Aveyron | Par Jérémy Duprat

Conférence AB avec Marc Dufumier : «nos pratiques sont importantes»

Dans une période tumultueuse, à tout point de vue et pour toutes les filières, l’agriculture biologique n’a pas le vent en poupe. Marc Dufumier est venu s’exprimer sur le sujet le 12 octobre. Et finalement, les organisateurs de l’événement en ressortent confortés dans leur choix malgré quelques zones d’ombre.

Faut-il croire en l’agriculture biologique ? C’était le thème de la conférence organisée par la FDSEA-JA avec la Chambre d’agriculture. Marc Dufumier, ingénieur agronome et fervent défenseur de l’agroécologie, était invité à Rodez à cette occasion. Finalement, quelques jours après l’événement, faut-il croire en la bio ? «Oui, il faut toujours croire en la bio. La conférence nous met en confiance et nous aide à nous projeter. Notamment vis-à-vis de l’importance de nos pratiques. L’agriculture biologique est celle qui se rapproche le plus de l’agroécologie. Malgré la baisse de la consommation, la baisse des revenus, je suis ressorti de la soirée avec un regain d’envie et conforté dans mes idées», partage David Argentier, responsable de la mission bio à la Chambre.

Des pratiques positives pour l’environnement et la qualité des produits. C’est bien souvent pour cela que des agriculteurs se lancent dans la bio. Mais le principal frein, ce sont les revenus. Marc Dufumier défend une sorte de contrat civique signé avec les agriculteurs bio pour remplacer le système actuel d’aide : «dites-nous pour combien vous êtes prêt à produire en respectant l’environnement et la question sanitaire ? Pour faire bouger les lignes, au niveau de la PAC et donc de l’UE c’est compliqué. Nous sommes conscients de cela. L’idée me paraît cependant juste. A un moment il faut penser à la façon dont nous pouvons sortir de la situation dans laquelle nous nous enfermons. Sortir des aides proportionnelles à la surface est également une piste qu’il met en avant. Cela va nécessairement permettre de remettre de la main d’œuvre dans les champs. Et donc de ramener de l’emploi dans l’agriculture si les emplois sont rémunérés à la hauteur de la tâche. Il faut repenser la façon dont les aides sont distribuées», assure David Argentier.

C’est la grande question à un million d’euros : comment attirer massivement des jeunes et moins jeunes dans les champs alors qu’ils veulent de plus en plus de temps libre et de moins en moins d’astreintes ? «C’est à nous de promouvoir le métier, de mettre en avant ses qualités et ses avantages, quelque part dans un bureau et pas forcément aller travailler dans des champs avec des animaux. Attirer les jeunes. Je ne dis pas qu’être agriculteur c’est facile. C’est du travail et vous ne finissez pas le vendredi pour reprendre le lundi. Mais avec la période que nous traversons, les gens réfléchissent sur leur mode de vie. Être son propre patron, travailler en extérieur et avec des animaux, c’est un rêve», défend David Argentier.

La section bio de la FDSEA, co-présidée par Florence Bouyssou et Nicolas Bosc, est satisfaite de la tenue de la conférence. «La salle était comble. Nous sommes ravis d’avoir mobilisé autant de monde. Susciter le débat c’est toujours intéressant. Marc Dufumier est quelqu’un qui parle sans ambages. Concernant l’aspect agronomique, il était excellent. Et c’est également là, lors de discussions avec lui, que nous avons mis en avant l’excellence aveyronnaise : beaucoup d’agriculteurs se retrouvent dans son concept d’agroécologie. Que ce soit le pâturage, les couverts, les haies… La polyculture élevage, c’est ce qu’il défend et ce que nous pratiquons sur ce territoire», assure Nicolas Bosc.

C’est en cet exemple que croient les deux intéressés. Il est possible de produire bio et de façon intensive. «Nous ne voulons absolument pas opposer les systèmes. Nous sommes nombreux en bio et impliqués au sein de toutes les filières. Nos pratiques sont bonnes. Je défend cette agriculture biologique productive. Une bio qui nourrit. Il y a de la place pour tout le monde : le circuit court, les AMAP… Mais il faut aussi que le consommateur ait accès à des produits bio facilement», explique Florence Bouyssou.

Rassurer le consommateur et les agriculteurs sur la pertinence des pratiques en bio. C’est le but depuis quelques temps de la section bio de la FDSEA, via un plan de communication lancé depuis mai. «Je pense qu’il finira par porter ses fruits. Après la venue de Marc Dufumier, nous nous posons la question de poursuivre les échanges. Oui, la bio est bénéfique pour le sol et la santé des consommateurs. Mais maintenant, comment rémunérer correctement l’agriculteur bio ? L’ingénieur agronome nous a donné des pistes, comme la révision des aides et des contrats civiques. Nous voulons aussi que les lois soient respectées. Qu’en est-il des 50% de label dont 20% de bio dans les cantines ? La loi existe, elle n’est pas appliquée et les sanctions sont inexistantes», regrettent les deux co-présidents.

La suite au prochain épisode, avec peut-être une nouvelle conférence qui sera tournée vers l’aspect économique de la bio.

Jérémy Duprat

(crédit photo : FDSEA).

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