Aveyron | Monde | Par La rédaction

Accord UE – MERCOSUR : Le Massif central demande un «veto clair» au Président

Alors que la Commission européenne s’efforce de contourner les règles juridiques pour faire adopter l’accord à la majorité qualifiée et que les tractations finales autour de l’accord UE-MERCOSUR s’intensifient, les responsables professionnels agricoles du Massif central et d’Auvergne-Rhône-Alpes, alertent sur les ambiguïtés des messages véhiculés.

© PAMAC

Suite à la visite officielle du président brésilien Lula en France, le président Macron a assuré être «prêt à signer un accord d’ici fin 2025» sous conditions d’activation de clause de sauvegarde.
Avec ces éléments de langage, le Président évite soigneusement de dire NON et préfère s’abriter derrière les difficultés de constitution d’une minorité de blocage au Conseil européen et d’activation de mesures en cas de graves perturbations de marché qui seront fatales aux éleveurs», ont exprimé les responsables agricoles du Massif central et d’Auvergne Rhône-Alpes, dénonçant «cette duplicité».
Le Président de la République s’était engagé à ne pas signer un tel projet «en l’état». «Or, c’est exactement ce que représente le texte actuel, qui ne comprend aucun article sur la réciprocité des normes ni aucune activation de mesures et clauses miroirs, effectivement contrôlables», poursuivent-ils. L’accord UE-MERCOSUR prévoit l’entrée massive sur le marché européen de viandes sud-américaines produites dans des conditions inacceptables en Europe : hormones de croissance, antibiotiques activateurs de croissance, traçabilité inexistante, déforestation. Et la liste des interdictions par produit est longue, que ce soit sur le soja, le sucre, le maïs… Un non-sens économique, sanitaire et environnemental.
Les responsables du Massif central rappellent ce qu’ils défendent : une agriculture durable, garante de territoires ruraux vivants. «Refuser cet accord, ce n’est pas refuser le commerce : c’est défendre une agriculture exigeante qui respecte des standards de production de haut niveau. C’est protéger des milliers d’exploitations, des emplois de proximité, une alimentation sûre et tracée pour nos enfants. C’est faire en sorte que les consommateurs ne soient pas les cobayes d’une alimentation au rabais présentant des risques avérés pour la santé».
Et Christian Bajard, président du Berceau des races à viande du Grand Massif central de demander «le veto de la France contre cet accord. Avec le soutien de tous les Parlementaires français, le Président de la République doit réaffirmer clairement son opposition par un veto ferme et ne pas ouvrir la voie à une ratification déguisée en autorisant la Commission européenne à scinder l’accord». Pour lui, la question de la minorité de blocage n’a pas à se poser si, en premier lieu, la France ne donne pas son mandat de négociations à la Commission européenne.
Alors que la Commission européenne pousse à conclure dans les toutes prochaines semaines, chaque jour compte pour les éleveurs : «Le silence français serait une approbation par défaut. Nous n’accepterons pas d’être les dommages collatéraux d’une négociation forcée par la Commission européenne».

La rédaction

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