Aveyron | Par La rédaction
C’est avec le sourire mais bien décidé à se faire entendre qu’un groupe d’enseignants de l’Agricampus La Roque soutenu par le président du conseil d’administration, Bruno Montourcy ainsi que par d’anciens élèves et enseignants, a manifesté devant la préfecture de Rodez vendredi 17 juin, pour dénoncer la fusion des BTS STA1 et BTS Agrisup 1. Explications.
Défilé du corps enseignant, administratif, retraité, d’anciens élèves de l’Agricampus La Roque qui ont été reçus à la préfecture de Rodez vendredi 17 juin.
Le BTS Sciences et Technologies du Vivant (STA) et le BTS Agrisup, réservé aux bac pro, sont deux formations bien distinctes, avec un public de jeunes bien distinct également et des débouchés qui le sont tout autant. Mais voilà un projet de fusion de ces deux formations est envisagé dès la rentrée prochaine. Ce qui a mis en colère les enseignants de l’Agricampus La Roque. Accompagnés du personnel administratif, retraité, d’anciens élèves, ils ont composé un défilé tout en couleurs pour aller manifester leur mécontentement à la préfecture de Rodez. «La raison de cette fusion est purement économique : un gain de 532 heures de dotation globale horaire (DGH) sur 600 000 heures utilisées en Occitanie. Autrement dit une goutte d’eau mais qui nous impose une organisation incohérente et impossible à mettre en œuvre, qui plus est pour une seule année scolaire puisque ces BTS vont être rénovés mais pas en même temps !», dénonce Chrystelle Desquines, porte-parole du syndicat SNUipp-FSU. Les représentants de l’Agricampus La Roque sont d’autant plus mécontents que l’établissement fait partie de ceux qui consomment le moins de DGH par élève au niveau régional…
Economie de 532 heures !
«Notre premier argument concerne les effectifs de ces deux BTS : en cas de fusion, la classe réunirait une trentaine de jeunes qui ont des niveaux différents, des rythmes et des projets différents et dont le suivi n’est pas le même par l’équipe enseignante… L’effort de réorganisation est énorme et tout simplement incohérent», argumente Chrystelle Desquines. Périodes de stages, travaux pratiques, visites d’exploitations, d’entreprises, de labos, utilisation du hall technologique… il sera difficile de coordonner les formations, selon les enseignants. De plus, les étudiants en Agrisup sont des BTS PA réservés à des bac pro, ils disposent d’un volet d’heures plus important pour leur permettre de réussir. C’est une classe qui permet la poursuite d’études supérieures (Licence, prépa, concours aux grandes écoles…). D’ailleurs l’expérimentation a porté ses fruits puisque 4 étudiants ont intégré des écoles d’ingénieurs agronomes. «C’est la réussite de nos jeunes qui est en jeu ! Comment pourrons-nous maintenir un enseignement de qualité et nos taux de réussite aux examens avec une telle réorganisation ?!», dénoncent les membres de la délégation.
L’autre difficulté que cette fusion entraînerait est le manque de lisibilité de chacune des formations, qui pourrait compromettre le recrutement. «Les métiers de l’agro-alimentaire peinent à séduire les jeunes, le BTS STA a démarré des actions de communication comme des journées de découverte de l’agro-alimentaire, s’il est fondu avec le BTS Agrisup : comment pourra-t-il défendre sa spécificité et attirer des candidats ?», dénonce le corps enseignant. Cette fusion va, de plus, à l’encontre de la communication de l’Agricampus La Roque lors des journées portes ouvertes : «ce qui était ciblé sur Parcours Sup ne correspond plus à la réalité et qu’allons-nous répondre aux 19 jeunes inscrits pour le BTS Agrisup et aux 13 jeunes en BTS STA (+14 en 2ème année) ?», poursuivent les enseignants.
Le président du conseil d’administration de l’Agricampus La Roque, Bruno Montourcy, a accompagné la délégation d’enseignants à la préfecture : «Il est important que nous alertions les services de l’Etat sur les incidences de cette fusion : si nous ne soutenons pas les filières qui peinent à recruter, nous fragilisons les formations agricoles et agroalimentaires», a-t-il argué.
Une rencontre est prévue avec des représentants de la DRAAF ce jeudi 23 juin, lors du conseil d’administration de l’Agricampus La Roque.
Eva DZ
BTS+La Roque