence de presse AGI. Hier (le 9 juin, NDLR), l’agence locale de santé a estimé à un millier le nombre de porcs concernés.» Les premiers cas de PPA en Italie ont été détectés en janvier dans le Piémont (nord-ouest), à moins de 80 km de la frontière française. Les médias et les réseaux sociaux se sont fait largement l’écho ces derniers mois d’images montrant des familles de sangliers se promenant dans des quartiers résidentiels de la capitale et se nourrissant dans les poubelles. Plusieurs foyers ont ensuite été détectés près de Rome chez des sangliers le 5 mai. Le 18 mai, la Coldiretti, principal syndicat agricole de la péninsule, avait demandé au président du Conseil des ministres Mario Draghi «de nouvelles interventions rapides pour l’abattage et la lutte contre la prolifération des sangliers dans tout le pays». Par ailleurs, le 25 mai, un foyer de PPA a été détecté en Allemagne, à 6 km de la frontière française.

Eva DZ

Après une dernière semaine d’intenses négociations avant le début de la douzième conférence ministérielle de l’OMC (CM12, prévue du 12 au 15 juin), la présidente costaricienne du comité de l’agriculture, Gloria Abraham Peralta a finalement remis le 11 juin aux ministres du commerce des 164 membres, la dernière version des trois textes en matière d’agriculture. En raison de la guerre en Ukraine, les membres ont ainsi soumis un projet de déclaration ministérielle sur la sécurité alimentaire dans lequel ils soulignent l’importance de faciliter le commerce et de ne pas imposer de prohibitions ou de restrictions à l’exportation. Dans le même temps, ils reconnaissent que les programmes de stockage public peuvent contribuer à la réalisation des objectifs nationaux de sécurité alimentaire. Concernant le second projet de décision ministérielle sur les réformes agricoles, les membres du comité de l’agriculture de l’OMC ont seulement indiqué, en raison de fortes divergences, qu’ils allaient poursuivre les négociations pour l’ensemble des chapitres en discussion (soutien interne, stocks publics, mécanisme de sauvegarde, accès au marché) afin de faire des progrès significatifs d’ici la CM13. Le dernier texte porte sur un projet de déclaration ministérielle sur l’exemption des interdictions d’exportation pour les achats de denrées alimentaires du Pam. Comme indiqué dans les versions précédentes, les membres insistent sur l’importance de ne pas interdire ou de restreindre de produits alimentaires achetés à des fins humanitaires par le Pam.

Eva DZ

«Seule une revalorisation rapide des prix payés aux éleveurs pourra limiter les conséquences dramatiques de [l’]effet ciseaux sur la filière porcine française», estime l’interprofession Inaporc dans un communiqué le 9 juin. Entre la flambée de l’alimentation animale et un prix de vente qui stagne depuis mi-avril, «les éleveurs n’ont pas atteint leur seuil de rentabilité une seule fois sur les douze derniers mois». D’après Inaporc, le prix de l’aliment pour porcs a augmenté de «25% en un an», une flambée exacerbée par la guerre en Ukraine. Quant au prix payé aux producteurs, il stagne en moyenne autour de 1,85 €/kg, «alors que le coût de production devrait franchir la barre des 2 €/kg». Malgré l’aide d’urgence débloquée par le gouvernement, «la conjoncture continue de se dégrader», à tel point que 10% des éleveurs «se dirigent aujourd’hui vers une cessation d’activité dans les prochains mois», alerte Inaporc. «Cette proportion pourrait grimper à 30% selon certaines estimations.» L’interprofession est aussi «très inquiète sur l’avenir de nombreuses entreprises de l’aval», qui font aussi face à l’inflation de nombreuses charges.

Eva DZ

Les représentants de Régions de France sont ressortis satisfaits de leur rencontre avec le nouveau ministre de l’agriculture Marc Fesneau, le 8 juin, en particulier sur des dossiers «de moyen terme» comme la gouvernance des parcours d’installation ou des politiques de la forêt. Après avoir récupéré la compétence de la dotation Jeunes agriculteurs (DJA) pour la prochaine PAC, les Régions demandent de gérer également le parcours d’installation, entendu comme l’ensemble des trois dispositifs suivants: les Points accueil installation (PAI), les Centres d’élaboration du plan de professionnalisation personnalisé (CE3P) et le stage collectif de formation de 21 heures. Le ministre en ferait «un vrai chantier en vue de la loi d’avenir agricole de l’année prochaine», indique-t-on chez Régions de France. Dans le cadre de cet éventuel changement de gouvernance, le président des Chambres d’agriculture avait plaidé, en janvier, pour qu’une seule offre d’accompagnement soit soumise dans chaque région, avec les Chambres d’agriculture comme «têtes de file», aux côtés des Jeunes Agriculteurs et d’autres organisations comme les Grab (agriculteurs bio). Une «main tendue» qui avait été bien accueillie par le réseau Fnab.

Eva DZ

D’après les résultats de l’Observatoire des négociations commerciales (médiateur), rendus publics le 9 juin, les négociations entre industriels et distributeurs sur les marques nationales ont abouti, au 1er mars, à une inflation de 3,5% des prix des produits alimentaires. Les hausses de prix les plus importantes ont été enregistrées sur les produits frais laitiers (+4,7%) et l’épicerie salée (+5,1%), notamment les pâtes alimentaires. Les demandes de hausses dans les CGV (conditions générales de vente) envoyées par les industriels étaient, en moyenne, de 7,2%. Les négociations se sont déroulées dans un contexte particulièrement tendu en raison de l’inflation et de l’entrée en vigueur de la loi Egalim 2. «Selon la majorité des répondants, la loi Egalim 2 a bien rempli son rôle en ce qui concerne la sanctuarisation de la MPA (matière première agricole, NDLR) et beaucoup considèrent qu’elle a permis d’éviter une multiplication des échecs de ces négociations dans un contexte inflationniste complètement nouveau pour la majorité des acheteurs», souligne le médiateur des relations commerciales agricoles. Il signale cependant une défaillance dans la mise en place, entre autres, des clauses de révision automatique des coûts de MPA. Cette défaillance «n’a pas permis leur application au second trimestre 2022», alors que les charges des producteurs bondissaient après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Eva DZ

Sous l’effet de l’influenza aviaire et de la guerre en Ukraine, «une baisse de 1 à 1,2 million de tonnes en 2022 peut être estimée» en alimentation animale, prévient le Snia dans un communiqué le 8 juin. «Les tendances affichent une baisse de 4% au début de l’année», rapporte le syndicat, qui a tenu son assemblée générale le 20 mai. Un recul notamment dû à l’influenza aviaire, alors que les volailles consomment 41% de la production française d’aliments composés. En 2021, la production française d’aliments du bétail s’était déjà érodée de 1%, à 20,6 Mt. D’après le Snia, «la crise en Ukraine est la première cause de tensions dans le secteur», soumis à la flambée des céréales et oléoprotéagineux. D’où une «augmentation drastique des coûts de production, qui finit par se traduire dans le prix des aliments livrés en élevage», précise François Cholat, reconduit à la présidence du Snia pour deux ans. Son syndicat «salue» la récente ouverture de la première enveloppe d’aide à l’alimentation animale du Plan de résilience (308,5 M€ pour les éleveurs de France continentale). «Pour les ateliers sous contrat de production ou d’intégration, le dispositif est en cours de finalisation et devrait être publié avant fin juin», espère le Snia.

Eva DZ

Alors que la guerre en Ukraine provoque une flambée du prix de l’énergie, les éleveurs de veaux de boucherie en intégration «sont dans leur plein droit de réclamer une mise à jour de leurs prestations», rappelle la FNB dans un communiqué du 8 juin. Et d’ajouter qu’«en cas de problème ils ont la possibilité de saisir la commission de conciliation des comités régionaux d’Interbev». L’Ipampa (indice des prix d’achat des moyens de production agricole) «montre une augmentation du prix du gaz de 23% par rapport à 2021», précise l’association spécialisée. Or, 62% des élevages utilisent cette énergie pour chauffer l’eau qui sert à réhydrater le lait distribué aux veaux. Les contrats sont obligatoires pour la production de veaux de boucherie en intégration. Et le contrat-type homologué prévoit une clause d’indexation, laquelle doit selon la FNB «permettre la prise en compte de l’augmentation des coûts dans la prestation pour couvrir la totalité des charges de production de l’éleveur». La mise à jour des prestations est «urgente», conclut le syndicat, qui note qu’en 2020 «la prestation moyenne (219 €/place) ne couvrait pas la totalité des coûts de production (256 €/place)», selon les chiffres du réseau Inosys.

Eva DZ

A l’issue d’un vote qui s’annonçait compliqué, le Parlement européen réuni en plénière le 8 juin a rejeté le texte sur la réforme du marché européen du carbone, reportant de facto le vote prévu dans la foulée sur le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Estimant que la position du Parlement n’était pas assez ambitieuse concernant le système d’échange de quotas d’émission, les groupes de Verts et de la Gauche ont voté contre le texte. Les discussions sur ces règlements sont donc renvoyées en commission de l’Environnement en vue de parvenir à un compromis avant que soit organisé un nouveau vote en plénière. Les eurodéputés devaient se prononcer sur huit des quatorze textes du paquet d’adaptation de l’UE aux nouveaux objectifs climatiques de l’UE. Ils ont quand même adopter leurs positions sur la répartition des efforts et sur l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie (LULUCF). Sur le règlement LULUCF les eurodéputés souhaitent que ce secteur reste séparé de l’agriculture avec un objectif spécifique d’absorption (contrairement à ce que proposait la Commission européenne). Enfin, le Parlement a adopté sa position sur les normes d’émissions de CO2 pour les voitures qui prévoit la fin du moteur thermique pour les voitures neuves mises sur le marché à partir de 2035.

Eva DZ

«Des milliers d’hectares ont été versés, déchiquetés ou noyés notamment dans les Charentes, l’Eure-et-Loir, l’Allier, le Cher, la Côte d’or, les Yvelines et de nombreux autres départements», indique l’AGPB (producteurs de blé et autres céréales, FNSEA), à la veille de son congrès. Dans un communiqué le 7 juin, l’organisation relève «des situations catastrophiques» pour des agriculteurs ayant perdu leurs récoltes, dont une partie est d’ores et déjà engagée commercialement. Un opérateur de la région Centre signale à Agra Presse des dommages «extrêmement localisés», avec parfois beaucoup de dégâts comme à Châtillon-sur-Indre. En légumes, les dégâts sont «très localisés» selon le président de Légumes de France (producteurs de légumes, FNSEA) Jacques Rouchaussé. Même constat en arboriculture, filière relativement épargnée selon la directrice de la FNPF (producteurs de fruits, FNSEA), Stéphanie Prat. «Après, il y a toujours des drames. Ne serait-ce que le centre du CTIFL de Lanxade (Dordogne) qui a perdu toute sa production», a-t-elle ajoutée. Les deux organisations sont en train de recenser les dégâts.

Didier Bouville