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Les partenaires sociaux se sont mis d’accord, le 15 juin, pour augmenter de 2,45 à 2,65% les salaires minimaux de la branche production agricole et CUMA, d’après les informations de la FNSEA. La nouvelle grille a été publiée par l’association spécialiste Légumes de France dans sa dernière lettre hebdomadaire. Cette négociation intervient après que le SMIC est passé à 10,85€, soit une augmentation de 2,65%, au 1er mai 2022. Il s’agit de la troisième augmentation depuis l’automne des salaires minimaux de la branche production agricole et CUMA : +2,2 à +2,5% en octobre et 0,9 à 1% en janvier. La délégation patronale a «tenu à garder une grille de salaires attractive tout en prenant en considération les difficultés économiques des entreprises agricoles», explique la FNSEA. L’application légale de ces nouveaux minimums est suspendue à la parution d’un arrêté d’extension de l’accord au Journal officiel, mais «dans le contexte de tension sur le pouvoir d’achat, la FNSEA invite les employeurs à appliquer dès à présent cette nouvelle grille de salaires», indique le syndicat.

Eva DZ

Les membres de l’OMC sont parvenus dans la nuit du 16 au 17 juin à l’issue de leur 12e conférence ministérielle, à un accord sur un paquet de mesures concernant l’agriculture, la pêche et la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid. Obtenu après une prolongation des discussions de 36 heures, ce résultat a été qualifié de «sans précédent» par Ngozi Okonjo-Iweala, la directrice générale de l’OMC. «Il y a longtemps que l’OMC n’avait pas obtenu un nombre aussi important de résultats multilatéraux», a-t-elle commenté. Parmi les textes adoptés dans ce paquet : une déclaration ministérielle, sans portée contraignante, sur la sécurité alimentaire qui souligne l’importance de ne pas imposer de prohibitions ou de restrictions à l’exportation face à la flambée des cours des matières premières agricoles. Un second texte, contraignant lui, protège les achats de nourriture du Programme alimentaire mondial (PAM) de restrictions à l’exportation. Pour rassurer l’Inde, qui a longtemps bloqué son adoption, la décision précise que cela n’empêchera pas l’adoption par tout membre de mesures visant à assurer sa sécurité alimentaire intérieure conformément aux règles de l’OMC. Enfin, des programmes de travail, en vue de la prochaine conférence ministérielle qui devrait se tenir fin 2023, ont été adoptés sur les mesures sanitaires et phytosanitaires et sur la réforme de l’OMC (notamment pour débloquer l’organe de règlement des différends).

Eva DZ

Quatre députés sortants de la majorité présidentielle et bons connaisseurs des dossiers agricoles ont échoué au second tour des législatives, ce 19 juin. Il s’agit de Jean-Baptiste Moreau, Grégory Besson-Moreau, Jean-Bernard Sempastous et Loïc Dombreval. Ils effectuaient tous les quatre leur premier mandat, trois d’entre eux avaient été investis de rôles importants dans l’examen des trois principaux textes «agricoles» de la précédente mandature. Rapporteur de la loi Egalim, Jean-Baptiste Moreau échoue de peu dans la Creuse (48,56%) face à un candidat Nupes. Tout comme l’auteur de la loi foncière éponyme, Jean-Bernard Sempastous (49,87%). Quant à l’auteur de la proposition de loi Egalim 2, Grégory Besson-Moreau, il est plus sèchement vaincu (46,11%) dans l’Aube par le Rassemblement national. Même sort pour Loïc Dombreval dans les Alpes Maritimes (45,34%). Deux autres députés «agricoles» de la majorité ont connu un meilleur sort, reconduits pour un second mandat: Sandrine Le Feur (54,4%, Finistère), Richard Ramos (59,72%, Loiret). Loïc Prudhomme rempile également en Gironde pour la Nupes (57,11%). L’ensemble des députés «agricoles» historiques (ex. André Chassaigne, Thierry Benoit, Marc Le Fur…) sont réélus. Sans surprise, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau est aussi reconduit (56,47%) dans le Loir-et-Cher. En revanche, la ministre de la transition écologique Amélie de Montchalin est battue (46,3%) en Essone, tout comme l’ancienne secrétaire d’Etat à la biodiversité Bérengère Abba en Haute-Marne (48,75%).

Eva DZ

La fédération des producteurs de fruits (FNPF, FNSEA) et l’association nationale pommes poires (ANPP) alertent sur un risque de déséquilibre du marché des fruits et légumes, dans un communiqué du 15 juin. Les deux organisations s’inquiètent d’une proposition de règlement de la Commission européenne, qui vise à augmenter les importations exemptées de droits de douane de certains fruits et légumes (pommes, prunes, cerises, raisin de table, jus de raisin, tomates, ail) provenant de Moldavie, ce pays ne pouvant plus exporter ses produits via le territoire ukrainien à cause de la guerre. La mesure envisagée durerait un an, selon le projet de texte européen. Pour la FNPF et l’ANPP, le texte menace en particulier le marché européen de la pomme «tout juste à l’équilibre». Les deux organisations appellent le ministère de l’Agriculture et l’exécutif européen «à une surveillance étroite des marchés, et à un respect strict du caractère provisoire de cette mesure». Elles appellent également à afficher l’origine des fruits sur les produits transformés.

Didier Bouville

«Un plan de développement de l’agriculture et de l’alimentation biologique doit être mis en œuvre afin d’enclencher la transition agricole, sociale et alimentaire»: avec leur «appel de Bordeaux» publié le 16 juin, l’ensemble des structures membres d’Ifoam France (Fnab, Itab, Synabio), ainsi que les organisations de la Maison de la bio (Natexbio, Synadis, Forébio), espèrent encourager le gouvernement français à publier un nouveau plan bio national. «Il pourra nourrir le plan bio européen et aider à sa déclinaison ambitieuse», précise le texte. Une mobilisation collective intervenant alors que le plan Ambition bio 2022 arrive à son terme, et que le plan bio européen encourage les États membres à rédiger des feuilles de routes nationales. «Le gouvernement n’a encore jamais mentionné un tel plan, et rien ne garantit pour l’heure qu’il sera mis en place», prévient Jaques Caplat, président d’Ifoam France. Cette déclaration, poursuit-il, illustre une convergence nouvelle de l’ensemble des acteurs du secteur bio. «Il a pu y avoir autrefois des divergences entre les acteurs de l’amont et de l’aval dans la bio. Mais l’urgence fait que tout le monde maintenant a conscience qu’il faut renforcer les fondamentaux et les exigences de la bio pour qu’elle se développe», estime Jacques Caplat.

Didier Bouville

La start-up française HappyVore a finalisé le 13 juin une levée de fonds de 35 M€, qui financera la mise en route «de la plus grande usine de production» de simili-viande en France, selon elle. «Les autres sites sont en République tchèque pour Nestlé, ou aux Pays-Bas pour Beyond Meat. Il n’y a aucun autre site dédié au végétal aussi grand en France, avec une capacité de 10 000 t/an», a précisé à l’AFP Guillaume Dubois, son cofondateur. La start-up a racheté il y a six mois un site agroalimentaire de 19 000 mètres carrés «en friche» à Chevilly (Loiret), et vise une mise en route de son usine début 2023. Le principal investisseur est Artal, une société européenne qui investit «sur les conseils» du fonds d’investissement Invus, «pour la plus grande partie» de la somme levée, a expliqué Guillaume Dubois. HappyVore a aussi reçu le soutien de la Bpifrance, du cofondateur de Sushi Shop, Adrien de Schompré, ou encore de Philippe Canter, l’ancien directeur d’Innocent France.

Didier Bouville

«Je vais essayer de convaincre le reste de la Commission européenne de la nécessité de prolonger, une nouvelle fois en 2023, la dérogation accordée cette année permettant de mettre en production les jachères» pour faire face au défi de sécurité alimentaire posé par l’invasion russe en Ukraine, a promis le commissaire européen Janusz Wojciechowski, le 13 juin, à l’issue de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE à Luxembourg. Cette demande est portée par une quinzaine d’Etats membres. En 2022, cette dérogation aux règles sur la rotation des cultures et les terres non productives a été accordée en urgence au mois de mars n’a pas donc pas pleinement pu être déployée. «Nous avions estimé qu’il était possible de mobiliser 4 millions d’hectares de jachères, ce sera sûrement moins», a indiqué Janusz Wojciechowski. «Il est nécessaire d’avoir une décision prise suffisamment en amont pour l’année prochaine», a confirmé le ministre français Marc Fesneau qui présidait son dernier Conseil Agriculture avant de passer la main à la République tchèque le 1er juillet.

Didier Bouville

Alors que la Commission européenne leur présentait les conclusions de son rapport sur la possibilité d’appliquer, «au cas par cas» et dans le respect des règles de l’OMC, des clauses miroirs sur les normes sanitaires et environnementales de l’UE, les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept se sont une nouvelle fois montrés divisés sur le sujet lors de leur réunion du 13 juin à Luxembourg. D’un côté, une partie d’entre eux (Espagne, Autriche, Hongrie, Irlande) se range derrière la présidence française du Conseil, qui plaide pour que soient imposées des mesures miroirs. De l’autre, de nombreux pays (Suède, Pays-Bas, Danemark, Finlande, Pologne, Allemagne) se montrent beaucoup plus prudents et souhaitent favoriser les négociations au niveau multilatéral (OMC par exemple) ou bilatéral (inclusion de clauses spécifiques dans les accords de libre-échange). Les Vingt-sept sont néanmoins d’accord sur les principaux domaines dans lesquelles l’UE devrait agir pour mettre en cohérence ses objectifs avec sa politique commerciale: le bien-être animal (une révision de la législation est attendue fin 2023), la lutte contre l’antibiorésistance, les produits phytosanitaires (notamment la mise à jour des limites maximales de résidus de pesticides interdits dans l’UE) et, dans une moindre mesure, l’environnement.

Didier Bouville

À l’occasion de son salon annuel, le 15 juin, le réseau Restau’Co (acteurs de la restauration collective en gestion directe) adressera un appel «à l’ensemble des citoyens» pour aider le secteur à faire face aux répercussions néfastes de l’inflation sur le budget et l’approvisionnement des restaurants collectifs. «La conséquence de cette difficulté budgétaire est la dégradation de la qualité des achats: moins de produits bio, labellisés ou français, moins de diversité, moins de choix…», témoigne la présidente de Restau’Co, Sylvie Dauriat, dans un communiqué du 13 juin. Elle évalue le budget manquant à 40 ct€ par repas. Selon la présidente, les cantines scolaires auront épuisé «la totalité» des budgets d’ici la mi-septembre. «Si aucune action n’est engagée, les cantines ne pourront plus assurer leur service normalement durant le dernier trimestre, ce qui serait dommageable pour de nombreux enfants et adolescents dont l’équilibre alimentaire repose principalement sur le repas pris à l’école», alerte-t-elle. La hausse des coûts de production entraîne également des ruptures d’approvisionnement. «Certains fournisseurs ne livrent par exemple plus certains produits alimentaires de base comme l’huile, le poisson, la viande hachée ou encore les produits laitiers», souligne Restau’Co.

Didier Bouville

Pour le monde agricole, le premier tour des élections législatives a été marqué par la sortie de quelques figures du secteur agricole (voir notre liste). C’est par exemple le cas du député sortant Olivier Damaisin dans le Lot-et-Garonne. Issu de la majorité présidentielle (Renaissance), l’auteur du rapport sur le suicide en agriculture n’a recueilli que 20,15% des voix. C’est également le cas de la sortante Yolaine de Courson (Renaissance) en Côte-d’Or. La présidente du groupe d’étude Enjeux de la ruralité sort avec 16,05%. Autre déconvenue chez Renaissance: celle d’Olivier Allain dans les Côtes-d’Armor. Avec 18,67% des voix, l’ancienne plume agricole du candidat Emmanuel Macron ne battra pas Marc Le Fur (LR). Chez Les Républicains, c’est l’eurodéputée Anne Sander qui sort dès le premier tour. Très investie sur les dossiers agricoles à Strasbourg, elle recueille seulement 21,99% de suffrages dans le Bas-Rhin. Par ailleurs, plusieurs députés sortants de la majorité sont passés au second tour en obtenant seulement la deuxième place: c’est le cas de Jean-Baptiste Moreau (Creuse), Grégory Besson-Moreau (Aube), Jean-Bernard Sempastous (Hautes-Pyrénées) et Loïc Dombreval (Alpes-Maritimes).

Didier Bouville