Aveyron | Par eva dz

Aubrac : le début des cantonaux

Deux semaines après le concours départemental Aubrac à Laissac, la saison des cantonaux démarre ce samedi 12 octobre à Sainte Geneviève sur Argence. 210 animaux issus de 19 élevages du canton seront en compétition, dont Ilona Viguier, 19 ans qui veut faire reprendre le chemin des concours à l’élevage familial Vayssière – Viguier d’Alpuech.

A seulement 19 ans, Ilona Viguier sait déjà depuis longtemps ce qu’elle veut faire : travailler auprès de ses vaches Aubrac qu’elle aime tant et qui le lui rendent bien ! Mais avant elle veut aller voir du pays !

Ilona et Merveil, taureau de 7 ans, né au GAEC Delmas-Aybillac et acheté chez René Valette.

Ilona fait partie de cette jeune génération, passionnée de vaches Aubrac qu’elle prend en photos couchée à leur côté dans l’herbe verte du plateau de l’Aubrac ! L’une d’entre elles d’ailleurs ne la quitte pas, elle l’a suit partout docilement presque avec dévotion ! «C’est sa vache !», souffle son papa, Christophe. Pour Ilona c’est une évidence, elle s’installera sur la ferme familiale tenue par ses parents, Odile Vayssière et Christophe Viguier à Alpuech.
La race Aubrac y est présente depuis plusieurs générations, du côté maternel. Odile Vayssière s’est installée en 2001, à la suite de son père. «Au départ nous faisions un peu de croisement Charolais mais nous avons arrêté il y a une dizaine d’années pour travailler exclusivement en race pure pour simplifier le travail», explique Odile. Les 42 mères Aubrac du troupeau sont toutes inscrites au Herd Book. «Nous avons toujours recherché des lignées de vaches inscrites», poursuit l’agricultrice, qui sélectionne des animaux mixtes, «des petites vaches avec un peu de viande». Les mâles sont vendus à 7 mois, à 400 kg pour l’Italie et la moitié des femelles sont conservées pour le renouvellement. Et quelques-unes sont vendues comme reproducteurs à des éleveurs clients fidèles. «Nous sommes des naisseurs et nous misons sur des bêtes qui nous correspondent, c’est-à-dire avec un peu de viande mais pas trop, du caractère mais pas sauvages !», résume Odile.

Montrer notre élevage

«Notre système est un peu calé sur celui d’un élevage laitier ou du Veau sous la mère ce qui rend nos animaux calmes». Depuis de nombreuses années, l’élevage Vayssière Viguier a opté pour les vêlages d’automne. «Les mâles sont sous la mère jusqu’au printemps puis on les repousse un peu dedans avant de les faire partir. Et ainsi pendant la période estivale, les vaches partent seules en estives, elles sont bien plus calmes sans leur veau. C’est la sécheresse de 2003 qui nous a conduit à choisir ce mode d’élevage, les vaches se contentent de peu l’été même si depuis 2 ans, nous ne sommes pas en manque d’herbe !», sourit l’agricultrice.
Mais ce décalage dans les vêlages a conduit de fait au décalage dans les âges des bêtes par rapport aux autres élevages : «nous n’étions pas forcément dans les bonnes catégories pour les concours», souffle Odile, qui avec le travail supplémentaire que génère la préparation, avait abandonné les concours. Mais c’était sans compter sur la motivation de son aînée, Ilona ! «Je n’avais pas forcément l’idée de m’installer au début, j’aime les animaux et j’aime être avec eux !», confie la jeune fille. «Et puis j’ai envie de voir autre chose avant de me poser !». Au lycée de Saint Flour où elle a passé son bac, elle a apprécié les travaux pratiques sur l’exploitation doté d’un élevage Aubrac et laitier. «Ça m’a conforté dans mon choix d’un jour pouvoir m’installer mais pas tout de suite !». Sa participation au Trophée international des lycées d’enseignement agricole au Salon de l’agriculture à Paris lui a permis de trouver son stage de terminale dans un élevage de… Vosgiennes en Alsace. «J’avais envie de découvrir autre chose et j’ai eu la chance d’avoir une maître de stage super, qui m’a accueilli pendant 5 semaines, m’a fait découvrir sa région, sa production et m’a même confié une fois la traite seule pendant qu’elle faisait les foins. C’était la première fois pour elle, une belle marque de confiance !», sourit Ilona, qui a reçu en cadeau une Vosgienne, qui trône désormais dans le troupeau familial ! L’ensemble de ses stages, elle a choisi de ne pas les faire en race Aubrac, elle a ainsi découvert la Simmental, la bufflonne… «Je voulais voir autre chose que ce que je connais !». Et d’ailleurs, elle vient d’entamer un BTS Productions Animales au lycée La Cazotte à Saint Affrique en plein bassin de Roquefort ! et envisage déjà après son BTS, de passer son permis poids lourds.
Pendant ses études, nombre de ses copains et copines participaient à des concours : «J’ai eu envie de repartir moi aussi ! J’ai envie de montrer à nouveau notre élevage, les valeurs et le potentiel d’une petite ferme qui peut avoir de belles vaches !», confie Ilona. Le cantonal de Sainte Geneviève sur Argence lui permet de remettre le pied à l’étrier en douceur : «Nous n’avons pas eu de chance les dernières années, le taureau que nous voulions présenter s’était blessé, puis j’étais en stage et puis il y a eu la FCO… J’espère que cette année est la bonne !». Et la jeune fille envisage d’autres étapes à Cournon, sur un National et pourquoi pas Paris ! «Je pense que nous avons des vaches qui correspondent à celles présentées en concours, je veux le montrer et je veux faire progresser notre élevage», témoigne Ilona, motivée par ses copains éleveurs. Elle n’hésite pas d’ailleurs à aller voir les concours comme à Nasbinals cette année ou au Sommet de l’élevage. A se servir de son expérience au concours de pointage dont elle a atteint le niveau régional, et à suivre le pointeur de l’Union Aubrac lors de la visite sur l’élevage. «Avec mes parents nous choisissons ensemble nos reproducteurs, comme ce taureau Merveil qui a bien comblé le trou des épaules sur nos vaches», avance Ilona, bien décidée à «faire sa place» dans le métier.

Eva DZ

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