Aveyron | Par eva dz

Agriculture Biologique : «des engagements qui permettront à notre filière de se structurer»

Poursuivre la communication autour de la production AB est l’un des leviers pour relever la barre, selon les professionnels, comme ils ont su le faire pendant ce printemps

Florence Bouyssou et Nicolas Bosc, co-présidents de la section AB de la FDSEA ont participé cette semaine à la commission régionale Agriculture Biologique de la FRSEA, notamment pour aborder les engagements du gouvernement envers le bio. Les responsables aveyronnais font le point.

Que retenez-vous des annonces du Premier ministre envers l’Agriculture Biologique ?

N. Bosc : «Les medias ont beaucoup insisté sur la détaxation du GNR et l’arrêt d’Ecophyto mais nous, ce que l’on retient, ce sont les engagements à faire appliquer la loi EGALIM. C’est ça qui sauvera nos régions d’élevage !

F. Bouyssou : Les prix devraient être pourvoyeurs de revenus, c’est la base mais elle a été trop longtemps oubliée ! Ce combat vaut pour l’ensemble des éleveurs, que l’on soit en conventionnel ou en bio mais en bio il est plus que nécessaire pour la pérennité de notre filière.

Que pensez-vous de l’enveloppe de 50 millions d’euros en faveur du Bio annoncée par le Premier ministre ?

N. Bosc : Une enveloppe supplémentaire est toujours la bienvenue mais elle est largement insuffisante si on la répartit entre les 60 000 fermes bio en France !

F. Bouyssou : Cette enveloppe est insuffisante et ne sauvera pas notre filière qui est à bout de souffle. Ce dont nous avons besoin c’est d’une filière structurée et qui nous rémunère.

Quelles sont les priorités selon vous, pour la filière bio ?

N. Bosc et F. Bouyssou : Face aux défis actuels, nous demandons un soutien aux exploitations déjà engagées en AB et des mesures pour pérenniser le secteur. Il faut du concret pour maintenir la souveraineté sur la production agricole biologique. Nous insistons sur la nécessité de faire appliquer la loi EGALIM pour ramener de la marge mais il faut le faire de façon raisonnée : ramener de la plus-value pour les agriculteurs sans assassiner les consommateurs.

L’application d’EGALIM doit être effective dans la restauration collective (cantines) et être étendue à la restauration hors domicile.

Quels sont les outils qui pourraient être activés pour relancer la filière AB ?

N. Bosc et F. Bouyssou : La conjoncture actuelle est propice à l’utilisation des outils de gestion de crise prévus par la Commission européenne comme l’aide au stockage privé.

Nous devons aussi continuer notre communication autour du secteur bio pour relancer la consommation, expliquer au grand public les enjeux, pratiques, bénéfices de l’agriculture biologique sans pour autant opposer les systèmes, nous jouons la carte de la complémentarité des modes de production. Et nous attendons que ces atouts soient aussi reconnus dans les politiques publiques.

Nous serons aussi attentifs au respect des contrats liant les transformateurs et les producteurs, cela passe évidemment par l’intégration de nos coûts de production.

Quelles sont les clés de réussite de ces engagements ?

N. Bosc et F. Bouyssou : Les mesures doivent répondre aux besoins réels du marché plutôt que de répondre à des objectifs quantitatifs. Bien sûr il faut veiller à maintenir l’offre dans les linéaires bio et surtout la mettre en avant. Il faut aussi instaurer une transparence avec par exemple un prix plancher sur les produits de grande consommation, affichant la marge de chaque maillon, ou encore un label bio France qui garantit l’origine des produits.

La communication, le conditionnement des aides de conversion à la contractualisation, la rémunération des atouts et l’application d’EGALIM sont des leviers essentiels qui permettront un développement pérenne du secteur de l’agriculture biologique».

Recueillis par Eva DZ

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