Aveyron | Par eva dz

Analyses systématiques du lait : quelles incidences pour les éleveurs ?

A partir du 1er janvier, à chaque livraison de lait de vache, des échantillons seront prélevés pour analyser la matière grasse, la matière protéique, le point de congélation et les cellules somatiques, en plus du critère résidus d’antibiotiques déjà systématiquement analysé. Christophe Malgouyres et Claude Falip, co-présidents de la section bovins lait FDSEA expliquent cette évolution issue d’un accord interprofessionnel national qui s’applique en Aveyron pour les producteurs de SODIAAL, Lactalis et Jeune Montagne.

FDSEA et JA donnent rendez-vous aux agriculteurs vendredi 27 décembre, pour vérifier les prix et l’origine des produits laitiers dans les GMS de Rodez (photo archives).

Pourquoi mettre en place ces analyses systématiques ?
C. Malgouyres : «Cette démarche s’inscrit dans la poursuite d’une amélioration continue du lait et des produits laitiers. Elle traduit la volonté de toute la filière laitière nationale, à travers un accord interprofessionnel, d’afficher un standard de haute qualité de nos produits, une meilleure maîtrise de la qualité du lait et de la traçabilité.

En quoi consiste ces analyses ?
C. Malgouyres : Au lieu d’une analyse de notre lait en moyenne par semaine, les prélèvements seront réalisés à chaque collecte dans nos fermes. A chaque livraison de lait, la teneur en matière grasse, en matière protéique, le point de congélation et les cellules somatiques seront systématiquement analysés.

Quel sera le coût pour les producteurs ?
C. Falip : Pour les producteurs de SODIAAL, ces analyses systématiques représenteront un surcoût de 1,40 euro environ par mois dont la moitié est prise en charge par la coopérative. Et chez Lactalis, le surcoût s’élève à 4,50 euros par mois dont la moitié est aussi prise en charge par l’entreprise. Soit un coût annuel de 16,8 euros chez SODIAAL et de 54 euros chez Lactalis.
C. Malgouyres : Certes ces analyses représentent un coût en plus pour les producteurs mais un coût qui reste tout à fait raisonnable au vu de ce qu’elles peuvent nous apporter.

Justement quels sont les bénéfices de ces analyses pour les producteurs ?
C. Malgouyres : L’analyse systématique de ces critères nous permettra de réaliser un pilotage plus efficace de nos élevages. En effet, nous pourrons réajuster notre conduite, le suivi du troupeau en fonction des résultats des cellules par exemple ou de l’urée dans le lait. De plus nous pourrons le faire de façon plus réactive puisque les résultats seront plus fréquents et communiqués dès le lendemain de l’analyse par mail ou SMS au choix du producteur.
Je considère ces analyses systématiques comme un outil de pilotage de notre exploitation, un investissement.

Et les points négatifs ?
C. Malgouyres : A chaque passage, la cryoscopie du lait sera également mesurée. Il s’agit de mesurer le point de congélation du lait, qui détermine le taux de présence de l’eau dans le lait et cela a une incidence sur le paiement du lait. Ça peut-être un élément pénalisant pour l’éleveur mais encore une fois, il pourra le réajuster plus rapidement avec ces analyses plus régulières.

Quel est votre message aux producteurs face à cette évolution ?
C. Malgouyres : Je veux les rassurer. Il ne faut pas avoir peur de ces analyses systématiques qui, à mon sens, permettront aux producteurs d’améliorer encore la qualité de leur lait et donc de pouvoir prétendre à un prix en haut de la grille. Dans tous les cas, nous nous donnons quelques mois pour vérifier que cette évolution ne pénalise pas les producteurs et nous saurons, par le biais de l’interprofession, faire pression si le résultat n’est pas au rendez-vous. Les producteurs d’autres départements qui sont déjà passés à ces analyses systématiques nous ont dits qu’ils ne reviendraient pas en arrière, c’est bon signe !

Une autre actualité marque la filière laitière : le coup d’arrêt au sein de l’interpro nationale. Où en est la situation ?
C. Falip, président de l’interpro CRIEL Occitanie : Le collège entreprise privée du CNIEL a décidé de revenir sur la position pourtant décidée à l’unanimité par les 4 collèges de l’interpro en juillet. Cette position avait acté le calcul de prise en compte du coût de production de nos fermes dans le prix du lait. Face à cette décision, le collège producteur a claqué la porte de l’interpro tant que les entreprises privées ne reviendront pas à la raison. De même à l’échelon régional, nous n’avons pas tenu nos réunions, le bras de fer est instauré. Avec les deux autres collèges de la coopération et de la distribution, les producteurs ont demandé aux entreprises privées d’être responsables. Un conseil d’administration du CNIEL est prévu début janvier. Nous tenons à l’application de la loi EGAlim, nous voulons poursuivre la marche en avant sur le prix. Nous ne lâcherons pas !».

Recueillis par Eva DZ

Action en GMS le 27 décembre

Ce vendredi 27 décembre, la section bovins lait FDSEA organise une opération de vérification des prix et de l’origine du lait et des produits laitiers dans plusieurs GMS du Ruthénois. L’objectif sera de vérifier le taux d’importation de la matière première des produits laitiers, notamment le beurre, et d’informer les consommateurs sur les pratiques des industriels.

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