Europe | Par Actuagri
Selon une étude de la Commission européenne, « Scénario 2040 », les choix qui pourraient être faits en matière de politique agricole ne sont pas neutres. L’absence de PAC conduirait à une baisse de la production agricole européenne de 11 %, une PAC donnant la priorité à l’environnement aboutirait à un repli de 4 % alors qu’une PAC axée sur l’investissement et l’innovation la stimulerait de 2,7 %.

Alors que les discussions sur la future PAC post 2027 viennent de démarrer, le Centre commun de recherche de la Commission européenne (JRC) a publié le 27 octobre une étude « Scénario 2040 » décrivant les effets de trois scénarios qui pourraient être mis en œuvre : l’absence de PAC, une PAC axée sur l’innovation et la compétitivité et une autre donnant la priorité à l’environnement et au climat. Sans PAC, la production agricole de l’Union européenne chuterait de 11 % et affecterait surtout les petites exploitations. Les auteurs souligne que sa suppression aurait des impacts économiques, environnementaux et sociaux considérables avec une hétérogénéité considérable selon les exploitations agricoles, les États membres et les secteurs. En effet, la PAC joue un rôle essentiel dans le paysage agricole et ses interconnections économiques au sein de l’Union européenne.
Impacts environnementaux
Le scénario productif améliorerait la compétitivité de l’agriculture européenne grâce au soutien accru des investissements et une amélioration des rendements. Résultat : la production augmenterait de 2,7 % en moyenne dans tous les secteurs, les prix intérieurs diminueraient et amélioreraient la position de l’Europe sur les marchés mondiaux. Cependant les gains ne seraient pas répartis uniformément entre États membres et les types et tailles d’exploitation, certaines connaissant des disparités de revenus et des abandons de terres. Les grandes exploitations verraient leur production augmenter plus particulièrement dans les cultures arables et permanentes. Idem pour les exploitations de taille moyenne, alors que les petites exploitations enregistreraient peu ou pas de croissance de leur production. Si l’augmentation de la production contribue à une plus grande autosuffisance de l’Union européenne et à une amélioration de sa balance commerciale, ce scénario aurait des impacts environnementaux non négligeables à savoir une augmentation des excédents d’azote et des émissions de gaz à effet de serre (GES). Néanmoins, précisent les auteurs, l’effet net à l’échelle mondiale serait une réduction des émissions mondiales de GES de l’agriculture, car la production européenne, plus efficace en termes d’émissions, remplacerait celle des pays tiers.
Recul des rendements
A l’inverse, le scénario environnemental met davantage l’accent sur le soutien de la PAC à la durabilité de l’agriculture, ce qui se traduit par une baisse de la production agricole de 4 % à cause d’un recul des rendements. Il se traduirait également par une hausse des prix à la production, ce qui profiterait aux grands producteurs, mais accroîtrait la dépendance à l’égard des importations et réduirait la compétitivité sur les marchés internationaux. Ici les baisses de production serait plus prononcées pour les producteurs de viande et de lait et s’accentueraient avec la taille de l’exploitation. Bien que ce scénario permettent d’apporter des améliorations environnementales dans l’UE telles que la réduction des excédents d’azote et des émissions de GES de l’agriculture, il accroîtrait les défis mondiaux en la matière, notent les auteurs. En effet, les pays tiers feraient face à une augmentation de leurs émissions de GES en raison des changements de production.
Effets nuancés
Les approches axées sur la productivité ont tendance à améliorer l’efficacité de l’utilisation des ressources et à limiter l’expansion des troupeaux et des superficies, maximisant la production par unité d’intrant. A l’inverse, les politiques axées sur l’environnement favorisent l’extensification qui bien qu’elles réduisent les pressions environnementales par hectare ou par animal, nécessitent souvent un cheptel et une superficie plus importante pour maintenir le niveau de production, ce qui tend à augmenter les pressions par unité de production, expliquent les auteurs. Cependant, les auteurs soulignent la relativité de l’impact des politiques mises en œuvre. En ce sens que les fondamentaux des marchés restent les principaux déterminants des résultats de production dans tous les scénarios.
Actuagri
 
                 
                 
                 
                 
                 
                 
                 
                


