« Si le Cniel [interprofession, ndlr] ne devient pas politique et reste autour de ses seules missions, alors réduisons notre part de financement et investissons le ailleurs ! », s’est exclamé André Bonnard, vice-président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), le 16 mars.
Lors de la 72e assemblée générale de la FNPL, les tensions au sein du Cniel se sont faites sentir durant les discours et les questions des éleveurs.
Xavier Beulin, président de la FNSEA, s’il s’est positionné sur la question a orienté son discours par rapport aux récentes décisions agricoles européennes. Face au « psychodrame » de la question des migrants, « il faut remettre la politique au bon niveau », a-t-il estimé en imaginant également un renouvellement de la PAC et une aide alimentaire approvisionnée par les excédents agricoles européens.
« Nous sommes, nous les Français, dans un extrême isolationnisme » à la Commission européenne, a continué Michel Dantin, député européen. Il doute « de l’intérêt de la mesure de réduction volontaire de la production. Ceux qui vont réduire sont les petits et les moyens. Les gros vont continuer à augmenter la production » au détriment des autres, et donc des Français.
«La France ne peut pas se réguler toute seule» prévient Olivier Picot (Fnil)
Par ailleurs, la France ne peut pas se réguler toute seule a prévenu le président délégué de la fédération de l’industrie laitière (Fnil) Olivier Picot, lors d’une conférence de presse le 16 mars. Une manière de se montrer très sceptique sur l’impact de ce que le ministre de l’Agriculture a obtenu à Bruxelles. La Commission européenne a en effet ouvert la porte à la possibilité pour chaque pays de réguler son propre marché laitier.
La fédération de l’industrie laitière ne refusera pas de participer aux travaux sur cette régulation mais Olivier Picot voit mal « la France seule accepter de se couper un bras en laissant les autres pays prendre des parts de marché ». D’autant que, rappelle la Fnil, aucun financement n’est prévu pour compenser, auprès des producteurs, l’éventuelle baisse de production.
Parmi les mesures adoptées à Bruxelles, la plus effective devrait, selon Olivier Picot, être le doublement du volume de poudre de lait et de beurre admis à l’intervention. Les volumes actuellement prévus, sinon, devaient être saturés dès le mois d’avril. Selon lui, l’important est que « les entreprises françaises accèdent à leur ressource laitière dans les mêmes conditions que leurs concurrents ».
Olivier Picot ne voit pas les prix du lait se redresser dans un proche avenir. « Même s’ils finiront par se redresser, dit-il. Et pour l’industrie, « la difficulté sera alors de les répercuter auprès des consommateurs ».
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