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«Je retiens en particulier les propositions sur le parcours du cédant et sur le sujet de l’accès à l’eau qui ressort ici plus puissant qu’ailleurs», a déclaré le ministre de l’Agriculture le 17 avril à l’issue de la présentation du bilan de la concertation régionale d’Occitanie sur la future loi d’orientation et d’avenir agricole (LOA). Parmi les 16 propositions priorisées par les acteurs d’Occitanie réunis à côté de Toulouse, figure en effet «l’amélioration et la sensibilisation» des cédants potentiels via le Point accueil transmission (PAT) qui bénéficierait de moyens financiers et juridiques renforcés. «Si on veut que quelqu’un reprenne une exploitation, il faut s’occuper en amont de celui qui la cède avec des dispositifs fiscaux», reconnait Marc Fesneau. Au sujet de l’eau, les acteurs agricoles d’Occitanie veulent «sécuriser l’accès à l’eau» pour l’abreuvement des animaux d’élevage et pour les productions agricoles, via des mesures d’accompagnement et législatives conférant notamment «aux ouvrages de stockage de l’eau un caractère d’intérêt général majeur». Les restitutions des concertations régionales s’achèveront fin mai afin que «le texte soit débattu à l’automne au Parlement», a indiqué le ministre, rappelant toutefois fermement qu’«il s’agira d’une loi d’orientation portant de grands principes, pas d’une loi trop bavarde». Et de conclure: «Je ne veux pas tomber dans le piège d’une loi comme Egalim, avec 70 articles et 3 000 amendements».

La rédaction

Les coûts du transport d’animaux ne représentent qu’une faible part du prix de détail de la viande ce qui pousse «agriculteurs et producteurs de viande à exploiter les différences de coûts (de production, d’abattage…) entre les régions pour gagner en rentabilité», constate dans une analyse publiée le 17 avril la Cour des comptes de l’UE. Or plus d’un trajet sur trois excède huit heures et les normes en matière de bien-être animal ne sont pas toujours respectées. Pour remédier à cette situation, et alors que la Commission européenne doit présenter des propositions en la matière d’ici la fin de l’année, la Cour des comptes suggère notamment d’«attribuer une valeur monétaire à la souffrance animale pendant le transport et de l’intégrer dans le coût du transport et le prix de la viande». Une mesure qui pourrait encourager les sociétés de transport à prévenir les manquements en matière de bien-être animal et «permettraient de réduire au minimum l’attrait économique de pratiques non conformes». La Cour formule d’autres propositions, plus proches de celles sur lesquelles travaille Bruxelles: étiquetage, promotion du transport de viande plutôt que d’animaux vivants, ou encore recours aux outils numériques pour améliorer le suivi des conditions de transports d’animaux.

La rédaction

Suite à leur décision prise la veille d’interdire les importations de produits agricoles ukrainiens bon marché accusés de tirer les prix vers le bas, la Pologne et la Hongrie ont indiqué le 17 avril lors de la réunion des experts agricoles des Etats membres, que cette mesure «était temporaire (jusqu’au 30 juin, Ndlr) et nécessaire» pour limiter l’impact économique sur leurs agriculteurs. La Slovaquie et la Bulgarie ont également indiqué leur intention d’introduire prochainement une interdiction temporaire similaire. La Commission européenne a indiqué que «ces actions unilatérales n’étaient pas acceptables», soulignant l’importance «de coordonner et d’aligner toutes les décisions au sein de l’UE». Avant de rappeler que «la politique commerciale relève de la compétence exclusive de l’UE». Bruxelles a ainsi demandé aux autorités compétentes d’apporter des informations supplémentaires notamment les bases légales sur lesquelles ces mesures ont été prises. Malgré cette mesure, l’exécutif européen a confirmé qu’il envisageait de puiser une nouvelle fois (après les 56,3 M€ déjà débloqués) dans la réserve agricole pour soutenir «les pays en première ligne». La Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie, la Bulgarie et la République tchèque présenteront une note lors du prochain Conseil Agriculture prévu le 25 avril à Luxembourg pour demander à s’opposer à la proposition de la Commission européenne de renouveler pour un an la suspension des droits de douane sur les importations ukrainiennes. D’autres mesures seront aussi mises sur la table notamment pour améliorer le transit des céréales ukrainiennes.

La rédaction

À l’occasion d’un échange avec des journalistes le 14 avril, la députée de la Somme Barbara Pompili s’est dite «inquiète» du volet agricole du plan eau. «Marc Fesneau a promis aux agriculteurs qu’ils auraient le même volume d’eau à disposition, mais cela ne leur rend pas service puisque l’accès à l’eau sera restreint pour tous. Et cela veut dire que ce sont les autres secteurs qui devront faire des efforts.» L’ancienne ministre de la Transition écologique estime cependant que la teneur de l’arbitrage ne reposerait pas tant sur la personnalité du locataire de la rue de Varenne, que sur les liens historiques du ministère avec le principal syndicat agricole. «L’habitude de cogestion avec la FNSEA dure depuis trop longtemps, et montre ses limites. Mais il faut couper ce cordon pour aider l’agriculture française à évoluer plus vite, et la sauver». Alors que les critiques se multiplient de la part du syndicat majoritaire et du ministère de l’Agriculture sur l’Anses, Barbara Pompili salue la «capacité d’expertise de l’agence», et maintient que «nous avons besoin que la science reste le juge de paix». Autant de constats qui ne l’empêchent pas de considérer que «les agriculteurs français font partie de la solution» pour accélérer la transition agroécologique. «Il faut sortir des clivages pour avoir un débat politique à la hauteur de l’enjeu».

La rédaction

Dans une décision du 12 avril, le Conseil d’État français demande à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de préciser la notion d’«élevage industriel» mentionnée dans le règlement n°2021/1165 fixant la liste des produits utilisables en agriculture biologique. Ce texte européen interdit l’utilisation en bio d’engrais organiques en «provenance d’élevages industriels», sans en préciser la définition. Dans le détail, la plus haute juridiction administrative pose deux questions à la CJUE. D’abord, la notion d’«élevage industriel» est-elle «équivalente à celle d’élevage hors sol»? Et en cas de non-équivalence, quels critères permettent de qualifier un élevage d’industriel? Le verdict de la CJUE permettra au Conseil d’État de trancher un litige opposant depuis 2020 l’Afaia (fabricants de fertilisants organiques) et l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité). Dans son guide de lecture (version mise à jour le 1er janvier 2022, point 192), l’organisme public considère comme industriels les élevages «en système caillebotis ou grilles intégral» et en cages. Autre condition: qu’ils dépassent les seuils mentionnés dans la directive 2011/92/UE (85 000 places de poulets, 60 000 places de poules, 3000 places de porcs charcutiers, 900 places de truies). L’Afaia conteste cette définition, estimant que la réglementation européenne vise les seuls élevages hors sol. Une notion là aussi non définie et reprise dans certaines traductions du règlement n°2021/1165 (versions danoise, néerlandaise, portugaise).

La rédaction

La Pologne et la Hongrie ont décidé, le 15 avril, d’interdire les importations de céréales et d’autres produits agricoles depuis l’Ukraine voisine pour protéger leurs propres agriculteurs, selon des responsables des deux pays. Les céréales ukrainiennes destinées à des pays étrangers transitent par l’Union européenne depuis que l’itinéraire traditionnel d’exportation via la Mer Noire est bloqué par l’invasion russe. Mais, en raison de problèmes logistiques, des stocks de céréales s’entassent en Pologne, faisant chuter les prix locaux, ce qui a conduit à des manifestations d’agriculteurs et à la démission du ministre polonais de l’Agriculture. «Aujourd’hui (samedi), le gouvernement a décidé d’interdire l’entrée, les importations de céréales en Pologne ainsi que de dizaines d’autres produits agroalimentaires», a déclaré le chef du parti au pouvoir, Jaroslaw Kaczynski, dans le village de Lyse, dans le nord de la Pologne. Le ministère ukrainien de la Politique agricole a dit «regretter la décision de son homologue polonais», et proposé que les deux pays trouvent un accord au cours des prochains jours de nature à mutuellement les satisfaire. Dans un mouvement similaire à celui de la Pologne, le ministre hongrois de l’Agriculture, a indiqué dans un message sur Facebook que son pays avait interdit l’importation de produits agricoles en provenance d’Ukraine. Pologne et Hongrie ont indiqué que leurs interdictions étaient valables jusqu’au 30 juin.

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Pointant les restrictions occidentales visant son secteur agricole, la Russie a appelé le 13 avril à les lever, sous peine de mettre fin le 18 mai à l’accord d’Istanbul relatif aux exportations de céréales ukrainiennes en mer Noire (conclu en juillet 2022). En raison de ces sanctions qui empêchent la mise en œuvre formelle du second accord relatif à l’exportation des engrais russes, conclu également en juillet 2022, Moscou avait proposé le 18 mars de proroger l’accord pour 60 jours, plutôt que la reconduction tacite initialement convenue de 120 jours. Dans un communiqué, Moscou a mis en avant cinq exigences, dont la reconnexion au système bancaire international Swift de la banque russe spécialisée dans l’agriculture Rosselkhozbank, la reprise des livraisons en Russie d’engins et pièces détachées agricoles, l’annulation des entraves pour assurer des navires et accéder aux ports étrangers. Elle a également demandé le dégel des actifs de sociétés russes liées au secteur agricole situés à l’étranger et la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa, qui relie la Russie à l’Ukraine et permet la livraison d’ammoniac. Le 7 avril, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait déjà menacé, à l’issue d’un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu à Ankara, de suspendre l’accord «si aucun progrès n’est réalisé dans la levée des obstacles aux exportations d’engrais et de céréales russes».

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Les pluies de mars n’ont pas suffi à recharger les nappes phréatiques en France, dont 75% restent à des niveaux modérément bas ou très bas, rendant «avéré» le risque de sécheresse estivale pour certaines régions, a annoncé le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) le 13 avril. Selon l’organisme public, une bonne cinquantaine de départements métropolitains, notamment dans le nord, le centre et le sud-est du pays présentent un risque «très fort» de sécheresse «présageant d’un printemps et d’un été probablement tendus», et qui, en l’absence de pluies «très excédentaires» dans les prochaines semaines, devraient se traduire par des arrêtés de restriction d’eau.

En mars, où la France a connu, selon Météo-France, un excédent de précipitations de 40% au niveau national par rapport aux normales, (avec des situations très hétérogènes selon les régions), seules les nappes de la Bretagne à la Nouvelle-Aquitaine ont bénéficié «d’épisodes conséquents de recharge». Plusieurs autres, en Champagne, dans le couloir Rhône-Saône, le Roussillon ou en Provence/Côte d’Azur, affichent toujours des «situations peu favorables» avec des niveaux qui restent très bas. Au sortir de l’hiver, «l’ensemble des nappes affiche des niveaux sous les normales et 75% affichent des niveaux bas à très bas». L’an dernier, au 1er avril, 58% des niveaux étaient sous les normales ; l’été 2022 avait été marqué par une sécheresse historique.

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Comme attendu, le conseil d’administration de la FNSEA a élu le 13 avril Arnaud Rousseau à la présidence du syndicat majoritaire. Céréalier à Trocy-en-Multien (Seine-et-Marne), il est aussi à la tête de la Fop (producteurs d’oléoprotéagineux, FNSEA) ainsi que du groupe Avril, un siège qu’il indique vouloir conserver dans un entretien à Agra Presse hebdo. Le nouveau secrétaire général est Hervé Lapie, polyculteur-éleveur dans la Marne. Quant aux deux premiers vice-présidents, ils étaient, eux aussi, déjà présents dans l’équipe précédente: Jérôme Despey, viticulteur dans l’Hérault et ancien secrétaire général, et Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et président de la FNB (éleveurs de bovins viande). Lors d’une conférence de presse le 13 avril, le nouveau président a fixé les «trois grands piliers» de la mandature qui débute: «la souveraineté et la compétitivité de la ferme France», le renouvellement des générations d’agriculteurs et la conclusion d’un «pacte avec la société». «Nous voulons porter le sujet de l’influence», a lancé M. Rousseau, qui avait aussi promis «une nouvelle gouvernance» dans un courrier envoyé au réseau fin 2022. Le bureau élu le 13 avril compte presque un tiers de nouveaux membres sur un total de 25. Un renouvellement comparable à celui du conseil d’administration du syndicat, élu au congrès d’Angers le 29 mars et composé de 40% de nouveaux membres.

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Le groupe coopératif céréalier du nord-est de la France Vivescia a annoncé dans un communiqué de presse du 12 avril l’ouverture sur 200 hectares d’expérimentations autour de la fertilisation à partir d’engrais dits décarbonés. Ces derniers sont fabriqués par le groupe Fertiberia, qui utilise pour ce faire de l’hydrogène obtenu par électrolyse de l’eau à partir d’électricité solaire, en lieu et place de gaz naturel pour produire de l’ammoniac. «La première usine de Fertiberia concernée par ce nouveau procédé de fabrication industrielle est celle de Puertollano, au sud de l’Espagne», précise le communiqué. Par ailleurs, les engrais développés par Fertiberia permettent de réduire les émissions d’oxyde nitreux – un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2 – au champ. «Les premiers tests en laboratoire montrent une réduction de 20 à 45% par rapport à un engrais conventionnel», souligne Bernard Boulanger, directeur commercial chez Fertiberia France. En France, l’agriculture est aujourd’hui le troisième émetteur de gaz à effet de serre et y contribue à hauteur de 19%, selon le Commissariat général au développement durable. «Tous les leviers disponibles dès aujourd’hui pour diminuer les conséquences de la fertilisation azotée doivent être actionnés et les engrais décarbonés en font évidemment partie», précise Savine Oustrain, directrice recherche et agronomie au sein de la coopérative.

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