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La FNSEA et la Coopération agricole (LCA) ont annoncé, le 7 juin en conférence de presse, la création d’un collectif pour un chèque alimentaire pérenne. «Qui m’aime me suive» a déclaré la présidente de la FNSEA Christiane Lambert à l’intention des enseignes de distribution et de tous les acteurs de la chaîne alimentaire. Pour l’heure, le collectif rassemble les deux organisations ainsi que les JA, et va travailler «de façon très étroite» avec la MSA et d’autres associations (Solaal notamment). La mise en œuvre du chèque alimentation va intervenir en deux temps via une aide d’urgence et une mesure plus pérenne, selon la Première ministre Elisabeth Borne (voir plus haut). C’est sur cette deuxième mesure que le collectif compte travailler avec les ministères de l’Agriculture, de la Santé et de l’Economie «dès l’automne», a indiqué le président La Coopération agricole Dominique Chargé. «Nous devrons être vigilants sur deux points. Le fait qu’il n’y ait pas de complexité dans la mise en œuvre de cette mesure, et qu’il n’y ait pas de discrimination (…) sur la façon dont on traite les différents circuits de distribution et les différents produits », a souligné M. Chargé.

Didier Bouville

Les prix mondiaux des produits alimentaires ont enregistré une légère baisse en mai pour le deuxième mois consécutif, malgré la hausse des prix du blé et de la volaille, selon l’indice publié le 3 juin par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les prix ont ainsi reculé de 0,6% principalement en raison d’une baisse des prix internationaux des huiles végétales (-3,5% depuis avril). Pour les huiles de palme, de tournesol, de soja et de colza, ce recul est imputable en partie à la levée par l’Indonésie de son interdiction d’exporter l’huile de palme et à la faiblesse de la demande mondiale. Cette baisse concerne aussi les produits laitiers (-3,5% depuis avril). En revanche, les prix du blé ont augmenté de 5,6 % par rapport à avril et de 56,2% par rapport à l’année précédente. Cette envolée s’explique par l’interdiction menée par l’Inde d’exporter son blé, par des craintes relatives à l’état des cultures dans plusieurs pays exportateurs, mais aussi par un abaissement des perspectives concernant la production de blé en Ukraine en raison de la guerre. Quant aux prix de la viande, ils ont progressé de 0,5 % par rapport à avril atteignant ainsi un nouveau sommet historique, sous l’impulsion d’une forte hausse des prix mondiaux de la viande de volaille. Une évolution qui s’explique par la persistance des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement en Ukraine et par l’apparition récente de cas de grippe aviaire, explique la FAO.

Didier Bouville

«Sous certaines conditions», les normes sanitaires et environnementales (relatives au bien-être des animaux ou aux procédés et aux méthodes de production) peuvent «être appliquées aux produits importés. Cela nécessitera une évaluation minutieuse au cas par cas afin de garantir le respect des obligations internationales de l’UE, y compris les règles de l’OMC», confirme la Commission européenne dans son rapport sur l’application des normes phytosanitaires et environnementales aux produits agricoles importés, officiellement publié le 3 juin. Conformément aux engagements pris dans le cadre de la stratégie De la ferme à la table, ces aspects environnementaux seront notamment pris en compte dans le processus de fixation des limites maximales de résidus de pesticides, en particuliert pour les tolérances à l’importation des pesticides qui ne sont plus autorisés dans l’UE, indique Bruxelles. Ce travail avait été demandé par le Parlement européen (principalement) et les Etats membres lors des négociations sur la réforme de la Pac. Les conclusions de ce rapport seront présentées, et débattues, le 13 juin à l’occasion de la dernière réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE sous la présidence française qui a fait du sujet de la réciprocité des normes la priorité de son mandat en matière agricole.

Didier Bouville

Le gouvernement a annoncé le 6 juin une série de mesures, dont l’étalement du remboursement des prêts garantis par l’État, pour soulager les exploitations agricoles touchées par l’épisode violent de grêle qui a traversé la France en fin de semaine dernière. «On va activer très rapidement les dispositifs qu’on connaît, comme l’allègement des charges sociales, la défiscalisation sur la taxe sur le foncier non bâti (…) regarder aussi les dispositifs qui peuvent être pris dans le cadre des calamités agricoles», a déclaré le nouveau ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, après sa rencontre avec des viticulteurs dans une exploitation touchée le 2 juin à Saint-Quentin-de-Caplong, dans l’est du Bordelais. «Il y a une demande qui a été faite, on y travaille d’arrache-pied, pour faire en sorte que les prêts garantis par l’État (PGE) puissent être prolongés dans la durée car on va avoir dans ses exploitations des pertes de recettes», a-t-il indiqué, sans donner d’éléments chiffrés. Sur le court terme, «on a besoin de disposer très rapidement d’un état des lieux pour activer les dispositifs (…) On a un événement très violent sur de très nombreux départements mais dans des zones localisées. On va faire au cas par cas», a-t-il poursuivi, assurant de «la mobilisation de l’État».

Didier Bouville

Une campagne de promotion des légumineuses est menée en 2022 à destination notamment des jeunes consommateurs, ont indiqué le 2 juin ses responsables. L’opération à «plus de 1 M€», dont un cofinancement par France Relance, est initiée par les interprofessions Terres Univia (huiles et protéines végétales) et Interfel (fruits et légumes), ainsi que les fédérations FNLS (légumes secs) et Fiac (conserves). Son slogan: «Les légumineuses, c’est deux fois par semaine.» Un objectif en phase avec le Programme national nutrition santé (PNNS), soit environ 10 kg/an, alors que la consommation actuelle est inférieure à 2 kg/an (contre près de 4 kg/an en Europe). Trois publics sont visés: les enfants et parents, via de la publicité autour de recettes, un kit scolaire, une campagne sur les réseaux sociaux ; la restauration collective, avec notamment un livret de recettes accompagné de vidéos, la présence à un salon; et enfin le secteur de la santé et nutrition. Cette campagne répond à la stratégie nationale en faveur des protéines végétales, lancée en décembre 2020. L’ambition est notamment de doubler les surfaces cultivées (en légumes secs, pois, soja, luzerne, légumineuses fourragères…) pour atteindre 8% de la SAU en 2030. «Aujourd’hui, notre production de légumes secs atteint péniblement 50% de la consommation», signale Antoine Henrion (Terres Univia).

Eva DZ

D’après un sondage Réussir-Ipsos à paraître le 7 juin et réalisé auprès de 236 agriculteurs entre le 12 et le 20 mai, les éleveurs interrogés (bovins viande, lait, ovins, porcs…) sont plus «pessimistes» que l’an passé. Quelque 61% des éleveurs se disent «très pessimistes» ou «plutôt pessimistes», contre 51% en 2021. Parmi les explications de ce pessimisme invoquées par les agriculteurs (en élevage et grandes cultures), la «hausse des coûts de production/approvisionnement/charges» arrive, de loin, en première position, invoquée dans 48% des réponses. Viennent ensuite les «incertitudes sur l’avenir/du conflit» (19%). Les éleveurs ont détaillé les conséquences perçues de la guerre en Ukraine ; sans surprise, 94% d’entre eux mentionnent la hausse du coût des carburants, 84% celui des aliments et 76% des engrais. Le sondage évoque également le cas des exploitants en grandes cultures, chez qui le nombre de «pessimistes» baisse de 21 points, au profit des «attentistes» (+19 points). Ils sont à la fois touchés par la hausse des carburants (98%) et des engrais (97%), mais bénéficient aussi de la hausse de leurs prix de vente (76%).

Eva DZ

Par deux décrets publiés au Journal officiel le 2 juin, l’Élysée a clarifié la répartition des portefeuilles entre Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher. À la tête de la «transition écologique et de la cohésion des territoires», la première se voit confier intégralement «la protection de la nature et de la biodiversité», le «développement durable», la «lutte contre l’étalement urbain», la qualité de l’air, «la police et la gestion de la chasse». La gestion du dossier climat, et notamment de l’influente direction de l’énergie et du climat (DGEC) sera en revanche partagée avec Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique. C’est à celle-ci qu’il reviendra d’ailleurs principalement de préparer et mettre en œuvre «la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre». Son ministère sera ainsi en charge «du développement des énergies renouvelables», notamment agricoles, et de la lutte contre la «précarité énergétique» en matière de carburant. Autant de portefeuilles qui seront surveillés de près par la Première ministre en charge de la planification écologique Élisabeth Borne et son secrétaire général Antoine Peillon.

Eva DZ

Après son premier rendez-vous avec le nouveau ministre de l’Agriculture, le président de la fédération des producteurs biologiques (Fnab) Philippe Camburet, rapporte que Marc Fesneau a «ouvert des portes», sans s’engager précisément sur les différentes demandes du syndicat. Face aux difficultés dans plusieurs filières, la Fnab demandait notamment «un plan de résilience bio», avec au moins quinze millions d’euros spécifiquement sur le lait. Au final, aucune enveloppe supplémentaire ne devrait être débloquée, mais les agriculteurs bio pourraient voir leur accès au guichet d’aides «Ukraine» facilité, alors que le critère sur la proportion d’aliment acheté aurait tendance à les en exclure. Le président de la Fnab n’a toutefois senti «aucune velléité particulière de faire de l’agriculture biologique un système plus méritant en matière d’aides», dans le cadre de ce dispositif d’urgence. Marc Fesneau aurait en revanche manifesté «une volonté de voir les collectivités locales davantage s’impliquer» sur l’application des 20% de nourriture bio dans les cantines, objectif d’Egalim. «Marc Fesneau est un élu local qui aborde les difficultés sur le terrain de manière plus concrète que Julien Denormandie», observe Philippe Camburet. Le ministre prévoirait même déjà de revoir prochainement la Fnab «sur des sujets aussi préoccupants que l’installation-transmission et la biodiversité».

Didier Bouville

La FNCuma (coopératives d’utilisation de matériel agricole) a annoncé l’élection le 31 mai de Matthieu Goehry comme président. Il succède à Luc Vermeulen, en poste depuis 2016. Matthieu Goehry (43 ans) est éleveur laitier à Mittelhausen (Bas-Rhin) sur 100 ha de polycultures. Le renouvellement des générations est sa «priorité», comme l’avait défini le conseil d’administration de la fédération il y a quelques mois, selon un communiqué le 1er juin. Au delà, quatre orientations sont annoncées: «renforcer la proximité sur les territoires et le maillage des fédérations de Cuma» ; «affirmer encore plus l’image et l’identité des Cuma», notamment avec une campagne de communication nationale qui sera lancée le 7 juin, «une première pour le Réseau Cuma» ; «renforcer le rôle des Cuma dans l’émancipation des agriculteurs», notamment par la «formation des élus de terrain» ; «faire ensemble pour révolutionner l’agriculture. Le réseau FNCuma revendique 202 000 adhérents, soit un agriculteur sur deux.

Didier Bouville

Réunis en congrès au Havre, depuis le 31 mai, les Jeunes agriculteurs (JA) ont leur nouveau président, ce 1er juin. Il s’agit du jurassien Arnaud Gaillot, qui est éleveur de vaches laitières et génisses pour la production de comté et de morbier dans le Doubs, et producteur de céréales. Sa nomination n’est pas une surprise, puisqu’il était secrétaire général des JA depuis 2019. A 35 ans, il succède à Samuel Vandaele, producteur de céréales et de betteraves en Seine-et-Marne, qui n’a pas souhaité se représenter. Le mandat de Samuel Vandaele avait été marqué par une volonté de rapprochement avec la FNSEA. En conclusion du dernier congrès de la FNSEA, au printemps, il avait dévoilé qu’un travail commun était en cours pour « renforcer les liens entre (les) deux structures et rendre plus naturel le passage de JA vers la FNSEA ».Samuel Vandaele compte justement prendre des responsabilités à la FDSEA de Seine-et-Marne tout prochainement.

Né en 1958, le syndicat Jeunes agriculteurs (ex-CNJA) réunit les jeunes agriculteurs ou aspirants, de 18 à 35 ans. Il est historiquement lié à la FNSEA, avec laquelle il s’est toujours présenté aux élections professionnelles. Dans son premier discours de président, Arnaud Gaillot a mis en avant l’une des priorités traditionnelles du syndicat, la transmission des exploitations, qui devrait faire prochainement l’objet d’un « livre blanc ».

Didier Bouville